«Produit du Québec», vraiment?
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Vous avez peut-être remarqué qu’il existe entre les différents gins du Québec un grand écart de prix. Cela s’explique assez facilement: les gins du Québec, comme les autres spiritueux et les vins, ne sont pas tous élaborés de la même manière. Certains sont le fruit d’un processus artisanal, d’autres le fruit d’un processus industriel. C’est bien en soi: il y a de tout pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Là où le bât blesse, par contre, c’est que le consommateur ne s’y retrouve pas toujours et il peut facilement être confus devant les mentions plutôt vagues sur les emballages.
Il y a deux ans, répondant à la demande de nombreux consommateurs et professionnels de l’industrie devant le flou qui entoure la définition des «produits du Québec», la SAQ a créé trois nouvelles catégories pour tenter de distinguer les différents procédés d’élaboration.
Ce logo identifie quelques centaines de produits importés en vrac, assemblés et mis en bouteilles par une entreprise québécoise.
Ce second logo regroupe des produits «conçus par des gens d’ici avec des ingrédients d’ici et d’ailleurs». On retrouve dans cette catégorie une centaine de gins «locaux», qui sont en réalité composés d’un alcool de grain neutre distillé à échelle industrielle, par une raffinerie d’Ontario. Cet alcool sera ensuite distillé une dernière fois avec un cocktail d’herbes, d’épices et d’écorces de fruits destiné à lui donner sa signature aromatique.
Enfin, le logo Origine Québec identifie les produits élaborés ici par des artisans, avec des ingrédients cultivés (en quasi totalité*) au Québec. On y retrouve, par exemple, tous les vins certifiés IGP Vin du Québec, et quelques rares gins, distillés de la matière première (céréales, miel, fruits) à la bouteille.
*Notez qu’à ce jour, un seul gin (La société secrète, Gin Les herbes folles) est composé à 100% d’ingrédients québécois, incluant le genévrier gaspésien, cueilli par Gaspésie Sauvage. La grande majorité des distilleries doivent toutefois s’approvisionner auprès des principaux pays producteurs (souvent en Europe de l’Est) pour subvenir à leurs besoins importants en baies de genévrier, ingrédient essentiel du gin. La plupart des distillateurs rencontrés considèrent qu’une cueillette intensive du genévrier sauvage pourrait avoir des répercussions néfastes sur l’écosystème boréal.