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Bivouac: résister pour la suite du monde

Gabrielle Filteau-Chiba
Photo courtoisie, Véronique Kingsley « Quand j’écris sur l’environnement, j’ai l’impression de faire partie d’un éveil ou de la solution. » – Gabrielle Filteau-Chiba

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Sur la page couverture du nouveau roman de Gabrielle Filteau-Chiba se trouve un nid qu’elle a elle-même dessiné. « Le symbole que de petites branches fragiles mises ensemble peuvent faire quelque chose de très solide, comme le mouvement ou la conscience écologique », dit-elle. C’est là tout le propos de Bivouac, le petit dernier de ce triptyque faisant honneur à la nature : la force du nombre pour accomplir de grandes choses. 

<b><i>Bivouac</i></b><br/>
Gabrielle Filteau-Chiba<br/>
Romanichels XYZ<br/>
 372 pages
Photo courtoisie
Bivouac
Gabrielle Filteau-Chiba
Romanichels XYZ
372 pages

Gabrielle Filteau-Chiba a toujours aimé être dans la nature; depuis ces moments où elle jouait dehors toute petite dans le camp familial des Cantons-de-l’Est, jusqu’à ce qu’elle décide de quitter sa vie de traductrice montréalaise pour aller vivre dans une cabane à Kamouraska. 

Sa conscience écologique – héritage de parents sensibles à la cause environnementale –, l’autrice autodidacte aujourd’hui âgée de 33 ans l’entretient depuis un bon moment. Tout comme elle entretient depuis longtemps son penchant pour l’écriture. La preuve : son journal intime de fillette de 6 ans où elle rêve « de pouvoir écrire et dessiner un jour ». 

« Je ne serais pas devenue écrivaine si je n’avais pas eu cette déconnexion totale en nature pendant des années, explique celle qui a écrit son premier roman, Encabanée, dans sa cabane de Kamouraska. Ne pas avoir de WiFi, de distractions, d’amis : tu es tellement seule avec toi-même que tu n’as pas le choix de t’inventer des façons de garder le moral et le fil du temps. Mon processus d’écriture a commencé comme ça : une sorte de journal intime où je vidais mes colères et où je me bâtissais une vie un peu en parallèle de la société. »

Un écho de par le monde

De cet élan d’écriture et de ressourcement est né le triptyque composé d’Encabanée (2018), de Sauvagines (2019) et du tout récent Bivouac. Un trio d’œuvres tournées vers la nature ayant trouvé écho auprès de lecteurs du monde entier, alors que son premier roman se voit traduire en de nombreuses langues, dont l’allemand (langue natale de son père) venant ainsi joyeusement « réconcilier ses deux origines ».  

Si elle a récemment quitté Kamouraska pour Val-David, c’est en grande partie pour ne pas imposer son isolement à sa fille de 5 ans. Et parce que l’écrivaine a compris que c’est ensemble qu’on peut faire de grandes choses.  

Bivouac : la force du nombre

« Je me suis rendu compte qu’on ne peut pas être tous des ermites chacun dans nos cabanes, confie-t-elle. Il faut s’allier et c’est pour cela que j’ai écrit Bivouac. Je voulais illustrer plein de façons de se regrouper autour du territoire. Ça peut être dans l’agriculture bio comme dans un campement anarchiste sur les terres publiques. Ce sont des pistes que je lance, il y a tellement de nouvelles formes de vivre ensemble. »

Bivouac, c’est l’histoire d’Anouk (l’ermite ayant tout quitté pour aller vivre dans une cabane, le personnage principal d’Encabanée) et de son amoureuse Raphaëlle, toutes deux amoureuses de leur territoire. Et celle de Riopelle, l’artiste-peintre de Cacouna recyclé en activiste se retrouvant dans un camp de formation aux États-Unis, ayant fait de sa bataille pour la nature sa mission de vie. 

« Je voulais montrer la sensibilité de ces gens non violents, au contraire de la façon dont on les dépeint souvent dans les médias, explique l’autrice. Les gens qui se battent pour la nature aiment tellement leur prochain ! C’est un geste d’amour de se consacrer comme ça. »

Résistance

Bivouac, c’est aussi l’histoire autour d’un campement de résistance en forêt pour protéger Gros pin, un arbre centenaire de Kamouraska menacé par des coupes à blanc préalables au passage d’un oléoduc. 

« Un symbole fort, un vrai arbre de 500 ans que j’ai vraiment connu ! Je voulais camper ma résistance autour de cet arbre-là. »

C’est en côtoyant des gens passionnés de nature et qui n’ont rien à perdre, à l’image des personnages de Bivouac, que l’écrivaine a compris que se battre seule n’est ni facile ni efficace. 

Et que protéger la nature ensemble est quelque chose d’altruiste. 

« Allez dans le bois, à travers mes livres si vous ne pouvez pas y aller en vrai, mais allez-y, lance-t-elle. Cela ne veut pas nécessairement dire tout vendre pour aller vivre dans une cabane. Trouvez votre propre manière de reconnecter avec la nature, dans un parc en ville ou en montant un sommet. Il faut vivre ces moments, il faut développer des liens d’amour avec la forêt.»

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