[PHOTOS] Pompier mort en devoir: dernier hommage grandiose à un grand homme
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Plus de 3000 pompiers de partout au Canada et aux États-Unis ont convergé vers le Vieux-Montréal, vendredi, pour rendre hommage au pompier Pierre Lacroix, mort en héros il y a deux semaines dans les rapides de Lachine.
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En plus de pompiers américains, des sapeurs venus d’aussi loin que Calgary et Vancouver avaient fait le voyage jusque dans la métropole pour apporter leur soutien à la famille et à leurs collègues montréalais.
C’est tout un cortège qui a accompagné l’urne renfermant les cendres du pompier de 58 ans jusqu’à la basilique Notre-Dame, où avaient lieu les funérailles.
Membres de la famille, collègues, amis et dignitaires étaient présents pour l’occasion.
L’un des moments émouvants des obsèques a été l'entrée des pompiers dans la basilique. Ils marchaient d’un pas lent, transportant respectivement l’urne, le casque de pompier du défunt et son képi, au son de la chanson Si Dieu existe.
Durant la cérémonie, un ami et collègue de longue date de Pierre Lacroix à la caserne 64 de Lachine a parlé de son «chum» comme d’un «bon père de famille» qui laissera un grand vide au sein de la confrérie des pompiers.
«Il influençait les jeunes par ses bonnes manières, a dit le pompier Yannick Dion. Il était prêt à se sacrifier et à se salir les mains pour les autres. Au premier regard, il avait l’air d’un pompier sévère, avec ses gros sourcils et sa moustache de motard. Il avait l’air difficile d’approche.»
«Mais derrière ses airs de tough se cachait un homme accessible, sensible, toujours prêt à écouter. D’un dévouement sans limites, il ne demandait jamais rien en retour», a ajouté M. Dion.
Assis dans la première rangée, les deux filles de Pierre Lacroix ont éclaté en sanglots lorsque le collègue de leur père a raconté comment le défunt était fier d’elles. «Il aimait ses filles, Annick et Stéphanie. Il parlait souvent d’elles avec les yeux brillants. Il était tellement fier d’elles», a rappelé Yannick Dion.
Tous les gens qui se sont succédé au micro ont unanimement souligné le dévouement de Pierre Lacroix pour aider les gens. Aider faisait partie de son ADN.
«Que ce soit au travail, dans sa communauté ou dans sa famille, Pierre aimait aider les autres et son geste final, son geste ultime, c’était un geste pour aider des personnes en péril», a dit le directeur du Service de sécurité incendie de Montréal, Richard Liebmann.
«On se souviendra à jamais du pompier Lacroix qui est mort exactement comme il a vécu: en aidant les autres», a-t-il ajouté.
«Pierre, quand les projecteurs s’éteindront, quand la longue nuit du deuil viendra, nous pourrons te rendre la pareille en prenant soin de tes proches. Comme tu l’aurais fait pour nous en pareilles circonstances. Dans ta modestie, tu as été grand. Tu es disparu comme tu as vécu: en étant présent et en aidant», a mentionné pour sa part Sébastien Vincent, un bon ami.
Pompier depuis une trentaine d’années, Pierre Lacroix a connu une fin tragique dans la soirée du 17 octobre dernier, durant une délicate opération de sauvetage visant à secourir deux plaisanciers en panne sur le fleuve Saint-Laurent.
Durant l’intervention, le bateau à bord duquel se trouvait Pierre Lacroix a soudainement chaviré et le pompier s’est retrouvé coincé dessous, incapable de se libérer. Son corps a été retrouvé plusieurs heures plus tard.
M. Lacroix devait prendre sa retraite l’année prochaine.
Il est le premier pompier à mourir en devoir au Québec depuis 2018.
Ce qu’ils ont dit...
Valérie Plante, mairesse de Montréal: «Je tiens à saluer le courage et le dévouement de M. Lacroix et celui de ses collègues qui ont tout fait pour le sauver. (...) Le sacrifice de M. Lacroix ne sera jamais oublié. Il a payé de sa vie pour sauver celle des autres. C’est le plus beau et le plus grand sacrifice.»
Richard Lafortune, vice-président de l’Association des pompiers de Montréal: «Pierre avait une force de caractère, un courage et un engagement exemplaires. Pierre représente ce qui est grand et bon chez nos pompiers et pompières. Il était parmi les meilleurs d’entre nous. C’est un héros. Il a fait le sacrifice ultime au service de sa ville et de sa communauté, et tous lui seront éternellement reconnaissants. Nous le disons tous: il était l’excellence même. Il n’y a pas de mots, pas de cérémonie et pas de monument commémoratif qui peuvent combler ce vide. Ce trou noir dans la poitrine que vous ressentez, que nous ressentons tous. Mais le jour viendra où le souvenir de Pierre fera sourire avant de pleurer. Mon souhait est que ce jour vienne plus tôt que tard.»
Yannick Dion, ami et collègue à la caserne 64: «Doyen de l’équipe, il incarnait très bien ce rôle. Il agissait comme un bon père de famille. [...] Il était une encyclopédie sur pieds bronzés. Il connaissait mieux son secteur que Google Maps. Il nous surprenait toujours par ses vastes connaissances générales. Par exemple, il pouvait nommer le gagnant de la médaille de bronze au lancer du javelot aux Jeux olympiques de 1976, alors qu’il n’aimait pas le javelot.»