Des constructions récentes déjà mal en point
Des proprios d’habitations presque neuves forcés de dépenser des milliers de dollars pour des réparations
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Un copropriétaire de condo de Chambly forcé de réparer des balcons de son immeuble à peine six ans après sa construction presse l’État québécois de serrer la vis pour protéger les Québécois.
« Ce n’est pas normal que j’achète une cuisinière et que la garantie légale donne à peu près 10 ans, mais que l’on ait des enjeux aussi majeurs à un édifice après cinq ans », déplore David Cormier, gestionnaire de projets, qui vient de s’acheter un condo des Habitations Trigone, à Chambly.
« On n’est pas dans les années 1900. On a évolué en termes de construction. On devrait mettre les requis en tant que peuple », dénonce-t-il en montrant les poutres de bois qu’il a dû ajouter d’urgence pour solidifier ses balcons.
Pour Marc-André Harnois, directeur général de l’Association des consommateurs pour la qualité de la construction (ACQC), le cas de David Cormier, qui va devoir débourser des milliers de dollars, est loin d’être isolé.
Vérifications, inspections et compétences... les Québécois sont victimes des lacunes majeures de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ), plaide-t-il, en brandissant le récent rapport de la Vérificatrice générale du Québec (VGQ).
Travail « tout croche »
« C’est frustrant pour les entrepreneurs de qualité d’être concurrencés par d’autres qui font la job à moitié et qui facturent deux fois moins cher », déplore Marc-André Harnois, à la tête de l’ACQC.
Dans son rapport, la VGQ écrit qu’« au 31 mars 2020, la RBQ ignorait l’identité des dirigeants d’au moins 2000 personnes morales sur un total de près de 12 000. Elle ne peut donc pas vérifier si ces personnes respectent les conditions d’obtention d’une licence liée à la probité et à la solvabilité ».
« C’est dur de concurrencer quelqu’un qui fait le travail à moitié moins cher, tout croche », analyse Marc-André Harnois, qui refuse de mettre tous les entrepreneurs dans le même panier.
À la Régie du bâtiment du Québec (RBQ), on souligne que pour les petits bâtiments résidentiels la surveillance relève des municipalités ou de l’organisme Garantie de construction résidentielle (GCR).
« Non, notre mission, ce n’est pas d’assurer la surveillance des chantiers, mais oui, dans notre mission, on a à faire des vérifications et des inspections », indique son porte-parole Sylvain Lamothe.
Il rappelle que plus de 15 000 visites d’inspection ont été faites par la RBQ et que 128 personnes seront embauchées d’ici l’an prochain pour veiller au grain.
GCR et Trigone se défendent
De son côté, Garantie de construction résidentielle (GCR), qui tient à dire que l’immeuble en question de David Cormier n’était pas enregistré chez lui, affirme avoir inspecté plus de 40 000 unités ces six dernières années.
Joint par Le Journal, Patrice St-Pierre, dirigeant des Habitations Trigone, a rejeté les critiques du copropriétaire de condo mécontent David Cormier.
« L’enjeu concerne quatre assises de bois pour deux des 12 balcons de cet immeuble. Ces assises doivent être remplacées, faute d’avoir été bien entretenues », a répondu Patrice St-Pierre, qui assure que la qualité et la conformité des travaux ont été confirmées en 2017.
« Nous avons proposé notre entière collaboration pour effectuer le remplacement des pièces de soutien, dans le respect des plans de construction originaux, dans le respect des règles de construction du Code du bâtiment du Québec, sans obtenir de réponses », a-t-il conclu.
♦ L’an dernier, l’émission La Facture a capté des images de la construction d’un immeuble à condos par les Habitations Trigone. Le reportage a souligné que l’entreprise a été l’objet de plus de 200 poursuites ces vingt dernières années.