Beatrice Deer en route vers la lumière
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La Montréalaise d’origine mi-inuk et mi-mohawk Beatrice Deer a traversé des temps difficiles, mais tout ça est chose du passé et les chansons de son nouvel album, Shifting, sont là pour en témoigner.
Plus rock et plus énergique que sa précédente création de 2018, My All To You, le cinquième album de cette artiste originaire d’un petit village du Nunavik puise ses inspirations dans la musique des années 1980.
« Je voulais un album avec plus de mouvement, plus d’énergie. Un album sur lequel on peut danser », disait celle qui chante surtout en inuktitut et un peu en anglais et en français, lors d’un entretien récent avec Le Journal.
L’extrait The Storm illustre à merveille le ton qu’elle a voulu donner à son album. Sur une mélodie pop abrasive, à laquelle ont collaboré d’éminents musiciens de la scène indie montréalaise (des membres de SUUNS, Land of Talk et The Besnars Lakes), elle se sert des intenses tempêtes de neige dans le Grand Nord comme une métaphore de la vie.
« Parfois, on dirait qu’on ne sait plus où on est, où aller, on ne retrouve plus la route et les événements qui se produisent sont comme de forts vents. On a peur, on panique, mais quand tout à coup, on voit la lumière quelque part, on sent que c’est la direction où il faut aller », explique-t-elle.
L’ancêtre cannibale
Les chansons de Beatrice Deer sont très personnelles et reflètent comment elle se sent et par quels chemins de traverse elle est passée.
« Je chante à propos de choses que j’ai vécues, sur certains traumatismes. J’ai travaillé vraiment fort pour m’en sortir, j’ai suivi plusieurs thérapies. J’ai arrêté de boire, il y a dix ans, et cela a changé ma vie. Shifting est comme un autre chapitre pour moi. »
Beatrice Deer s’inspire aussi d’histoires familiales. Par exemple, Cannibal raconte l’histoire étonnante et vraie, affirme-t-elle, d’un arrière-arrière-arrière-grand-père qui avait développé un goût pour la chair humaine.
« Peu de gens peuvent dire qu’ils ont un ancêtre cannibale », rigole Beatrice Deer, en expliquant que celui-ci tuait des gens pour les manger.
« À la fin, les aînés des familles se sont réunis et ont décidé qu’il fallait le tuer pour ramener l’équilibre. »
Une plateforme saluée
Bien qu’elle roule sa bosse depuis une quinzaine d’années, Beatrice Deer demeure une inconnue du public québécois. Elle remarque néanmoins que les artistes des Premières Nations commencent à obtenir une certaine reconnaissance populaire.
Depuis trois ans, le prix de l’Artiste autochtone de l’année est remis au Gala de l’ADISQ.
C’est une bonne chose, note la chanteuse, qui y voit une plateforme bienvenue pour « parler des problèmes sociaux que nous vivons et des injustices commises envers nous ».
L’album Shifting, de Beatrice Deer, est présentement sur le marché.