Les tensions risquent d’exploser avec le passeport
La preuve vaccinale obligatoire au Québec pourrait amener des confrontations comme en France
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Comme en France, le combat idéologique sur les mesures sanitaires risque de s’intensifier au Québec dans les prochaines semaines avec la mise en place du passeport vaccinal.
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« Il y a une frustration qui monte du côté des gens [qui ont suivi les mesures] parce qu’ils se disent qu’ils ont tellement donné, qu’ils se sont privés », explique la psychologue clinicienne et professeure associée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Geneviève Beaulieu-Pelletier.
Et la colère grimpe aussi de l’autre côté.
« Plus on est dans l’obligation, comme avec le passeport vaccinal, plus ça devient frustrant pour l’autre partie de la population, parce que ça alimente [leur croyance]. »
Face à une remontée des cas de COVID, François Legault a confirmé jeudi que le passeport vaccinal fera bientôt son apparition au Québec pour tenter d’endiguer une quatrième vague de contaminations.
Le 4 août, le Québec recensait 305 nouveaux cas, contre 78 un mois plus tôt.
Cela devrait permettre aux citoyens qui ont reçu leurs deux doses de vaccins d’avoir « une vie quasi normale », a soutenu M. Legault.
Samedi prochain, une nouvelle manifestation contre l’implantation d’un passeport sanitaire doit avoir lieu à Montréal. Hier, près de 5000 personnes disaient, sur Facebook, vouloir y participer.
Fossé qui se creuse
Pour Mme Beaulieu-Pelletier, cette nouvelle mesure va continuer de creuser le fossé entre Québécois.
« De part et d’autre, on campe vraiment sur nos positions et on comprend de moins en moins l’autre camp. Par exemple, si j’ai suivi les mesures depuis le début et que je vois qu’il y a une sortie potentielle avec la vaccination, c’est très difficile de comprendre pourquoi certains ne vont pas prendre cette solution », lance-t-elle.
Mais cela fonctionne aussi dans l’autre sens, puisque certaines mesures renforcent les croyances de certains qui adhérent aux théories du complot et alimentent la méfiance, ajoute-t-elle.
« On le voit beaucoup sur les réseaux sociaux sous des publications qui encouragent la vaccination, de gens qui disent “ce sont des messages de propagande” », cite-t-elle comme exemple.
Pas de révolution
De son côté, la sociologue et professeure titulaire au département de sociologie de l’UQAM, Catherine Des Rivières-Pigeon, croit aussi qu’il faut s’attendre à voir des tensions sociales.
Toutefois, elle pense qu’il n’y aura pas de grande révolution, comme en France, où près de 237 000 personnes ont défilé dans les rues hier. (voir texte ci-contre)
« [Au Québec], on a vu des mouvements contestataires, mais finalement qui n’ont pas pris tant d’ampleur si on regarde les mesures mises en place. [...] Si on regarde les enquêtes qui ont été faites, il y a quand même eu un appui assez important aux mesures », soutient-elle.
« En France il y a plus de contestations, c’est aussi une question culturelle, ajoute-t-elle. Ça va être quand même très intéressant de voir la façon dont le pass sanitaire va être vécu en France, parce que ça va forcément avoir une influence sur le Québec. »