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La tuberculose tue davantage à cause de la Covid-19

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La tuberculose connaît un regain jamais vu en près de 20 ans en raison des efforts sanitaires détournés vers la lutte contre la covid-19, révèlent trois médecins montréalais.

Les chercheurs de l’Université McGill dénoncent dans une édition récente de la revue scientifique New England Journal of Medicine les « effets dévastateurs » que la pandémie a eus sur la tuberculose en drainant les services qui lui étaient réservés vers les personnes atteintes du coronavirus. 

La tuberculose a tué 100 000 personnes de plus que l’année précédente en 2020, ce qui ne s’était pas vu depuis l’année 2000, d’après l’Organisation mondiale de la santé.

« Jusqu’à la pandémie de Covid-19, la tuberculose était la principale cause infectieuse de mortalité humaine, avec près de 1,5 million de décès chaque année. Mais comme la maladie touche principalement les personnes les plus pauvres des pays à revenu faible ou intermédiaire, presque personne n’en parle », explique au Journal le Dr Madhukar Pai, professeur au Département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail de l’Université McGill. 

Les deux autres signataires sont les Dres Tereza Kasaeva et Soumya Swaminathan.

Pays riches 

Causée par un bacille qui se transmet par voie aérienne, la tuberculose est jugée très préoccupante dans 16 pays, dont l’Inde, l’Indonésie, les Philippines et la Chine. Mais pour le professeur Pai, c’est un mythe d’affirmer que les pays riches sont débarrassés de la tuberculose.

Par exemple, le taux de tuberculose dans le Nunavut est plus de 300 fois plus élevé que dans la population non autochtone née au Canada. 

Au Québec, on compte environ 250 cas par an, dont une quarantaine seulement au Nunavik (principalement à Kangiqsualujjuaq et Salluit). 

L’île de Montréal compte la moitié des cas observés au Québec. 

« La situation est stable depuis une dizaine d’années », assure le Dr Paul Rivest, médecin-conseil à la Direction régionale de santé publique, au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. 

La tuberculose, rappelle le médecin, peut être en latence plusieurs mois, voire plusieurs années avant de provoquer des symptômes. Contrairement aux conclusions de ses collègues, la pandémie n’aurait pas nui aux soins offerts aux tuberculeux qui sont traités en fonction des symptômes qu’ils présentent à leur arrivée à l’hôpital, selon lui.

Inégalités 

Pour le Dr Pai, la couverture vaccinale dans les pays à revenu faible et intermédiaire ouvre la porte à une hausse des infections de tuberculose et d’un autre tueur silencieux : le sida. « Alors même que les pays riches administrent les troisième et quatrième doses, seulement 1 personne sur 10 dans les pays à faible revenu est vaccinée. » 

Si la pandémie s’essouffle dans les pays riches, elle continuera de ravager les pays les plus pauvres, sources de nouveaux variants. « Je crains donc que les épidémies de tuberculose et de VIH ne s'aggravent dans les pays à faible revenu », conclut le médecin, qui a connu les effets de la tuberculose dans son pays natal, l’Inde. 

Le médecin plaide pour l'équité mondiale en matière de vaccins et souhaite que le Canada en fasse plus pour soutenir la vaccination dans les pays en développement. Avec ses collègues de l’Université McGill, il a écrit au premier ministre du Canada, Justin Trudeau, pour l’exhorter à en faire plus à ce chapitre. 

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