Quel message envoie-t-on aux immigrants?
Martineau

Lundi, le ministre fédéral de l’Immigration Sean Fraser a convoqué les journalistes pour leur dévoiler les mesures qu’il allait prendre pour accélérer le traitement des 1,8 million de dossiers d’immigration qui s’empilent depuis des mois sur les bureaux de ses fonctionnaires.
Ce n’était pas un point de presse banal. C’était une annonce hyper importante.
La conférence a duré 15 minutes.
Et comme l’a dévoilé mon confrère Francis Halin, le ministre Fraser n’a prononcé qu’une seule et unique phrase en français.
« Merci de me rejoindre ce matin. »
Tout le reste de sa conférence était en anglais.
QUEL BEAU MESSAGE !
L’homme n’est pas ministre de l’Égalité des genres ou ministre des Pêches.
Il est ministre de l’Immigration !
C’est lui qui représente le Canada face aux gens qui veulent immigrer ici !
Et il n’est même pas foutu de parler français !
Vous imaginez le message qu’on envoie à nos futurs immigrants ?
Le Canada est un pays avec une seule langue officielle : l’anglais.
La preuve : même le ministre qui est chargé de vous accueillir ne parle pas un maudit mot de français !
Quand Francis Halin a demandé à monsieur Fraser s’il trouvait que son choix de faire l’annonce en anglais seulement était respectueux pour les Québécois et les francophones au pays, le ministre a baragouiné quelques mots dans la langue de Michel Tremblay.
« Je n’ai pas l’habileté pour comprendre les questions maintenant. Est-ce que c’est possible de les poser en anglais ? »
On aurait cru entendre le PDG d’Air Canada répondre aux questions de Pierre-Olivier Zappa !
À PETITS PAS
C’est aujourd’hui que le gouvernement Trudeau devait déposer son projet de loi sur les langues officielles.
Mais à cause d’un récent jugement de la Cour d’appel qui a donné tort au gouvernement sur le dossier des services francophones d’aide à l’emploi en Colombie-Britannique, il faudra attendre quelques semaines de plus pour savoir ce que Justin Trudeau a dans le ventre. Je ne sais pas ce que la ministre Petitpas Taylor va sortir de son chapeau.
Mais j’espère que ce nouveau projet de loi va rendre la connaissance et la maîtrise des deux langues officielles du Canada obligatoires pour tous les ministres du gouvernement fédéral !
Et quand je dis « obligatoire », ça veut dire « condition essentielle à l’embauche ».
Pas : « Nommez-moi ministre et je vais prendre des cours... », non.
Mais : « Si tu n’es pas bilingue, tu ne pourras pas être nommé ministre » !
Il y a quand même une maudite limite à nous rire en pleine face !
Déjà que la gouverneure générale ne parle pas français...
UN RECUL QUI NOUS FAIT AVANCER
Heureusement, au provincial, on a eu de bonnes nouvelles, cette semaine. Non seulement François « Un pas en avant, un pas en arrière » Legault a-t-il décidé de reculer sur le financement de l’agrandissement du Collège Dawson, mais on nous dit que l’idée d’élargir la loi 101 aux cégeps n’est pas morte ! Simon Jolin-Barrette ajoutera-t-il quelques incisives bien aiguisées à son projet de loi ?
On l’espère !
Correction : parlant d’unilinguisme, dimanche, j’écrivais que monsieur Tony Cioffi, le PDG de Lowe’s Canada, était unilingue anglais. Or, cet homme d’affaires montréalais est parfaitement bilingue. Mes excuses les plus sincères.