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Pour la beauté du monde

Bivouac
Bivouac
Gabrielle Filteau-Chiba
Éditions XYZ
384 pages
Photo courtoisie


Avec Bivouac, Gabrielle Filteau-Chiba nous convainc de la beauté de la lutte pour sauvegarder l’environnement.

On connaît la face publique des batailles écologiques : les revendications, les figures de proue, les manifestations, les moyens de pression... Un monde d’affrontements.

Mais qu’en est-il de la vie des militants, de leurs convictions, leurs contradictions, leurs émotions au quotidien ? Bivouac le raconte, avec lucidité et bienveillance. 

Il s’agit donc d’un roman écologiste, et c’est heureux que ce soit dans cet ordre : que le romanesque équilibre le manifeste. La leçon environnementale porte d’autant mieux qu’elle n’est pas assénée, mais vécue par les protagonistes. 

Autre plaisir : avec Bivouac, Gabrielle Filteau-Chiba clôt un triptyque qui avait commencé avec Encabanée en 2018, suivi de Sauvagines l’année suivante. On peut ainsi constater combien son écriture s’est affermie en précision et en poésie. On est séduit par la délicatesse des phrases, mais aussi des dessins, également de sa main, qui émaillent les chapitres.

Le récit lui-même a pris de l’ampleur : Encabanée ne faisait pas 100 pages, alors que ce roman-ci frôle les 400 ! 

Notons qu’en dépit des repères glissés au fil de l’histoire, il vaut mieux avoir lu les deux ouvrages précédents pour bien comprendre le passé des personnages, particulièrement celui d’Anouk, alter ego de la romancière.

Encabanée était directement inspiré des expériences de Filteau-Chiba dans les bois de Kamouraska, et l’évolution de son Anouk est identique à la sienne. Aujourd’hui, seules l’action collective et la solidarité peuvent changer les choses, explique-t-elle en entrevue. C’est ce que Bivouac explore.

On suit donc trois protagonistes. Il y a d’un côté Riopelle, un activiste qui n’a pas peur des coups d’éclat et qu’Anouk avait autrefois aidé à se cacher, non sans vivre une véritable passion avec lui.

Cette fois, Riopelle joint un camp secret où il change de nom pour devenir Robin. Avec d’autres, il prépare une nouvelle mission – l’opération Bivouac – qui consiste à faire déraper un projet de pipeline qui doit traverser les terres du Bas-Saint-Laurent.

Anouk, elle, sort de la forêt où elle a passé l’hiver avec son amoureuse Raphaëlle. Toutes deux entendent travailler tout l’été dans une ferme biologique et communautaire.

Mais rapidement la vie de groupe pèse à la femme indépendante qu’est Anouk. Elle décide donc de retrouver sa cabane de Kamouraska, où elle va recroiser Riopelle-Robin au moment où elle constate que le tracé du pipeline prévu va frôler son coin de terre. Elle plonge à son tour dans la défense du territoire.

Questionnements

Le récit se construit autour des questionnements personnels du trio, couplés à des batailles qui virent mal et entraînent moult rebondissements. Comment cela finira-t-il ?

L’histoire est par ailleurs portée par un souffle, celui de la liberté et d’un amour assumé pour le Québec. Et elle s’appuie sur de solides connaissances tirées du monde autochtone et de la science : ça fait réfléchir.

Alors si ça reste un défi pour la planète, pour Filteau-Chiba c’est vraiment « mission accomplie ».







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