En CPE, une profession à rabais !
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En tant que gestionnaires de Centres de la petite enfance, nous connaissons et vivons au quotidien le rôle essentiel des services de garde éducatifs à l’enfance. Malheureusement, la pénurie d’une main-d’œuvre compétente est de plus en plus inquiétante, et l’accessibilité à ces services nous semble menacée.
À la fois nécessaire et essentielle, l’opération de recrutement entreprise par le gouvernement pour résoudre cette crise nous semble absolument insuffisante quant à son attractivité.
Les salaires, un obstacle
En effet, les salaires demeurent un obstacle majeur pour recruter et retenir la main-d’œuvre qui accueille et prend soin de ce que les parents québécois ont de plus précieux, leurs enfants.
Actuellement en CPE, le salaire d’une éducatrice à l’enfance qualifiée détentrice d’un DEC débute à 18,98 $ de l’heure et plafonne à 25,15 $ après dix ans de service. Si l’amour des enfants est un incontournable pour exercer cette profession, ce n’est pas suffisant pour attirer les jeunes et les retenir lorsqu’ils comparent différentes avenues pour leur avenir.
Pourquoi se satisfaire de 18,98 $ de l’heure pour répondre aux nombreux besoins des enfants alors qu’une préposée en CHSLD détentrice d’un DEP gagne 26 $ de l’heure pour répondre aux besoins de base des personnes âgées ?
Pourquoi se satisfaire de 18,98 $ de l’heure alors qu’une éducatrice spécialisée détentrice d’un DEC gagne 23,12 $ de l’heure dans un CIUSSS pour des tâches similaires ? Qu’est-ce qui explique un si grand écart salarial entre ces professions aux responsabilités similaires ?
Un métier qui a changé
Si cette profession a pu paraître autrefois facile, ce n’est plus le cas maintenant avec l’avancée des connaissances sur le développement de l’enfant ainsi que sur l’importance d’agir tôt pour assurer son plein épanouissement.
Une éducatrice à l’enfance n’intervient pas n’importe comment avec les enfants, ne joue pas d’une manière quelconque et n’échange pas à la va-vite avec eux.
Une éducatrice à l’enfance soutient et guide le développement des enfants en les accompagnant selon leurs besoins, leur niveau de développement et cela pour favoriser leur développement global, soit physique, cognitif, affectif et langagier.
Une éducatrice à l’enfance doit savoir observer et connaître ce développement pour s’assurer que ses actions éducatives seront adéquates et pertinentes.
Également, elle se doit d’exercer un rôle de prévention en dépistant d’éventuels retards ou besoins particuliers tout en s’assurant que les enfants dont elle a la responsabilité évoluent dans un environnement sain et favorable à leur plein épanouissement.
Malheureusement, les compétences nécessaires pour exercer cette profession sont mal reconnues, car elles sont traitées de façon inéquitable lorsqu’on compare leur salaire avec celui d’autres emplois exigeant des compétences semblables.
Agir maintenant
En terminant, nous croyons qu’offrir une plus grande accessibilité pour des services de garde éducatifs à l’ensemble des parents québécois ne repose pas seulement sur l’augmentation du nombre de places, mais aussi sur, et surtout sur une augmentation salariale significative pour le personnel éducateur.
Pour que ces nouvelles places ne deviennent pas des coquilles vides sans éducatrices qualifiées, des décisions politiques doivent être prises dès maintenant. Actuellement, nous vivons un véritable exode d’éducatrices compétentes. Si aucun geste n’est posé, c’est la survie même du réseau de services de garde éducatifs de qualité dont les Québécois sont fiers qui est menacée.
Les équipes de gestion du CPE La Courtepointe et du CPE La Croisée