Victime du syndrome du second impact ?
Zapata a subi deux commotions cérébrales en l’espace de quelques mois
En raison des coups répétitifs à la tête, les boxeurs sont souvent victimes de commotions cérébrales. À la lumière des informations qui sont maintenant connues, Jeanette Zacarias Zapata pourrait avoir été victime du syndrome du second impact samedi soir sur le ring du court Rogers.
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C’est une complication rare d’une commotion cérébrale. Lorsqu’une personne en est victime, on assiste à une enflure prononcée du cerveau.
Deuxième commotion ?
Cela se produit lorsqu’un athlète est victime d’une deuxième commotion alors que la première n’est pas encore complètement guérie. Au cours des dernières années, plusieurs athlètes en sont décédés.
Est-ce que c’est ce qui est arrivé à Zapata ? C’est possible selon le spécialiste Dave Ellemberg.
« Comme on le sait, elle a été knockée au mois de mai, a souligné celui qui est neuropsychologue clinicien. C’est très possible qu’elle ait été victime du syndrome du second impact.
« Le deuxième impact, celui qu’elle a subi samedi, a pu causer une enflure cérébrale importante et un possible saignement cérébral. Si elle n’a pas eu d’enflure et de saignement, elle a de bonnes chances de s’en sortir avec peu de séquelles. »
Dans les secondes après sa défaite, on a vu Zapata convulser alors qu’elle était encore debout.
« C’est l’activité électrique dans le cerveau qui n’est plus synchronisée normalement, a expliqué Dr Ellemberg. Le cortex moteur, qui contrôle les bras et les jambes, peut être atteint. C’est ce qui est le plus visible.
« Par contre, ça touche aussi les fonctions de la parole, de la vision, de l’audition. La personne perd son tonus musculaire. C’est pour cette raison que Zapata s’est effondrée. »
- Pour la plus récente mise à jour de l'état de santé de Zapata, écoutez l'entrevue de Philippe-Vincent Foisy avec Yvon Michel sur QUB radio:
Avoir les bons outils
Après sa défaite au mois de mai, Zapata a subi des tests médicaux au Mexique. Elle avait passé deux « scans » cérébraux qui n’avaient révélé aucune anomalie.
Puis, lorsqu’elle a accepté de venir en découdre avec Marie-Pier Houle, la Mexicaine a dû obtenir d’autres « scans » de son cerveau avant de les envoyer à la Régie au Québec. Encore là, tout était en règle.
À son arrivée à Montréal, l’athlète de 18 ans a passé avec succès tous les tests médicaux exigés par la Régie avant de monter sur le ring.
- Écoutez l'entrevue d'Enrico Ciccone avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:
« Il faut avoir les bons outils pour avoir une bonne évaluation du cerveau, a précisé Ellemberg. Après son duel du mois de mai, elle a fait des tests et elle était correcte selon leurs examens.
« Selon une étude qu’on a publiée récemment, un athlète sur quatre, qui obtient le feu vert des médecins, n’est pas prêt à retourner au jeu. Le cerveau n’est pas encore remis. »
Dans un monde idéal, Dr Ellemberg aimerait voir des tests de tomodensitométrie plus poussés afin d’avoir un portrait juste des cerveaux des boxeurs.
« Les tests d’imagerie classiques n’ont pas la sensibilité pour répertorier les déficits et les dommages associés à la commotion cérébrale, a-t-il indiqué. Avec des tests plus poussés, tu peux voir les différentes régions du cerveau qui sont connectées. »
La prudence est de mise
Les prochains jours seront déterminants pour Zapata selon le président de l’Association québécoise des médecins du sport et de l’exercice, Dr Luc de Garie.
« Ça peut aller des deux côtés. Habituellement, les victimes de trauma comme ça ont des séquelles permanentes d’une certaine façon. C’est rare qu’ils retrouvent une fonction cérébrale totalement normale », a-t-il souligné.
Tout dépend des secteurs du cerveau qui ont été touchés.
« Tous les centres de contrôle et de commandes sont différents d’une place à l’autre. La vision est plus à l’arrière, la parole est plus à gauche. Les séquelles, on va les savoir plus dans les semaines, mois à venir », a insisté Dr de Garie.
-Avec la collaboration de Laurent Lavoie