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Féminicide dans Limoilou: les filles de la victime veulent du changement

Les filles de Nathalie Piché demandent des cours sur la violence conjugale

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Les trois filles de Nathalie Piché, victime d’un homicide conjugal en juin, réclament des changements pour qu’aucune autre femme ne subisse le même sort que leur mère.

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« C’était une femme qui voulait juste se faire aimer de quelqu’un », dit Catherine, la cadette de la famille. 

Sa mère, Nathalie Piché, a été tuée le 14 juin dans le quartier Limoilou, à Québec. 

Son conjoint, Noureddine Mimouni, est accusé de meurtre prémédité. L’homme de 34 ans avait eu des démêlés avec la justice et les policiers avant le drame.  

Malgré un deuil difficile à faire, ses trois filles ont accepté de témoigner ensemble pour la première fois dans le cadre d’une émission sur les hommes violents présentée ce soir à J.E

Les filles de Nathalie Piché, Annabelle, Catherine et Stéphanie, ont témoigné à la caméra de J.E après le meurtre de leur mère.
Capture d'écran, TVA Nouvelles
Les filles de Nathalie Piché, Annabelle, Catherine et Stéphanie, ont témoigné à la caméra de J.E après le meurtre de leur mère.

Améliorer les choses

Elles souhaitent que la violence conjugale soit abordée dès le secondaire, comme d’autres enjeux de société tels que l’alcool au volant. 

« À l’école, on apprend les mathématiques, on apprend le français, mais les vraies choses de la vie, il faut en parler. Ça peut aider les jeunes femmes et les jeunes hommes à déceler des signes de la violence et du contrôle », dit Annabelle. 

  • Écoutez la chronique de Félix Séguin au micro de Richard Martineau sur QUB radio:   

Drapeau rouge

Les trois jeunes femmes estiment aussi qu’il faut mieux encadrer les conjoints qui font face à la justice. 

Dans le cas de Noureddine Mimouni, des accusations de voies de fait, séquestration et menaces avaient été portées contre lui en décembre 2020. Il a été libéré le jour même, sous certaines conditions.  

« À la première plainte, il devrait y avoir un drapeau rouge, déjà en partant », pense Annabelle. 

L’aînée de la famille, Stéphanie, se questionne à savoir si un suspect ne pourrait pas être gardé en observation le temps d’évaluer s’il représente un risque quelconque. 

« Ça devrait être pris au sérieux et qu’il y ait des mesures », dit-elle.

Les sœurs espèrent, en outre, que les hommes violents soient mieux pris en charge, allant même jusqu’à imposer des thérapies plus souvent (voir ci-bas). 

La présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, Chantal Arseneault, souhaite pour sa part que l’évaluation de dangerosité d’un conjoint ou d’un ex-conjoint violent puisse être imposée par un juge.

  • Écoutez le témoignage de Catherine Genois, fille de Nathalie Piché

« À partir du moment où une femme porte plainte, ce serait bien que les juges aient le pouvoir d’ordonner une évaluation des conjoints violents. Ce n’est pas vrai que toutes les situations de violence conjugale sont au même niveau de dangerosité pour la vie des victimes et de leurs enfants. » 

De l’aide pour les hommes violents        

Excès de colère, pensées violentes, propos agressifs ; des hommes se sont confiés à notre Bureau d’enquête sur leur passé violent et espèrent en convaincre d’autres d’aller chercher de l’aide.  

Jacques (nom fictif) ne réalisait pas que ses rages de colère étaient problématiques et dangereuses. 

« Je fantasmais sur la personne féminine avec qui j’ai eu un problème, je voulais lui trancher la gorge, vraiment prendre un couteau et lui trancher la gorge, pour vous dire à quel point j’étais chargé émotivement. Et intégrer Entraide pour hommes, ça m’a vraiment fait du bien. » 

Entraide pour hommes est un organisme qui intervient auprès d’hommes ayant des comportements violents.

Blâmer les autres

Un autre bénéficiaire, Patrick (nom fictif), explique qu’il avait tendance à accuser son passé pour justifier sa violence. 

« J’ai eu beaucoup tendance à me servir de mon passé pour justifier des comportements violents que j’ai vus, ce que j’ai dû subir. Malgré que j’en étais conscient, j’ai quand même reproduit ces comportements-là. » 

Geneviève Landry, directrice générale d’Entraide pour hommes, explique l’importance de dédramatiser la demande d’aide.

Questionnée sur la vague de féminicides, elle rappelle la nécessité d’évaluer la dangerosité d’un homme qui a des comportements violents.  

« Il faut que cet homme-là soit assis dans une ressource pour hommes pour qu’il soit évalué au niveau de la sévérité de la violence et du danger d’homicide. Je pense que la clef est là. Si tout le monde se sent responsable, la violence conjugale, ça me concerne, je pense qu’on va arriver à réduire le nombre d’homicides. » 

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