Des hausses de prix soudaines qui amènent une avalanche de plaintes
Des acheteurs de maisons neuves estiment avoir été piégés par leur entrepreneur
Coup d'oeil sur cet article
Le téléphone d’un organisme communautaire, qui reçoit quelques centaines d’appels par année en temps normal, ne dérougit pas ces temps-ci. Et tous les appels sont à propos du même sujet : des entrepreneurs qui construisent des maisons neuves haussent leurs prix du jour au lendemain et menacent de résilier le contrat de vente si le client n’accepte pas.
• À lire aussi - Pourquoi le prix du bois a-t-il autant explosé?
• À lire aussi - Industrie forestière : les cours à bois sont pleines
« On n’est pas si connu que ça du grand public ! Quand le téléphone se met à sonner tous les jours à propos du même sujet, c’est clair qu’il se passe quelque chose », lance Marc-André Harnois, directeur général de l’Association des consommateurs pour la qualité de la construction (ACQC).
Avec la hausse du prix des matériaux, notamment celui du bois, le phénomène touche tous les types d’entrepreneurs, grands et petits, selon M. Harnois.
L’ACQC a reçu 130 témoignages du genre en quelques mois à peine de la part de clients souvent placés en fâcheuse situation.
« La plupart du temps, ceux qui ont les moyens acceptent la hausse. C’est ce qui est le moins de trouble. Ils ont déjà vendu leur maison ou résilié leur bail, réservé des déménageurs, inscrit leurs enfants à l’école, etc. Ils ne la trouvent pas drôle », rapporte-t-il.
- Écoutez la chronique économique de Michel Girard sur QUB radio:
Hausse moyenne de 35 000 $
Les hausses demandées sont en moyenne de 35 000 $. « Notre record, c’est 135 000 $ pour une maison de 300 000 $ », dit-il.
- Écoutez la chronique économique d’Yves Daoust, directeur de la section Argent du Journal de Montréal, sur QUB radio:
Certains entrepreneurs insèrent dans le contrat une clause qui prévoit la hausse du prix lorsque l’augmentation du prix des matériaux est imprévisible. Mais c’est loin d’être la norme. Seulement le tiers des entrepreneurs prévoient une telle clause, selon François Bernier, vice-président principal affaires publiques à l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).
Ce qui fait sursauter le directeur général de l’ACQC. « Si je n’ai pas pris la police tremblement de terre dans mon assurance habitation et qu’un jour, il y en a un, mon assureur va me rire en pleine face si je lui demande de payer. C’est un peu la même affaire qui se passe actuellement avec les entrepreneurs », illustre-t-il.
Une autre chose que dénonce l’ACQC, c’est que ces clauses sont systématiquement conçues pour des hausses de prix, et pas pour leur indexation. En d’autres termes, si le prix des matériaux augmente, on refile la facture aux clients, mais s’ils baissent, on ne leur fait pas profiter d’économies.
« C’est rare que le prix des matériaux baisse, mais quand même. Si l’entrepreneur veut se protéger d’une possible hausse, il devrait y avoir une contrepartie. Si le prix descend, c’est le consommateur qui en profiterait. Ça devrait être gagnant-gagnant », explique Marc-André Harnois.
Il se cache aussi peut-être, dans ces hausses de prix de maisons neuves, une façon de rattraper le marché immobilier en ébullition. Quand des entrepreneurs demandent 100 000 $ de plus que le prix au contrat, ce qui arrive plus souvent qu’on pense, assure M. Harnois, c’est qu’« ils ne se sont pas forcés à essayer de cacher qu’ils veulent aller chercher le prix du marché actuel ».
– Avec la collaboration de Stéphane Desjardins
►Si vous avez été victime d’une de ces hausses de prix soudaines, écrivez-nous à julien.mcevoy@quebecormedia.com