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L’avenir du Parti conservateur en jeu



L’avenir d’Erin O’Toole ne tient qu’à un fil. Près du tiers des députés de son caucus ont signé une lettre officielle réclamant un vote pour provoquer son départ. Le chef affirme vouloir se battre courageusement pour sauver son poste, mais admettons que ses chances de survie sont minces.

Ce n’est pas l’avenir d’Erin O’Toole en tant qu’individu qui se joue aujourd’hui. C’est plutôt l’avenir du Parti conservateur. Je dirais même l’avenir du mouvement conservateur au Canada. Une dérive pourrait l’éloigner du pouvoir pour une génération.

Traditionnellement, le Parti conservateur est une coalition large. Il regroupe des gens qui souhaitent un Canada plus décentralisé, des finances publiques saines et des conditions économiques favorables à la prospérité.

Les conservateurs de l’Ouest (aux chapeaux de cowboys) et les conservateurs du Québec ne partagent pas la même vision du monde. Et ce n’est pas grave. Tant qu’ils se réunissent derrière un tronc commun d’idées phares, le Parti conservateur tient en un seul morceau.

À la porte

L’actuel chef conservateur a montré des signes de faiblesse qui vont servir à expliquer son éviction. Mais à la base, le départ d’Erin O’Toole serait le résultat d’une fronde d’une aile plus radicale. Des gens qui donnent souvent l’impression d’être jaloux des prises de position de Maxime Bernier.

Si cette aile radicale prend le contrôle du parti, deux options sont possibles : la coalition pourrait imploser ou encore le Parti conservateur pourrait prendre un virage radical. Dans les deux cas, Justin Trudeau pourra bénéficier de plusieurs années en paix, sans même avoir devant lui une véritable opposition susceptible de le remplacer.

Dans son message de survie, Erin O’Toole a eu une excellente formule pour parler des conséquences d’une radicalisation de son parti. Cela pourrait « transformer le parti de la Confédération en NPD de la droite ».

Sans méchanceté envers le NPD, il représente depuis des décennies une tendance de gauche qui existe au Canada, mais dans les faits, il n’a jamais gouverné et n’aspire que de très loin à y arriver. Un parti conservateur radicalisé ou pire, scindé en deux partis, se retrouverait dans la même position : capable de gagner certains sièges, mais sans espoir de former un gouvernement. 

  • Regardez l'éditorial de Mario Dumont avec Pierre Bruno durant son émission à QUB radio :   

Loin du pouvoir

En fait, le mouvement conservateur du Canada a déjà connu un tel passage à vide. Lorsque le Reform Party puis l’Alliance canadienne divisaient le vote de droite, Jean Chrétien était mort de rire, gagnant les élections l’une derrière l’autre. Ce n’est que lorsque Stephen Harper est parvenu à unifier les forces dans le nouveau parti conservateur que le pouvoir fut atteignable.

Cela fait moins de vingt ans, mais on dirait parfois que certains conservateurs ont oublié cette leçon.

Le Canada n’est pas étranger aux mouvements de décomposition des valeurs et des institutions qui prévalent en Occident. Si Trump a happé le Parti républicain et a été élu aux États-Unis, le pays voisin n’est pas à l’abri des dérives. Les conservateurs avec des principes devront se tenir debout.







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