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Bruyante manifestation à Québec devant un restaurant qui essaie le passeport vaccinal

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Au moins une centaine d’opposants à l’instauration d’un passeport sanitaire ont manifesté bruyamment hier soir devant un restaurant à Québec où la mesure sanitaire était mise à l’essai pour une seconde journée. Certains brandissaient une étoile jaune, ce qui a choqué la communauté juive.

La Cage – Brasserie sportive à Lebourgneuf a accepté de prendre part au projet pilote du gouvernement, en demandant sur une base volontaire aux clients leur preuve de vaccination pendant deux jours. 

Mercredi, la plupart des clients étaient collaboratifs, montrant leur code QR sur leur téléphone ou sur un papier. Une poignée de personnes s'étaient installées devant l'établissement avec des pancartes contre le passeport vaccinal.  

Photo Agence QMI, Marc Vallières

Le lendemain, ils étaient beaucoup plus nombreux ; des groupes opposés aux mesures sanitaires avaient lancé une invitation sur les réseaux sociaux à venir manifester pacifiquement à 17 h.  

Une des figures de proue du mouvement, François Amalega, a été ovationnée à son arrivée, avant de demander d'entrer dans le restaurant. Les gardiens de sécurité ont refusé. 

Vers 18 h, les contestataires ont constaté que les clients entraient par la porte arrière et s'y sont déplacé, tout comme des gardes de sécurité.  

Photo Elsa Iskander

Certains manifestants avaient en main des pancartes affichant "ségrégation" et d'autres des pancartes en forme d'étoiles jaunes, rappelant le symbole des victimes juives durant la Seconde guerre mondiale.  

«La communauté juive est choquée par le comportement de certains manifestants», a déclaré Peter Subissati, directeur associé au Centre consultatif des relations juives et israéliennes. 

«Tout le monde a le droit à leur opinion, mais le fait de faire des parallèles avec la Shoah en utilisant des symboles tels que l’étoile de David est odieux et blessant envers les survivants de ce chapitre aussi noir dans l’histoire de l’humanité.»

Photo Agence QMI, Marc Vallières

Débat public

Au-delà de certains discours plus radicaux, une des revendications exprimées était un débat public sur le passeport sanitaire. Les slogans «un débat public» ou encore «non au profilage vaccinal» ont été entonnés alors que des autos de passage klaxonnaient en appui régulièrement. 

«Le passe sanitaire ne doit pas passer, ça va créer une sous classe de gens. On n’aura plus accès à plein de choses. C’est une manière de nous obliger à avoir le vaccin», a soutenu Anick Tardif, une manifestante originaire de Gaspésie. «On est écouté par personne», dit-elle, en référence aux politiciens et aux médias. «Un débat serait le minimum pour qu’il y aille les deux côtés de la médaille et là on se sent comme pris», lance, Alex, un autre manifestant de Québec.  

Marc Vallières/Agence QMI

Au moins une citoyenne était venue manifester contre les opposants aux mesures sanitaires, trouvant leur message dangereux. «Je suis écœurée de leur discours je suis écœurée de les entendre vociférer contre le gouvernement, contre le vaccin, contre les mesures sanitaires, contre tout. Je pense que c’est des gens qui ont un discours sectaire», a dit la dame de Québec qui souhaitait rester anonyme.

Rappelons qu'à partir de septembre, une preuve de vaccination complète sera requise pour accéder à des commerces non essentiels comme les gyms, les bars ou les restaurants. 

Marc Valli�res/Agence QMI

Protéger la collectivité

Pour Roxane Borgès Da Silva, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, la mesure à l'essai actuellement et qui doit s'étendre à tout le Québec le 1er septembre, est nécessaire avec la recrudescence du variant Delta.  

Marc Vallières/Agence QMI

«Mettre en place un passeport vaccinal, c’est aussi pour protéger les non-vaccinés. Ça leur permettrait de ne pas se retrouver dans des espaces clos à fort achalandage où le potentiel de contamination est plus élevé», explique l’experte. «Il faut que les gens comprennent que c’est vraiment pour les protéger, que ce n’est pas du tout punitif ou coercitif.»   

Elle rappelle au passage qu'il touche aussi les personnes pleinement vaccinées, qui peuvent être contaminée mais asymptomatiques en même temps. «Plus le variant Delta va s’installer, plus la montée des cas va être exponentielle puisque la contagiosité est beaucoup plus élevée», s’inquiète Mme Borgès Da Silva, soulignant que la pandémie n’est pas terminée. «On n’est vraiment pas sorti du bois pour l’instant tant qu’on a pas toute la planète de vaccinée.»