Quand l’image en prend un coup
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Je n’avais encore jamais assisté au congédiement simultané d’un directeur général, d’un directeur du recrutement et d’un directeur des communications. Ce qu’on vient de voir chez le Canadien est sans doute une première dans la LNH.
Je parle évidemment de Marc Bergevin, de Trevor Timmins et de Paul Wilson, les trois amigos. Et c’est sans parler de la démission de Scott Mellanby, le directeur général adjoint. On connaît l’historique de Bergevin et de Timmins, mais le licenciement de Wilson est intrigant.
La saison 2020-21 n’a pas été facile et elle a mené au remerciement de Claude Julien. Bergevin était sur la corde raide et son bilan mitigé incitait Molson à lui trouver un successeur, mais il y a eu ce petit miracle en séries, et le Canadien s’est retrouvé en grande finale de la coupe Stanley pour une première fois depuis 1993.
Ce beau parcours aurait pu changer le destin du DG, mais deux semaines après la remise de la coupe au Lightning de Tampa Bay, Bergevin et Timmins ont jeté leur dévolu sur Logan Mailloux lors du premier tour du repêchage et ce choix controversé a changé la donne.
Il a fait mal paraître Geoff Molson, et la pression était telle qu’il a dû s’excuser publiquement. Bergevin et Timmins ont mal évalué la situation et comme l’image du CH était en jeu, il revenait à Wilson de conscientiser davantage les hommes de hockey.
Le dernier coup des trois amigos
Si Molson ne se rendait pas compte de la colère que ce choix allait provoquer chez le public, c’était à Wilson de le prévenir. Quelqu’un n’a pas fait son travail dans ce dossier et ce fut le dernier coup des trois amigos.
Malgré les succès du CH en séries, on comprend que Molson ne se soit pas empressé d’offrir une prolongation de contrat à Bergevin. Le divorce s’annonçait, mais le terrible début de saison a forcé le propriétaire à en devancer la date.
On tourne en rond
On ne sait pas encore quelle orientation prendra la nouvelle direction, mais lorsqu’on fait le bilan de Bergevin, le Canadien n’est pas beaucoup mieux qu’à son arrivée. En fait, il tourne en rond depuis le milieu des années 1990.
Après l’ère Serge Savard, aucun directeur général n’a réussi à faire de cette formation une équipe redoutée saison après saison, un prérequis pour gagner une coupe.
Quelques équipes ont réussi à se bâtir et à se rebâtir, et deux fois plutôt qu’une, depuis les années 2000. Par exemple, le Lightning a gagné la coupe Stanley en 2004 avant de décliner entre 2007 et 2013, puis de redevenir une puissance.
De son côté, à l’exception d’une courte période entre 2013 et 2017, le Tricolore a été principalement une équipe de milieu de peloton espérant se classer en séries éliminatoires.
Des choix qui n’ont pas progressé
Je donne toutefois une bien meilleure note à Bergevin qu’à Timmins. Bergevin a eu à compenser les choix qui n’ont pas progressé pour une raison ou pour une autre, mais la façon de développer les jeunes est aussi remise en question. Bergevin a admis que Jesperi Kotkaniemi aurait dû retourner en Finlande à 18 ans.
Le Canadien a quelques bons éléments sur la patinoire, mais le nouveau vice-président hockey, Jeff Gorton, ainsi que son futur directeur général et son futur directeur du recrutement ont du pain sur la planche avant de faire du Canadien une équipe qui se maintiendra dans l’élite pendant plusieurs saisons.
-Propos recueillis par Gilles Moffet
Entrefilets
Jeff Gorton
Je ne connais pas beaucoup Jeff Gorton, mais il semble être quelqu’un de très respecté. J’aime l’idée d’avoir un intermédiaire entre le propriétaire et le directeur général. Qu’il soit Américain, ça ne me dérange pas vraiment si c’est l’homme le plus compétent pour le poste. De toute façon, on sait déjà que le directeur général parlera français et c’est lui qui s’adressera au public. De plus, comme le disait Geoff Molson, il y a énormément de travail à faire. J’espère qu’on sera patient avec Dominique Ducharme.
Daniel Brière, mon choix
Il y a quelques bons candidats pour succéder à Marc Bergevin, mais mon premier choix, c’est Daniel Brière. Je crois qu’il faut se tourner vers la jeunesse et Brière n’a que 44 ans, ça ne fait pas longtemps qu’il a arrêté de jouer, il a encore la mentalité de joueur et il fait ses classes comme dirigeant dans le hockey professionnel dans le Maine. C’est un gars intelligent, aimé et respecté. Côté personnalité, il me fait penser à Joe Sakic. J’aime bien Vincent Damphousse et mon choix surprise serait Philippe Boucher. Il a déjà beaucoup d’expérience. Mathieu Darche est un candidat solide et il ne faut pas oublier Patrick Roy.
L’importance du développement
On sait à quel point bien repêcher est important, mais j’aimerais que le Canadien devienne avant-gardiste en matière de développement. À mes débuts à Montréal, j’ai eu la chance d’avoir d’excellents entraîneurs spécialisés comme François Allaire, Benoît Allaire et Roland Melanson. Je ne me serais jamais développé aussi bien si j’avais été repêché par une autre organisation.
Murray et Kane
L’attaquant des Sharks de San Jose Evander Kane et le gardien des Sénateurs d’Ottawa Matt Murray se retrouvent dans la Ligue américaine pour des raisons différentes, mais ce sont des contrats qui coûtent cher. Après avoir délogé Marc-André Fleury à Pittsburgh, Murray ne s’est jamais affirmé comme un véritable gardien numéro un et il a un contrat jusqu’en 2024.