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Rentrée télé 2021: Qui aura du public en studio? Qui n’en aura pas?

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La rentrée télé automne 2021 marquera-t-elle le grand retour des émissions enregistrées devant public ? Oui et non. Certes, TVA, Radio-Canada et Noovo ont rouvert leurs portes aux spectateurs, mais aucune foule monstre n’est acceptée. Et Télé-Québec continuera de présenter ses émissions sans auditoire.

De tous les rendez-vous qui seront diffusés cet automne, c’est Révolution qui disposera du plus large auditoire maison. En début d’été, la première ronde a été enregistrée devant 150 spectateurs. Plus récemment, en raison des nouvelles directives plus permissives du gouvernement, 250 personnes ont assisté au deuxième tour.

Sarah-Jeanne Labrosse sur le plateau de la troisième saison de Révolution.
Photo osa, Thierry du Bois
Sarah-Jeanne Labrosse sur le plateau de la troisième saison de Révolution.

Ce nombre est toutefois bien inférieur aux 450 amateurs qui étaient au rendez-vous lors des deux premières saisons.

Toujours à TVA, Julie Bélanger et José Gaudet animeront Ça finit bien la semaine devant une trentaine de personnes dans quelques semaines. La nouvelle compétition ludique Chanteurs masqués profitera également de véritables applaudissements. Même chose pour Bijoux de famille, que Charles Lafortune et compagnie ont enregistré en extérieur au Saint-Sulpice, à Montréal.

A contrario, Guy Jodoin continuera de piloter Le tricheur en formule intimiste, c’est-à-dire sans spectateur. De son côté, La poule aux œufs d’or accueillera de nouveau les participants en studio. Mais aucun supporter ne viendra brandir de pancarte l’œuf ou l’enveloppe. 

Auditoires clairsemés

À Radio-Canada, les auditoires en studio seront encore plus clairsemés.

La semaine dernière, le diffuseur public a permis qu’un nombre extrêmement limité de membres du public recommencent à assister aux enregistrements de quelques émissions, dont Les enfants de la télé. Alors qu’en temps normal, André Robitaille et Édith Cochrane sont entourés de 220 personnes, cette fois, 36 étaient sur place. Pour Prière de ne pas envoyer de fleurs, on parle de 22 spectateurs au lieu de 120.

Le nombre de personnes admises est calculé en fonction du décor, nous explique Sophie Morasse, première directrice, Émissions Culture, variétés et société. « Au provincial, c’est rendu un mètre, mais puisqu’on suit les normes de Santé Canada, on doit respecter les deux mètres de distance. »

Quant aux Petits tannants, le nouveau talk-show familial que Pierre Hébert enregistrera à compter du 13 octobre, et 1res fois, que Véronique Cloutier retrouvera durant cette même période, la direction de Radio-Canada poursuit sa réflexion. 

« On sait qu’en pandémie, quelques semaines, c’est l’équivalent d’une année normale, souligne Sophie Morasse. Les choses peuvent vite changer. On a donc décidé d’attendre avant de statuer. »

Une chose est sûre : dans deux semaines, Tout le monde en parle reviendra en ondes en direct et sans public. Puisqu’on voit très bien les spectateurs en studio durant la grand-messe dominicale, Radio-Canada souhaite les réintégrer quand elle pourra en accueillir plus qu’une poignée.

Phil Roy durant l’enregistrement de Qui sait chanter ? entouré de quelques dizaines de spectateurs.
Photo Productions ToRoS
Phil Roy durant l’enregistrement de Qui sait chanter ? entouré de quelques dizaines de spectateurs.

80 chez Julie

À Noovo, La semaine des 4 Julie effectuera son retour devant 80 personnes aux studios MTL Grandé, dans Pointe-Saint-Charles.

Quant au nouveau rendez-vous hebdomadaire Qui sait chanter ? animé par Phil Roy, les téléspectateurs verront son auditoire maison augmenter graduellement en cours de saison. Puisque ses enregistrements ont débuté au printemps, on comptera 20 personnes au cours des premières semaines de diffusion, puis 45 au cours des dernières.

Cinquante spectateurs seront également présents pour rire des blagues des prétendants au titre du Prochain stand-up à compter du jeudi 16 septembre.

Télé-Québec préfère attendre

Du côté de Télé-Québec, aucune émission automnale ne sera présentée devant public. Ni Génial, ni Belle et Bum, ni Y’a du monde à messe, ni Cette année-là.

La situation sanitaire étant encore précaire en raison du variant Delta, le diffuseur n’a pas souhaité réaménager ses décors pour faire une place aux spectateurs, au cas où l’arrivée d’une quatrième vague plus costaude que prévu l’oblige à reculer.

« Les allers-retours, défaire et refaire, c’est très exigeant, explique Virginie Langlois, directrice des contenus grand public à Télé-Québec. Les gens sont fatigués. Demander aux équipes de continuellement s’adapter conditionnellement à telle ou telle contrainte, ça use. Je pense que tout le monde a envie de santé et sécurité en premier. Pour l’instant, on préfère être prudent. Après, on verra. » 

Des arguments pour, des arguments contre  

Le public a réintégré le plateau des Enfants de la télé cette semaine.
Photo courtoisie
Le public a réintégré le plateau des Enfants de la télé cette semaine.

Posez la question à n’importe quel animateur, la réponse risque d’être semblable : un studio rempli de gens qui applaudissent, ça n’a pas de prix.

Plus tôt cette semaine, lors d’un point de presse virtuel pour décortiquer la programmation 2021-2022 de Radio-Canada, Guy A. Lepage a avoué qu’il avait particulièrement hâte de revoir du public aux enregistrements de Tout le monde en parle.

Les diffuseurs comprennent pourquoi leurs animateurs-vedettes préfèrent diriger leurs plateaux en présence d’un auditoire captif.

« Ça fait une différence, reconnaît Sophie Morasse, première directrice, Émissions Culture, variétés et société à Radio-Canada. Quand je regarde nos animateurs enregistrer leurs shows, je sais que ce qu’ils voient, c’est des caméramans masqués, des gens à deux mètres, des bancs vides... Ce qu’ils voient, c’est la pandémie, c’est la COVID-19... Je sais qu’ils trouvent ça difficile. »

Les invités en profitent

La présence de spectateurs en studio n’aide pas seulement les animateurs à « livrer la marchandise ». Elle profite également aux invités, souligne Denis Dubois, vice-président de contenus originaux chez Québecor.

« Star Académie a souffert l’hiver dernier. Dans une compétition, le public amène un souffle, une énergie. Les encouragements des gens influencent les performances, c’est certain. Et Bijoux de famille sans public, c’est impossible. Faire des numéros de stand-up sans avoir de réaction, c’est impensable. Déjà qu’avec aussi peu de gens, c’est compliqué... »

Même son de cloche du côté de Charles Lemay, directeur des communications et producteur au contenu chez Productions ToRos, la boîte derrière La semaine des 4 Julie et Qui sait chanter ? à Noovo.

« C’est certain que pour nous, c’est un gros plus d’avoir du public. Ça donne vraiment l’énergie nécessaire à Julie (Snyder) ou Phil (Roy) pour donner un show. Quant aux artistes invités, ils trouvent ça l’fun d’avoir une réaction quand ils font une blague ou quand ils racontent une histoire. »

Présidente de Public cible, une entreprise québécoise chargée de recruter des spectateurs pour assister aux enregistrements de différentes émissions de télévision, Caroline Tremblay est catégorique : le public pousse les participants à donner le meilleur d’eux-mêmes.

« Quand tu joues devant une salle pleine, c’est sûr que t’es plus performant. Quand tout ce qui t’entoure, c’est des kodaks, c’est moins motivant. » 

Contre toute attente

Certes, l’absence de spectateurs en studio a pénalisé les émissions de variétés au cours du calendrier télévisuel 2020-2021. Mais pour d’autres types de programmes, c’est l’inverse.

« Christian (Bégin) adore animer Y’a du monde à messe devant un public, mais quand il n’y en a pas, il porte beaucoup plus attention aux propos des invités, déclare Virginie Langlois, directrice des contenus grand public à Télé-Québec. L’ambiance est plus feutrée. Le contenu est beaucoup plus mis de l’avant. »

Contre toute attente, le diffuseur a même trouvé des avantages à présenter une émission de performances musicales comme Belle et Bum en formule intimiste.

« Belle et Bum est maintenant tournée en 360 degrés, souligne Virginie Langlois. L’équipe a investi les lieux. Les plans de caméras et l’éclairage ont changé. Ça donne une captation beaucoup immersive. Le public est sorti du studio, mais étonnamment, le téléspectateur s’est rapproché. »

Une émission comme La Tour, de Patrick Huard, est également sortie gagnante de l’arrêt des enregistrements en présence de spectateurs.

« Au départ, on imaginait La Tour avec public, révèle Denis Dubois de Québecor. Mais dans ce genre d’émission d’entrevues, la présence du public change le comportement des invités. Ils deviennent soudainement conscients de tout ce qui arrive autour d’eux. Ils ont tendance à « performer » au lieu d’être eux-mêmes. Dans des shows où l’on veut des gens se livrer, le public est vraiment moins prioritaire. C’est ce qu’on a réalisé. »

Animateur de foule en pandémie  

L’animateur de foule Maxime Charbonneau durant l’enregistrement de Chanteurs masqués.
Photo Productions ToRoS
L’animateur de foule Maxime Charbonneau durant l’enregistrement de Chanteurs masqués.

La COVID-19 a beaucoup touché les animateurs de foule. Lorsque la Santé publique a obligé les réseaux à fermer leurs studios au public, plusieurs d’entre eux n’ont pas été capables d’exercer leur métier durant plusieurs mois.

Maxime Charbonneau s’en est bien sorti. En entrevue au Journal, l’animateur de foule d’En direct de l’univers, Bijoux de famille, Belle et Bum et plusieurs autres émissions bien connues des téléspectateurs, affirme s’en être bien sorti, notamment grâce aux producteurs comme Charles Lafortune, Julie Snyder et Jean-Philippe Dion, qui n’ont jamais arrêté de retenir ses services.

« Sur La semaine des 4 Julie, on m’a donné un pad électronique avec différents types de sons, de rires, d’applaudissements et d’effets sonores que j’avais le devoir d’ajouter à l’émission durant l’enregistrement, raconte Maxime Charbonneur. Pour Star Académie, j’étais avec un bruiteur en coulisses durant les variétés du dimanche. Je callais la shot comme si j’avais un vrai public avec moi. »

Un public heureux

L’agenda de Maxime Charbonneau s’est rempli à vitesse grand V au cours des dernières semaines, alors qu’un nombre croissant de plateaux acceptent de nouveau les visiteurs. Selon ses dires, les gens sont heureux de retrouver le chemin des studios. « Les gens ont envie de sortir, de s’amuser. Ça paraît. C’est souvent l’euphorie et l’enthousiasme. Ça facilite mon travail. J’ai animé la foule des galas Juste pour rire cet été à la salle Wilfrid-Pelletier. Il n’y avait pas 3000 personnes comme d’habitude, mais quand j’ai généré les premiers applaudissements, c’était difficile de distinguer le manque de spectateurs tellement ça criait fort ! »

Des exceptions

Bien qu’il gagne sa vie en animant les foules en studio, Maxime Charbonneau reconnaît que certaines émissions gagnent à embrasser une formule minimaliste.

« Souvent, la présence du public rehausse tout. Ça décuple les émotions. Mais j’ai animé la foule sur Bonsoir bonsoir. C’était génial, mais sans public, je dois l’avouer, ça fonctionne. »

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