Recul de Québec sur la vaccination obligatoire : soulagement et déception dans le réseau de la santé
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Le recul définitif de Québec d’obliger le personnel soignant à se faire vacciner divise employés et acteurs du réseau de la santé.
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« Je suis un peu déçue. Je m’attendais qu’on s’assure de la bonne santé de la population », réagit Manon Pilon, une physiothérapeute à l’Hôpital Jean-Talon, à Montréal, croisée par Le Journal.
Doublement vaccinée, cette dernière trouve « incompréhensible » que des employés refusent encore le vaccin.
- Écoutez le journaliste Alexandre Dubé avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:
Elle aurait aimé que le gouvernement trouve un moyen pour respecter son obligation, bien qu’elle soit bien au fait de l’enjeu de la pénurie du personnel.
Croisée quelques minutes plutôt, Najla Salmi, qui est préposée à la stérilisation au même hôpital, pense pour sa part qu’il s’agit d’une bonne nouvelle.
« Pour moi, c’est “chacun a son droit”. Il faut qu’il y ait un respect », soutient l’employée adéquatement vaccinée, mais qui exprime tout de même des doutes sur l’efficacité des vaccins.
Chez des médecins, la nouvelle est aussi accueillie de façon mitigée.
« On s’en allait dans le mur, la ceinture détachée, pas de coussin gonflable. Alors que là, on va frapper le mur, mais moins vite », illustre le Dr Benoit Heppell, chef du département de médecine générale du CIUSSS de l’Estrie-CHUS.
De son côté, l’intensiviste et pneumologue Yannick Poulin parle d’une décision « inacceptable » et « incompréhensible ».
- Écoutez l'entrevue avec Yves Lamontagne, ex président du collège des médecins au micro de Richard Martineau sur QUB radio :
Des experts déçus
« On aura des travailleurs qui seront des potentiels vecteurs de la COVID dans les établissements de santé, où on doit s’assurer d’une sécurité des soins optimale », déplore Roxane Borgès Da Silva, professeure en gestion, évaluation et politiques de santé à l’École de santé publique de l’Université de Montréal
Pour elle, la solution des trois tests de dépistage du gouvernement comporte des brèches, car un employé pourrait être déclaré négatif tout juste avant de commencer sa période « d’hypercontagiosité » sur son milieu de travail.
« On n’a pas réussi à convaincre les travailleurs de la santé non vaccinés, donc [le ministre Christian Dubé] se cherche une porte de sortie », fait valoir l’épidémiologiste Nimâ Machouf, qui affirme qu’elle refuserait elle-même de se faire traiter par des soignants non vaccinés.
Un moindre mal, dit la FIQ
Pour la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui représente la grande majorité des infirmières et des inhalothérapeutes au Québec, ce recul est un « moindre mal » pour éviter les bris de services.
– Avec Mélissa Fauteux et Vincent Larin, Agence QMI