Événement tragique au gala GYM : «Je me sens coupable» – Marie-Pier Houle
La boxeuse québécoise Marie-Pier Houle est ébranlée par ce qui arrive à sa rivale mexicaine
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Marie-Pier Houle vit des moments difficiles depuis samedi soir. Sa victoire dramatique contre Jeanette Zacarias Zapata lui fait vivre des émotions qui oscillent entre la culpabilité et la tristesse.
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« Je me sens coupable même si je sais que ça fait partie des risques de notre métier, a souligné la boxeuse québécoise avec des sanglots dans la voix. Tout le monde me dit de ne pas me sentir coupable et que mon combat était propre. Je n’ai pas frappé après la cloche.
« Je n’affrontais pas une fille qui avait une fiche de 0-45. Oui, elle avait subi deux knock-out, mais on ne connaissait pas les circonstances de ces combats. On ne connaît pas non plus le type de préparation qu’elle avait eu avant notre combat.
« C’est un incident malheureux. Ça me met à l’envers. »
Très peu de sommeil
Depuis samedi, Houle (4-0-1, 2 K.-O.) n’a pas beaucoup dormi. Elle repasse en boucle les dernières secondes de son choc contre Zapata (2-4-0), au stade IGA.
« Je sais que je vais devoir passer par-dessus afin de poursuivre ma carrière, a-t-elle ajouté. Pour le moment, c’est trop frais, et je ne fais que penser à elle et à sa famille qui est au Mexique et qui ne peut pas être à son chevet. »
La boxeuse de 31 ans a l’intention de visiter Zapata dans les prochains jours. C’est une démarche importante à ses yeux. La Mexicaine de 18 ans reposait toujours lundi dans un état critique, mais stable, à l’hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal.
- Écoutez le journaliste sportif du Journal de Montréal, Mathieu Boulay, avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:
Scène horrible
Houle se souvient de façon détaillée des derniers moments de l’affrontement contre Zapata. À ce moment-là, elle a décidé de finir le quatrième round avec force pour ne pas laisser de doute dans la tête des juges.
« J’ai augmenté mon intensité et je l’ai touchée avec des coups, a raconté Houle. Le dernier que je lui ai donné, son protecteur buccal est sorti de sa bouche.
« Je me suis reculée un peu en me disant que l’arbitre allait faire quelque chose. Je ne voulais pas continuer de la frapper. Puis, la cloche a sonné. »
- Écoutez la chronique de Vincent Dessureault au micro de Geneviève Pettersen à QUB radio
Voyant l’état de Zapata, l’arbitre a arrêté le combat. Sans regarder sa rivale, Houle s’est mise à célébrer sa victoire sur le ring.
« Elle était encore debout. Ce n’était pas mon intention d’avoir l’air arrogante dans mes célébrations. Quand je suis revenue dans mon coin, mon entraîneur [Sébastien Gauthier] m’a dit que ça n’allait pas bien.
« Je me posais des questions. Je ne pensais pas que c’était aussi grave. Je croyais que les interventions des médecins étaient faites par mesure préventive.
« Par contre, lorsque j’ai vu qu’elle était sous oxygène, je me suis dit que c’était sérieux. »
Houle n’a pas été mise au courant de l’état de santé précaire de Zapata avant la fin de la soirée.
« Après le combat de Kim [Clavel], je suis allée me changer. J’ai croisé un médecin de la Régie [des alcools, des courses et des jeux] et il m’a annoncé que ça n’allait pas bien. Ça m’a donné une claque dans la face. »
Retour au travail
Houle a reçu des commentaires vicieux de certains amateurs sur sa page Facebook.
« J’ai reçu des messages haineux. Les gens m’accusent de certaines affaires. Je n’ai pas trop regardé ce qui s’écrivait parce que ça aurait été un clou de plus dans le cercueil. »
Ce matin, elle doit reprendre son boulot de physiothérapeute dans une clinique de la Rive-Nord de Montréal.
« J’ai parlé à mon patron qui m’a offert son support. J’ai besoin de sortir de chez nous et d’être moins sur les réseaux sociaux.
« Avant ce combat, mes patients me supportaient énormément. J’ai juste peur d’arriver au travail et d’affronter les regards des gens. »
Une campagne de sociofinancement sur le site web GoFundMe a été lancée par l’entraîneur Moe Latif pour donner un coup de pouce à Jeanette Zacarias Zapata.