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Convaincu qu’il y a encore de la corruption au municipal

Le directeur de la prévention à l’UPAC croit que ces crimes sont plus cachés

Jean-François Pelletier
Photo Jean-Louis Fortin L’inspecteur-chef Jean-François Pelletier, le directeur de la prévention, des normes et des pratiques à l’Unité permanente anticorruption, juge essentiel de sensibiliser les nouveaux élus municipaux à reconnaître et à éviter les pièges de la corruption.

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Il y a encore de la corruption dans les municipalités du Québec, mais ces gestes criminels sont plus cachés et chaque complot implique moins d’acteurs qu’avant, selon le nouveau responsable de la prévention à l’Unité permanente anticorruption.

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« On a beaucoup de dossiers [d’enquête] actifs. Je persiste encore à croire qu’il y a de la corruption au niveau municipal », dit sans détour l’inspecteur-chef Jean-François Pelletier, rencontré hier dans les bureaux de l’organisation à Montréal.

M. Pelletier, qui occupe depuis une semaine le poste de directeur de la prévention, des normes et des pratiques à l’Unité permanente anticorruption (UPAC), explique que les façons de faire des corrupteurs et corrompus ont changé.

« Ce n’est plus au vu et au su de tous. Comme dans n’importe quel type de crime organisé, les gens s’ajustent. [...] Aujourd’hui, c’est plus caché, avec un nombre moins élevé de participants », croit-il. On n’observe plus, par exemple, de vastes réseaux comme celui de l’ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt, qui impliquait des dizaines d’entreprises et pour lequel 37 personnes avaient été arrêtées en 2013.

Entente par texto

Autre différence selon lui : il était autrefois plus courant de trouver des traces d’une entente de corruption dans des documents partagés entre plusieurs personnes.

« Maintenant, c’est peut-être un texto ou un message plus discret », décrit celui qui a passé 28 ans à la police de Montréal.

M. Pelletier et son équipe auront fort à faire au cours des prochains mois. L’UPAC cherche à sensibiliser la nouvelle cohorte de maires et de conseillers municipaux élus le 7 novembre.

En ce sens, le commissaire à la lutte contre la corruption, Frédérick Gaudreau, doit expédier aujourd’hui une lettre aux maires des 14 plus grandes villes et agglomérations de la province, ainsi qu’aux préfets des MRC. Il souhaite leur offrir les services de l’UPAC afin d’organiser des formations destinées aux élus.

Beaucoup des nouveaux échevins n’ont aucune expérience de la politique, et la proximité avec la population les rend encore plus vulnérables à se faire offrir ou accepter des pots-de-vin.

« Dans des petites villes, tout le monde se connaît, ils font l’épicerie ensemble », illustre l’inspecteur-chef.

Dénonciation

Les séances que souhaite organiser l’UPAC sont à distinguer de la formation en éthique que doivent suivre tous les élus dans les six mois suivant le début de leur mandat, une obligation prescrite par la Commission municipale du Québec (CMQ).

« J’ai commencé des discussions avec la CMQ pour voir comment on pourrait se greffer à ces formations-là », dit toutefois M. Pelletier, qui espère profiter des activités de sensibilisation pour inviter les témoins à dénoncer des gestes répréhensibles via la ligne confidentielle 1 844 541-UPAC (8722). 

Peut-on encore accepter un lunch ?   

Tout le monde sait qu’il est interdit d’accepter une enveloppe d’argent ou un voyage. Mais quelle est la ligne à ne pas franchir pour les nouveaux élus et fonctionnaires municipaux ? Il n’y a pas de réponse claire, convient l’inspecteur-chef Jean-François Pelletier.

« Un petit cadeau, OK. Mais dès que ça vient d’un fournisseur ou de quelqu’un qui fait affaire avec la Ville, tu te mets à risque », illustre-t-il.

Un élu ou un fonctionnaire peut-il encore accepter de dîner avec le représentant d’une entreprise privée, par exemple ?

« Un lunch d’affaires, ça peut arriver, mais il faut faire attention. Faisons la réunion au bureau et, à la limite, faisons-nous venir un lunch », suggère plutôt M. Pelletier.

La clé, selon lui, est « d’éviter de se mettre dans une situation où on est redevable [envers un fournisseur actif ou potentiel] ».

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