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Les bébés de la pandémie: l’impact réel du confinement



Les enfants nés durant le confinement, ou tout juste avant, n’ont pas eu la même socialisation que leurs aînés. Les familles étaient assignées à la maison, sans possibilité de rencontres avec les grands-parents, les oncles, les tantes ou les amis, généralement très présents dans l’environnement d’un nouveau-né. Le confinement semble avoir eu un réel impact sur plusieurs d’entre eux.

Maman de quatre enfants, Caroline Poulin est persuadée que sa fille Lyana, qui a désormais 18 mois, a souffert de la situation liée à la pandémie.

«On a découvert qu’elle a une hypersensibilité sensorielle au niveau du bruit, principalement quand il y a trop de personnes et trop de bruits d'enfants. Ça s’est développé vers l’âge de neuf mois», explique-t-elle.

Réagir aux bruits

La maman informe que sa petite dernière a passé tout le premier confinement à la maison, dans la bulle familiale. Mais les problèmes ont commencé lorsqu’un certain semblant de socialisation est redevenu possible.

«Depuis qu'on a recommencé à voir des gens, elle ne supporte pas le bruit. On a récemment fait un barbecue chez mes parents; on était seulement dix personnes, et c’était trop pour elle. Elle a pleuré tout le long», raconte Caroline Poulin.

Étonnamment, cette hypersensibilité auditive ne se déclenche que lorsque la fillette est en présence d’autres personnes qu’elle ne connaît pas. Et même si deux membres de sa fratrie se disputent, Lyana n’aura pas non plus de réaction.

«Elle est habituée avec les autres enfants, parce qu’elle a un frère et deux sœurs plus âgés. Elle réagit principalement quand elle entend des voix d'hommes ou des cris trop aigus. Aussitôt qu’il y a trop de personnes, ça ne fonctionne plus. Mais elle n’a aucune réaction face à un gros bruit de moteur de camion», dépeint Caroline Poulin.

Impact récent

Aucune étude n’a encore été publiée sur l’impact du confinement chez les bouts de choux de 0 à 5 ans, explique la neuropsychologue Miriam Beauchamp, qui est également professeure au département de psychologie de l’Université de Montréal, et chercheure au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine.

«Les enfants dans la petite enfance sont certainement les mieux protégés des effets du confinement, car, de toute manière, la plupart des interactions sociales du bébé se font avec les parents et la fratrie à la maison. On peut se poser certaines questions pour ceux qui ont été en service de garde tôt et qui ont été plus exposés à des visages masqués», avance la spécialiste.

On sait que la petite enfance est une période importante pour apprendre à décoder les expressions faciales et attribuer les bonnes intentions. Mais Miriam Beauchamp se fait rassurante en expliquant qu’il est peu probable que les effets se fassent sentir à long terme.

Bébé timide

Hugo, le fils de Vanessa St-Gelais, est né prématurément à la fin de janvier 2020. Après être restée près d’un mois à l’hôpital, la famille a pu sortir, mais a dû y retourner à plusieurs reprises dans les mois suivants.

«Comme c'était un prématuré, on ne voulait pas voir beaucoup de monde à la maison. Il a donc passé sa première année à voir seulement ses parents et son grand frère. Quand on allait à l’hôpital pour des suivis médicaux, il était habitué de voir des gens avec des masques», relate Vanessa St-Gelais.

Lorsque les visites à l’hôpital se sont espacées et que la vie sociale a repris, la maman a constaté les difficultés de son bébé.

«Son entrée à la garderie a été très difficile. Dès qu’un autre enfant s’approchait de lui, c’était la crise. Quand un adulte lui souriait, il penchait la tête vers le bas, il ne voulait pas croiser le regard des gens. Pourtant, c’est un bébé curieux et enjoué quand il connaît le monde. Ça lui a pris environ un mois avant de commencer à interagir avec les autres enfants de la garderie.»

Vanessa St-Gelais reconnaît qu’après la naissance de son premier bambin, elle voyait beaucoup de monde, et elle marchait avec un groupe de mamans. Pour le second, toutes ces activités étaient impossibles en raison du confinement.

La neuropsychologue Miriam Beauchamp veut néanmoins relativiser les inquiétudes des parents.

«Il est parfois difficile de comparer les enfants d’une même fratrie, car il ne faut pas oublier que les personnalités des enfants peuvent être différentes entre deux frères, ou un frère et une sœur.»

Comment stimuler votre enfant né durant le confinement?

La neuropsychologue Miriam Beauchamp conseille aux parents de privilégier les rencontres sociales avec d’autres adultes et d’autres enfants, dans le respect des mesures actuelles.

«Tant et aussi longtemps que les éducatrices auront des masques dans les services de garde, on peut compenser le fait que l’enfant ne voit pas la bouche de son interlocuteur en s'appuyant encore plus sur le verbal, c’est-à-dire en mettant l’emphase sur ce qu’on dit au niveau émotionnel, pour être certain que l’enfant a bien compris l’intention de ce qu’on communique. Il faut verbaliser davantage ce qui peut nous paraître évident», expose-t-elle.

Dans le développement social des 0-5 ans, il y a aussi le langage qui est important.

«On a tous constaté qu’avec le masque, on entend moins bien. Il est important de s'assurer que les bébés ont bien entendu ce qu’on leur dit. Parler plus fort ou répéter si nécessaire, et veiller à ce que le message soit bien compris tant au niveau auditif qu’émotif.»

Enfin, il faut s’assurer de respecter les limites de l’enfant.

«Pour un bébé né durant la pandémie, se retrouver avec une dizaine de personnes autour de lui, ça peut faire beaucoup. Il ne faut pas hésiter à y aller doucement, et le respecter s’il n’est pas prêt à aller dans les bras de tout le monde.»







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