Durabilité des routes: moins d’asphalte posé au froid
Malgré une baisse, Québec permet toujours l’épandage plus risqué en novembre et décembre
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Les opérations d’asphaltage par temps froid, des conditions qui nuisent à la durabilité des routes, ont considérablement diminué au cours des dernières années.
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Les plus récentes données du ministère des Transports du Québec (MTQ) montrent qu’en moyenne, au cours des quatre dernières années, 72 215 tonnes de bitume, soit 2,9 % du total des opérations d’asphaltage, ont été posées sur le réseau après les dates butoirs.
En 2008, c’est tout près du tiers du bitume qui avait été étendu sur les routes québécoises durant les trois derniers mois de l’année, avant l’arrêt pour la saison hivernale. La durabilité des routes peut diminuer quand ces travaux sont faits par temps trop froid.
Suivant les régions, l’asphaltage doit être terminé entre fin août et début novembre pour s’assurer que le pavage sera de bonne qualité.
Le MTQ n’a pu fournir les données d’asphaltage après les dates butoirs que pour les quatre dernières années, malgré une demande de notre Bureau d’enquête portant sur cinq ans.
Il a cependant validé les chiffres de 2008.
Nouvelles règles
À partir de 2009, une directive a obligé les entrepreneurs à faire autoriser l’asphaltage au-delà des dates butoirs, pour limiter « les risques de contre-performance », a indiqué Nicolas Vigneault, porte-parole du MTQ.
Une autorisation n’est possible que dans des circonstances exceptionnelles.
« La pose d’enrobé après les dates butoirs est autorisée pour des raisons de sécurité routière et d’efficacité des opérations de déneigement », a précisé M. Vigneault.
Même avant l’instauration de cette directive, les entrepreneurs devaient respecter des normes, a indiqué le MTQ.
Lors des automnes 2019 et 2020, des pluies abondantes ont notamment compliqué le travail.
« Ces conditions météorologiques ont occasionné certains retards, expliquant en partie les volumes plus élevés d’enrobé posés en fin de saison après les dates butoirs pour ces années », a-t-il expliqué.
Compactage difficile
Par temps froid, le compactage de l’asphalte est plus difficile, explique Stéphane Trudeau, directeur technique de Bitume Québec, un regroupement de fournisseurs de bitume et de producteurs d’enrobé bitumineux.
« Le bitume a besoin d’être assez chaud pour être compacté, dit-il. Le secret d’une bonne route c’est la compacité. »
Le pavage s’use plus rapidement quand il est mal compacté, souligne M. Trudeau.
« On peut faire une bonne route à l’extérieur des dates butoirs si on fait attention, explique-t-il. Mais les risques augmentent, c’est plus difficile d’atteindre les objectifs. »
Ces risques pourraient diminuer si les chantiers du MTQ commençaient plus tôt au printemps, alors que la période de pointe actuellement est en août et septembre.
« Le processus budgétaire fait que les contrats sont conclus tard, dit M. Trudeau. En juin et juillet, il y a de belles températures et c’est souvent sous-utilisé. »
Le MTQ soutient que les travaux sont programmés sur deux ans, afin de pouvoir « lancer les appels d’offres et débuter les travaux plus tôt ».
TONNES D’ENROBÉ ÉTENDUES APRÈS LES DATES BUTOIRS
et pourcentages du volume total annuel
2020-2021 : 69 903 tonnes (2,4 %)
2019-2020 : 92 062 tonnes (3,3 %)
2018-2019 : 82 570 tonnes (3,0 %)
2017-2018 : 64 327 tonnes (2,9 %)
2008-2009 : (30 %) en octobre, novembre et décembre
Source : Ministère des Transports du Québec
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