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Coupable d’avoir aidé un proxénète

Il avait mis en contact à 36 reprises une victime d’exploitation sexuelle avec son bourreau qui était en prison

Capture d'écran Billy Lapierre
Capture d'écran YouTube Rappeur à ses heures, Billy Lapierre a consacré une chanson à un proxénète emprisonné après l’avoir aidé à contacter sa victime.

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Un jeune homme qui a aidé un proxénète en prison à influencer sa victime en l’appelant à 36 reprises en 14 jours espère éviter un casier judiciaire. 

À peine sorti de prison pour avoir exploité une jeune femme, le proxénète Tommy Agnant-Perreault a une fois de plus été arrêté le 11 septembre 2019, pour l’avoir forcée à se prostituer à nouveau. 

Agnant-Perreault n’avait pas le droit de contacter sa victime. De la prison, il a malgré tout réussi à lui parler au téléphone à 36 reprises en deux semaines, grâce à l’aide de son ami Billy Lapierre, qui organisait des conférences téléphoniques à trois.

Lapierre a servi d’intermédiaire jusqu’au 25 septembre 2019, journée de l’enquête sur caution de Tommy Agnant-Perreault au palais de justice de Longueuil. 

Ces contacts auraient permis au proxénète d’influencer sa victime pour qu’elle retire sa plainte. 

L’audience avait d’ailleurs été chamboulée par la scène qu’avait faite la jeune femme, qui s’était pointée sans y être convoquée. Elle réclamait de retirer illico sa plainte, alléguant avoir menti, et disant regretter de lui avoir fait « perdre du temps de qualité », rapportait Le Journal à l’époque.

La juge Anne-Marie Jacques avait malgré tout refusé de libérer Agnant-Perreault dans l’attente de son procès, accordant peu de crédibilité aux propos de la victime, qui disait avoir tout inventé. 

Lors de l’audience, la jeune femme était accompagnée de Billy Lapierre. Même si ce dernier n’a servi que d’intermédiaire entre Tommy Agnant-Perreault et sa victime, il n’a pas échappé à la justice. 

Aveuglement volontaire

Lapierre, alors âgé de 20 ans, a en effet été arrêté quelques semaines après, puis a été accusé au criminel. Il a plaidé coupable d’avoir, par aveuglement volontaire, agi en vue d’aider son ami à contacter sa victime malgré un interdit. 

« Cette dame collaborait avec le système de justice. À partir du 11 septembre [2019], elle a des communications avec M. Lapierre et ensuite elle vient tout nier en bloc en Cour. C’est quand même parlant comme situation », a déploré cette semaine la procureure de la Couronne, Me Ève Malouin, dans le cadre des observations sur la peine de Billy Lapierre.

Elle a même présenté en salle d’audience un vidéoclip de Lapierre, rappeur à ses heures, qui a été mis en ligne quelques semaines après qu’Agnant-Perreault, surnommé The Fly, se fut vu refuser sa libération sous caution. 

« Libérez The Fly », lance-t-il à un moment, les bras croisés comme s’il portait des menottes. 

« Désolé, je n’ai pas réussi à te faire libérer », dit-il aussi en anglais. 

Me Malouin a ainsi plaidé qu’il est important d’envoyer un message dissuasif à tous ceux qui gravitent autour des proxénètes. 

« Pour éviter que leur entourage se mette à intimider [des victimes] ou les aider à prendre la voie d’évitement du système judiciaire », a-t-elle lancé, ajoutant que la problématique liée au proxénétisme est « très importante ».

Elle a suggéré une peine suspendue assortie à 150 heures de travaux communautaires. 

Il clame avoir changé

Assurant avoir depuis « changé de vie », Billy Lapierre espère pour sa part ne pas traîner un casier judiciaire. Son avocate, Me Agathe Léouffre, a suggéré une absolution conditionnelle, ce qui lui éviterait un antécédent judiciaire. Un casier judiciaire pourrait compromettre ses plans futurs, a-t-il dit.

Il pourrait en effet perdre son emploi chez un prêteur sur gages, où on lui demande de montrer patte blanche. Il déplore également que depuis qu’il fait face à la justice, ses assurances lui coûtent plus cher et qu’il se fasse constamment « coller » par les policiers. 

Lors de son témoignage, il a dit que sa chanson sur Agnant-Perreault n’était pas en lien avec son cautionnement refusé, mais bien pour envoyer un message de solidarité au proxénète. « Free the Fly, ça veut dire “reste fort” », a-t-il raconté, ajoutant qu’il ne « respecte pas du tout » ce que son ami a fait. 

Le juge Marc-Antoine Carette rendra sa décision le mois prochain. 


Le proxénète Tommy Agnant-Perreault a finalement plaidé coupable en juillet 2020 et a écopé d’une peine de 30 mois de prison. Il a depuis été libéré.

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