Péribonka. Aux arbres citoyens!
Coup d'oeil sur cet article
Totalement inadmissible. Le ministère responsable de nos forêts a accordé des droits de coupe de bois dans le paradis terrestre entourant la rivière Péribonka au Lac-Saint-Jean. Les opérations débuteraient au mois d’août. Nous invitons la population à témoigner de son opposition à cet assaut qui s’apparente à du banditisme politique. Explication.
Selon une convention internationale que le Québec a signée en 2009, il se devait de protéger 17 % de chacun des grands écosystèmes du pays – il y en a une douzaine – avant la fin de l’année dernière.
En ce sens, le ministère de l’Environnement a travaillé pendant 10 ans à définir des propositions de territoires à préserver. Les populations de toutes les régions ont embarqué dans cette consultation. Et partout on a pu compter sur la participation d’industriels forestiers et miniers, de représentants des municipalités et même du ministère des Forêts ! Mais lui, il se tenait plutôt en embuscade, faisant semblant de collaborer, attendant son heure pour faire capoter cette opération on ne peut plus démocratique.
En effet, à la dernière minute, il a bloqué 99 % des surfaces qui devaient être protégées au sud du 49e parallèle (Chibougamau) pour les transférer dans la toundra nordique qui se préserve toute seule. Le gouvernement dénaturait ainsi l’esprit de la convention internationale qu’il avait signée.
Car le légendaire diktat de ce ministère doit être bien compris et admis par tous : aucun arbre de la forêt publique ne doit échapper à l’emprise de l’industrie forestière. C’est-ti assez clair ?
Un joyau naturel ignoré
Ainsi, 83 projets d’aires protégées sont passés à la trappe, dont le territoire du Péribonka, véritable joyau naturel. La communauté là-bas a déjà dépensé des millions pour élaborer un plan récréotouristique d’envergure internationale.
Tous s’attendaient à ce qu’il soit sélectionné en premier. Or, il sera plutôt le premier à se faire bûcher, histoire de tuer dans l’œuf toute protestation émanant d’autres défenseurs de territoires à protéger au Québec. Si le bluff ou le coup de force du gouvernement réussit, il sera plus difficile de défendre d’autres projets d’aires protégées plus éloignées des populations et peut-être moins attrayantes.
Les technocrates du bunker ministériel, ce ramassis de matamores sans cœur non élus « addictés » à leurs ordis, ont bricolé un prétexte pour permettre l’abattage de la forêt du Péribonka : là, le sapin est effectivement attaqué par une bestiole, la « tordeuse des bourgeons de l’épinette ». Il faudrait donc, selon eux, récupérer le bois avant qu’il ne dépérisse. Or, la tordeuse sévit actuellement dans toute la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Et on ne pourra jamais y récolter tout le sapin affecté !
Il existe assurément, à proximité, d’autres territoires où ces opérations forestières pourraient être envisagées.
(Rappelons que la forêt boréale se régénère principalement par deux sortes de « catastrophes » : les infestations de bébittes et les feux de forêt. Il en fut et en sera toujours ainsi. Allons-nous permettre l’abattage prématuré de toute forêt sous prétexte qu’un jour elle risque de passer au feu ? Les technocrates du bunker, eux, en rêvent...)
Un moratoire au plus vite
L’Action boréale s’objecte à la décision du ministère des Forêts de scraper 83 projets d’aires protégées dûment négociés avec la population. L’Action boréale demande au gouvernement d’instaurer un moratoire sur toute coupe forestière prévue dans ces territoires jusqu’à ce qu’un débat public nous permette de comprendre les motifs qui le poussent à agir ainsi. Que veut-il donc faire de ces territoires déjà sélectionnés ?
Et dire que l’instauration de ces aires protégées n’affecterait même pas 5 % de la forêt publique mise à la disposition des compagnies. D’ailleurs, celles-ci n’ont jamais réussi à récolter tout le volume de bois qu’on leur octroie année après année. Jamais.
Mobilisation
L’Action boréale invite la population du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de partout au Québec à se rendre le vendredi 13 août à 13 h devant le bureau du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) au 3950 boulevard Harvey, à Jonquière.
Pour protester contre le saccage appréhendé du royaume de la Péribonka.
Et nous encourageons toute personne du pays qui maintiendrait des contacts avec des gens du Saglac de les aviser de cet événement.
Henri Jacob, président de l’Action boréale
Richard Desjardins, vice-président de l’Action boréale