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Tout est époustouflant!

<strong><em>Tout est ori</em><br>Paul Serge Forest</strong><br>VLB Éditeur<br>456 pages
Photo courtoisie Tout est ori
Paul Serge Forest

VLB Éditeur
456 pages

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Quelques pages suffisent pour comprendre pourquoi le Tout est ori de Paul Serge Forest s’est vu attribuer, il y a quelques semaines, le prix Robert-Cliche du premier roman 2021. 

Lire Tout est ori est si époustouflant qu’on a peine à croire que ce livre ne soit pas le fait d’un écrivain d’expérience. Au quotidien, Paul Serge Forest, un pseudonyme, est pourtant un jeune médecin qui ne côtoie pas le milieu littéraire.

Il vient de la Côte-Nord par contre, là même où se déroule son récit. Cela nous donne des repères pour rester accrochés à la folle histoire qu’il va nous raconter.

On est à Baie-Trinité où la famille Lelarge mène le bal puisqu’elle possède une énorme usine de fruits de mer. Autant dire qu’elle contrôle une bonne partie de l’économie de la région. Elle vend ses produits jusqu’au Japon.

Justement, Mori Ishikawa, élégant et discret Japonais, vient d’arriver dans le coin. Il est, dit-il, un « envoyé commercial du Conglomérat des teintes, couleurs, pigments, mollusques et crustacés d’Isumi ». Conglomérat avec qui les Lelarge font affaire.

Mais ce Mori s’avère en fait bien mystérieux. De curieux événements se produisent dans son sillage. Laurie Lelarge, 17 ans, la cadette de la famille, est même envoûtée par le personnage.

Frédéric Goyette, de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, s’en méfie : que trame donc cet étranger ? 

On découvre peu à peu que celui-ci est à mettre au point une invention révolutionnaire : la création d’une nouvelle couleur, l’ori. Qui se nourrit de la conscience humaine. 

C’est un bien court résumé pour un roman aussi riche. Surtout, il ne rend pas l’atmosphère de ce livre : loufoque, sarcastique, charnelle, rabelaisienne.

On n’oubliera pas la scène d’empoisonnement alimentaire qui transforme une plage en toilettes à ciel ouvert ! Ni les minutieuses descriptions de crustacés — oursins, crevettes, pétoncles — qui découpent le récit. 

Foisonnement

Les personnages sont à l’avenant, caricaturaux donc à leur place dans cette histoire hors normes. Suzanne Lelarge, la tante de la famille, vit dans une maison en forme de troglodyte. Son frère Saturne, gars de party, sombre pour sa part dans des excès gênants. Et les pêcheurs sont truculents.

Quant à Laurie, elle s’est mise au japonais, leçon graphique que nous suivons en même temps qu’elle. C’est aussi à elle que Mori va dévoiler peu à peu le secret d’une couleur inexistante, mais inspirée de la nacre des coquillages.

En fait, les scènes fortes s’entrecroisent dans un foisonnement qui témoigne de l’incroyable imagination de l’auteur !

N’empêche qu’en quelque 450 pages, l’effet de surprise finit par s’user : on a compris la mécanique de l’ori et du village déréglé. Des passages auraient donc pu être resserrés.

D’autant que les trois dernières pages du livre ouvrent sur un monde encore plus bizarre que tout ce qui a précédé. On voudrait savoir comment sortir de cette scène inattendue, suffocante et nous voilà laissés en plan.

Démonstration que ce roman folichon est au fond inquiétant ?

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