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Pénurie de vétérinaires: des animaux entassés dans des conditions cruelles dans des abattoirs

Manque de Vétérinaire
Martin Noiseux a perdu cette brebis hier matin à cause des conditions dans lesquelles le bétail se trouve lorsqu’un vétérinaire manque une journée de travail. Photo Pierre-Paul Poulin


Des centaines d’agneaux, vaches ou porcs s’entassent dans certains abattoirs québécois dans des conditions atroces en attendant leur sort à cause d’une pénurie de vétérinaires qui ne cesse de s’aggraver.

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« Ça me brise le cœur de voir ces animaux entasser comme ça ! Ils ne sont pas censés l’être pendant aussi longtemps. Là on doit trouver une ferme pour relocaliser les bœufs pour la nuit pour qu’ils aient de l’espace et ne restent pas coincés ici », explique Martin Noiseux, copropriétaire de l’Abbatoir Noiseux, situé à Marieville en Montérégie.

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Photo Pierre-Paul Poulin

Lundi soir, il a appris que le vétérinaire du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) affecté à son établissement ne pourra se présenter dans son entreprise le lendemain.

Sans cet employé gouvernemental qui vérifient que les animaux sont en bonne santé, il lui est impossible d’abattre les animaux qui lui sont amenés par les fermes locales.

Manque de Vétérinaire
Dans les enclos, les bêtes sont entassées en attendant qu’on trouve une solution pour leur donner un espace acceptable jusqu’à leur abattage. Photo Pierre-Paul Poulin

Résultat : le bétail arrivé la veille s’amasse dans les quatre petits enclos de l’abattoir. Les bœufs se retrouvent collés les uns aux autres au point d’avoir du mal à se retourner. Une quarantaine d’agneaux s’agglutinent dans deux box qui en accueillent normalement moitié moins.

Décès

Dans ces conditions, le bétail est particulièrement stressé, a chaud et a du mal à respirer, et cela a causé le décès d’une brebis mardi matin, ajoute-t-il. 

Plusieurs fermiers ont aussi dû faire demi-tour avec leur bétail, puisqu’aucun abattage n’a pas être effectué hier chez M. Noiseux.

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Photo Pierre-Paul Poulin

Michael Lamarche, propriétaire de l’abattoir BL à Racine en Estrie, a aussi fait les frais de la pénurie de vétérinaires qui sévit depuis plusieurs années.

« Le gouvernement est obligé de nous fournir un vétérinaire, mais il n’en est même pas capable ! C’est déplorable ! Il prône l’autonomie alimentaire, mais laisse les animaux dépérir dans nos étables et la situation va empirer dans les prochaines années », s’indigne-t-il.

À l’abattoir Volailles des Cantons, cette pénurie de vétérinaires empêche l’entreprise de prendre de l’expansion.

« J’ai deux jours d’abattage garantis par le MAPAQ. Ça fait deux ans que je demande des journées de plus, mais on n’est toujours pas capable de me les donner parce qu’il manque de vétérinaires », soutient Martin Dion, président l’entreprise située à Sainte-Hélène-de-Bagot, en Montérégie.

De son côté, le MAPAQ indique être continuellement à la recherche de solutions pour endiguer le problème.

« En cas de bris de service, le ministère offrira du support et de l’accompagnement visant à diminuer l’impact pour les producteurs. Le ministère travaillera en collaboration avec les exploitants d’abattoirs et les producteurs agricoles », indique-t-on par courriel.

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Photo Pierre-Paul Poulin

Effet domino

La pénurie occasionne des répercussions sur toute la chaîne de productions puisque ce sont aussi les boucheries et restaurateurs qui en subissent les conséquences.

Michel Boulet, propriétaire de la boucherie Prince noir au Marché Atwater, encaisse un retard important dans la livraison de ces produits qui doivent remplir ses étalages pour la semaine.

« Quand on n’a pas de stock, qu’est-ce qu’on vend ? On perd de l’argent et ça peut représenter des milliers de dollars », soutient celui qui travaille dans le domaine depuis 40 ans.

Difficile de recruter des vétérinaires  

Le nombre de médecins vétérinaires est toujours insuffisant au MAPAQ malgré les mesures prises pour attirer ces professionnels.

« Le gouvernement reconnaît qu’il y a un problème majeur au MAPAQ. Le nombre de postes vacants de vétérinaires est d’environ 11 % et ça prend près de 127 jours pour trouver un employé », signale la présidente du Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec, Line Lamarre, citant un rapport du comité sur les médecins vétérinaires daté du 4 juin 2020.

Pas assez

Depuis, trois moyens ont été choisis par le gouvernement pour attirer et retenir les vétérinaires : les salaires ont été rehaussés, ils sont embauchés à l’échelon 8 et une « prime d’inconvénient » de 5 % leur est offerte s’ils acceptent de travailler en abattoir.

« Mais ce n’est pas encore suffisant. On n’arrive pas à les garder », plaide Mme Lamarre. 

Cette pénurie « extrêmement préoccupante qui s’est aggravée dans les dernières années » selon la directrice des communications de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, Patricia Noël, touche par ailleurs l’ensemble de la profession, tant pour les animaux de compagnies que dans les abattoirs.

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