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Bombardier rapatrie du travail au Québec

Des salariés rappelés alors que des composants qui étaient fabriqués à l’étranger le sont désormais à Montréal

Visite usine  Bombardier
Photo Chantal Poirier L’usine de l'arrondissement Saint-Laurent où sont produits des composants pour les jets d’affaires de Bombardier.

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Bombardier a profité du ralentissement causé par la pandémie pour rapatrier au Québec la fabrication de centaines de composants qui entrent dans la production de ses jets d’affaires. Une décision qui a permis de redonner du travail à 200 personnes à Montréal – et ce n’est pas fini. 

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C’est l’une des plus vastes usines aéronautiques du nord-est de l’Amérique du Nord. Construite dans les années 1940, elle a d’abord été occupée par la Canadian Vickers, puis par Canadair. Depuis 1986, elle appartient à Bombardier.

Située dans l’arrondissement montréalais de Saint-Laurent, l’usine est névralgique pour Bombardier puisqu’elle fabrique des composants pour l’ensemble des appareils de l’avionneur. Mais avec le retrait de l’entreprise du secteur de l’aviation commerciale, les installations de deux millions de pieds carrés sont devenues trop grandes.

La production du poste de pilotage et de la pointe arrière du fuselage de l’ancienne C Series, aujourd’hui l’Airbus A220, est sur le point de quitter la vieille usine de Saint-Laurent pour être déplacée dans un bâtiment tout neuf en construction à Mirabel. Le même sort attend les éléments de structure des avions A330 que Bombardier fabriquait pour Airbus.

Il y a quelques mois, le PDG de Bombardier, Éric Martel, a annoncé son intention de vendre une partie de l’usine et des terrains qui la jouxtent.

Malgré tout, Bombardier continue de croire en l’avenir de ses installations de Saint-Laurent. Après tout, pas moins de 1200 de ses 7000 salariés québécois y travaillent.

Mieux faire le travail

L’an dernier, l’entreprise a commencé à transférer à Saint-Laurent la production de composants qui étaient jusque-là fabriqués aux États-Unis et en Europe par des fournisseurs externes.

« Pour plusieurs pièces, on peut mieux faire le travail que des sous-traitants », affirme Paul Sislian, vice-président exécutif à l’exploitation et à l’excellence opérationnelle, alors qu’il fait visiter les lieux aux représentants du Journal.

Le machiniste Alain Rousseau travaille à la fabrication de raidisseurs d’ailes pour le Global 7500.
Photo Chantal Poirier
Le machiniste Alain Rousseau travaille à la fabrication de raidisseurs d’ailes pour le Global 7500.

En mai 2020, Bombardier a commencé à planifier le rapatriement de la production de raidisseurs d’ailes destinés au jet de luxe Global 7500, des composants qui étaient jusque-là fabriqués aux États-Unis.

À peine un mois et demi plus tard, après des dizaines d’heures d’ingénierie, de programmation informatique et de tests, un premier raidisseur sortait d’une immense machine de l’usine de Saint-Laurent. Huit emplois ont ainsi été créés.

« Aucune des pièces qu’on a produites jusqu’ici n’a été rejetée » lors des contrôles de qualité, se félicite Bernard Lavoie, vice-président responsable des centres de production de Saint-Laurent et du Mexique chez Bombardier.

Plus de contrôle

En plus de réduire les coûts, le rapatriement donne à l’entreprise plus de contrôle et de flexibilité quand elle veut accroître ou réduire sa production. Et l’usine texane où Bombardier assemble les ailes du Global 7500 a un fournisseur de moins à gérer. 

Dans une autre partie des installations de Saint-Laurent, deux gigantesques fours attirent l’attention. Ce sont des autoclaves qui servent notamment à durcir des pièces en composite, un matériau très prisé en aéronautique en raison de sa légèreté.

Daniel Bergeron (à gauche) et Jean-François Tremblay bénéficient du rapatriement de la production du carénage arrière du Global 7500.
Photo Chantal Poirier
Daniel Bergeron (à gauche) et Jean-François Tremblay bénéficient du rapatriement de la production du carénage arrière du Global 7500.

La production de l’une de ces pièces, le carénage arrière du Global 7500, vient elle aussi d’être rapatriée au Québec. Jusqu’à tout récemment, elle était fabriquée par une entreprise des Maritimes.

« On a beaucoup de savoir-faire dans les composites ici, c’était un beau défi à relever », confie Daniel Bergeron, qui travaille chez Bombardier depuis 23 ans.

De 60 000 à 16 000 employés

En un an à peine, Bombardier a déjà rapatrié à Montréal la fabrication de quelque 500 composants. Jumelées à la remontée des cadences de production des avions, ces relocalisations ont permis de rappeler 200 travailleurs qui avaient été mis à pied en raison de la pandémie, l’an dernier. 

Avec les autres rapatriements au programme, l’entreprise prévoit créer une centaine de postes de plus d’ici un an.

Ce ne sont pas ces initiatives qui permettront à Bombardier de redevenir un géant. En un an, avec la cession de multiples filiales, dont celle spécialisée dans le rail, les effectifs de l’entreprise sont passés de 60 000 à moins de 16 000 personnes. Mais pour les salariés québécois, fabriquer plus de pièces à l’interne, c’est un baume après plusieurs années difficiles.

« On est toujours friands d’avoir plus de travail ici », souligne M. Bergeron, le sourire aux lèvres. 

Usines de Bombardier       

  • Quatre au Québec (Saint-Laurent, Dorval (2) et Pointe-Claire)   
  • Une en Ontario (Toronto)   
  • Deux aux États-Unis (Kansas et Texas)   
  • Une au Mexique (Querétaro, centre du pays)    

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