Les patrons de SNC-Lavalin vivent sur une autre planète
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Les six plus hauts dirigeants de SNC-Lavalin se sont partagés en 2020 la rondelette rémunération totale de 23,7 millions de dollars, soit 2,7 millions $ de plus qu’en 2019.
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Offrir aux membres de sa haute direction une hausse de rémunération de 12,9 % en pleine année de pandémie de COVID-19, ça tient de la démesure. Le conseil d’administration de la multinationale donne l’impression de vivre sur une autre planète !
C’est d’autant « injustifiable » que la société a rapporté en 2020 une lourde perte de 956 millions de dollars, comparativement à un profit net de 330 millions en 2019.
Que dire maintenant de la déconfiture du cours de l’action. Le titre de SNC-Lavalin a terminé l’année 2020 à 21,73 $, en chute de 26 % par rapport à la clôture de 2019.
PIRE ENCORE
Pour vous montrer à quel point cette augmentation de presque 13 % de la rémunération des hauts dirigeants de SNC-Lavalin est déraisonnable, sachez qu’elle survient alors que « la direction prenait des mesures axées sur la réduction des coûts et la gestion des flux de trésorerie » dans l’ensemble de la société.
Au nombre des mesures mises de l’avant par la direction pour contrer les dommages causés par la pandémie de COVID-19, il y a eu : « des réductions du salaire de base et des heures travaillées, des congés temporaires et la mise à pied temporaire du personnel ».
- Écoutez la chronique économique de Michel Girard sur QUB radio:
UN BIENHEUREUX PATRON
Dans le rapport de gestion de l’année 2020, on affirme que « tous les dirigeants de SNC-Lavalin ont réduit leur salaire de base de 20 %... »
Faut croire que le grand patron de SNC-Lavalin, Ian Edwards, a fait l’objet d’une exception ! Il a empoché en 2020 un salaire de base de 1,03 million $. C’est à peine 5,5 % de moins que le salaire annuel de 1,09 million $ négocié dans son contrat pour l’année.
Pour l’année 2020, l’ensemble de sa rémunération (salaire, actions, options, régime de retraite, etc.) s’est élevée à 8,02 millions de dollars, dépassant de loin la rémunération que gagnait annuellement son prédécesseur, Neil Bruce.
Incroyable, mais vrai !
DES SUBVENTIONS SALARIALES
L’augmentation de la rémunération des hauts dirigeants de SNC-Lavalin n’a pas empêché la société de faire appel aux subventions gouvernementales, dont la Subvention salariale d’urgence du Canada offerte par le gouvernement de Justin Trudeau dans le cadre de son plan d’intervention pour contrer les impacts financiers de la COVID-19.
Au cours de l’exercice 2020, SNC-Lavalin a reçu des subventions pour un montant total de 78,9 millions de dollars.
Selon le registre fédéral d’employeurs qui ont fait appel à la fameuse Subvention salariale d’urgence, plusieurs filiales de Groupe SNC-Lavalin y figurent, dont : SNC-Lavalin GEM Québec inc., SNC-Lavalin Constructors (Pacific) inc., SNC-Lavalin Stavibel inc., SNC-Lavalin inc.
ET DES DIVIDENDES
Pendant que la multinationale encaissait les subventions gouvernementales de 78,9 millions, elle continuait de distribuer des dividendes à ses actionnaires.
En 2020, SNC-Lavalin a versé 14 millions de dollars en dividendes.
Ce n’est certes pas énorme. Mais quand on se permet de quêter des subventions salariales auprès de l’État, il me semblerait logique de suspendre les dividendes.
Leur rémunération en 2020
- Ian L. Edwards, président et chef de la direction : 8,02 M$
- Sylvain Girard, ancien vice-président directeur et chef des affaires financières : 4,86 M$
- Jeff Bell, vice-président directeur et chef des affaires financières : 3,17 M$
- Craig Muir, président, secteur ressources : 2,61 M$
- Sandy Taylor, président, secteur énergie nucléaire : 2,67 M$
- Philip Hoare, président, Atkins, secteur ICGP : 2,36 M$