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Un séisme replonge les Haïtiens dans la douleur

Depuis dix ans, plusieurs catastrophes naturelles et problèmes politiques se succèdent dans ce pays

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Déjà meurtri par plusieurs catastrophes et crises politiques récentes, le peuple haïtien s’attriste de voir le malheur s’acharner alors qu’un autre puissant séisme a tué des centaines de personnes dimanche, selon les premiers bilans.  

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À 8 h 29, la « perle des Antilles » a été frappée par un tremblement de terre de magnitude 7,2 sur l’échelle de Richter. La puissance était équivalente au séisme qui avait tué 230 000 Haïtiens en 2010 et dont l’épicentre était près de la capitale, Port-au-Prince.

Le bilan s’alourdissait rapidement, heure après heure, dimanche. En début de soirée, le nombre de victimes s’élevait à au moins 304 morts, selon un message publié par la Protection civile haïtienne, sur Twitter.

Le gouvernement a toutefois salué le courage des citoyens qui ont réussi à sortir plusieurs victimes blessées dans les effondrements, avant l’arrivée des secours, ce qui a permis de sauver plusieurs vies. 

C’est principalement le sud-est du pays qui a été touché. L’épicentre se trouvait à 12 km de la ville de Saint-Louis-du-Sud, située à quelque 160 km de Port-au-Prince, et près de Cayes, troisième ville la plus peuplée du pays. 

« Voir des gens sortir en courant de chez eux [qui étaient pour certains] nus sous la douche, ou tout laisser tomber pour prendre leurs enfants et partir... Cela montre l’impact que 2010 a eu sur tout le monde psychologiquement », a expliqué au Journal Pascal Justafort, un résident de la capitale. 

« On se demande ce qu’on a pu faire au Bon Dieu», a confié pour sa part Yvanka Jolicoeur Brutus, ex-mairesse de Pétionville, en banlieue de Port-au-Prince. Elle a raconté à TVA Nouvelles comment les nombreux dégâts ravivent les images de 2010. 

« Une autre chose qui nous frappe, c’est que les églises, encore une fois (...) ont été frappées ».

En quelques minutes, les hôpitaux haïtiens croulaient déjà sous le nombre de patients qui augmentait sans cesse. 

Hôpitaux débordés

En entrevue avec TVA Nouvelles, l’administrateur de l’Hôpital Immaculé Conception des Cayes, a indiqué que le personnel soignant avait cruellement besoin d’aide. « Nous sommes dépassés par la situation », a lancé Arcérius Améthyste.

Un hôtel de plusieurs étages, baptisé Le Manguier, s’est totalement effondré. Le corps sans vie de l’ancien sénateur haïtien Gabriel Fortuné, propriétaire de l’hôtel, a été retiré des décombres. 

Pour ajouter au cauchemar, les opérations de sauvetage seront plus complexes, puisqu’une tempête tropicale pourrait frapper Haïti demain et mardi, apportant des pluies torrentielles, inondations et glissements de terrain.  

Au Québec, c’est le choc pour la diaspora haïtienne qui se demande pourquoi un tel sort s’acharne sur le pays.

Malédiction

Frantz André, porte-parole de Solidarité Québec-Haïti, regrette que le pays semble être victime d’une « malédiction », comme des Haïtiens l’ont évoqué dimanche. 

« Ce pays est malmené, tant par la nature que par la politique », laisse tomber M. André, la gorge serrée.

La communauté haïtienne montréalaise se met déjà en branle pour venir aider la population affectée par le séisme.

« On fait des appels pour voir comme on peut mieux aider dans le contexte politique actuel où il y a beaucoup de corruption. [...] On ne veut pas non plus que ce soit comme en 2010 et que Haïti devienne la capitale des ONG et que l’argent n’aille pas aider la population », explique M. André, en référence aux colossales sommes d’argent qui ne sont jamais parvenues à Haïti après le séisme de 2010. 

Une série de coups durs depuis 2010  

12 janvier 2010 : séisme de magnitude 7 à l’échelle de Richter qui a fait plus de 200 000 morts, 300 000 blessés. Plusieurs millions de personnes sont, quant à elles, jetées à la rue.

4 mars 2010 : de fortes pluies, qui s’abattent durant une semaine dans le sud d’Haïti, font 20 morts et personnes disparues, ainsi que des milliers de sinistrés.

Septembre 2010 : 14 morts enregistrés à la suite d’intempéries, dont plusieurs emportés par une rivière en crue. Plusieurs quartiers de Port-au-Prince sont submergés par des torrents d’eau.

Octobre 2010 : début d’une épidémie de choléra qui a duré près de huit ans et qui aura engendré près de 820 000 cas de la maladie et près de 10 000 décès.

18 octobre 2010 : des inondations attribuables à des pluies diluviennes font treize morts et personnes disparues à Port-au-Prince et sa région. 

8 novembre 2010 : le passage de l’ouragan Tomas sur Haïti fait au moins 21 morts et 36 blessés en 48 heures. L’ouragan provoque de fortes inondations. Celles-ci font des milliers de sinistrés et propagent davantage le choléra.

Juin 2011 : des pluies torrentielles font au moins 23 morts et déplacent des milliers de sans-abri.

24 août 2012 : l’ouragan Isaac provoque des inondations et de violentes rafales, faisant 19 morts.

24 octobre 2012 : l’ouragan Sandy frappe plusieurs départements en Haïti faisant au moins 200 000 sans-abri, entre 60 et 100 morts, une nouvelle épidémie de choléra, et détruisant 70 % des récoltes du sud du pays.

9 octobre 2016 : une nouvelle crise humanitaire provoquée par le dévastateur ouragan Matthew, qui a fait jusqu’à 1000 morts dans le pays.

Juillet 2018 : des manifestations dans le pays font au moins quatre morts après que le gouvernement a annoncé la fin des subventions pour le carburant. De nombreux Haïtiens appelaient aussi le président et son premier ministre à démissionner.

7 octobre 2018 : un séisme de magnitude 5,9 sur l’échelle de Richter fait 12 morts.

Novembre 2019 : au moins 42 personnes sont mortes et 86 autres blessées depuis la mi-septembre 2018 en Haïti durant les protestations contre le président Jovenel Moïse et son gouvernement, a annoncé l’ONU.

24 août 2020 : la tempête tropicale Laura, qui devait devenir un ouragan le jour suivant, balayait Cuba avec des vents de 95 km/h après avoir fait au moins 13 morts en Haïti et en République dominicaine, avant de viser le sud des États-Unis.

7 juillet 2021 : le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné à son domicile. Aucun juge d’instruction ne souhaite se charger de l’enquête judiciaire sur l’assassinat du président, de peur des représailles.

14 août 2021 : un séisme de magnitude 7,2 sur l’échelle de Richter frappe l’ensemble du pays.

— Avec l’Agence France- Presse

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