Camionneurs pas impressionnés
L’Ontario durcit le ton sans que cela semble avoir d’effet sur les contestataires des mesures sanitaires
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OTTAWA | Le premier ministre de l’Ontario a haussé le ton en déclarant vendredi l’état d’urgence, sans réussir à faire broncher les manifestants anti-mesures sanitaires qui continuent d’assiéger Ottawa et le pont de Windsor.
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« Ceci n’est pas une manifestation », a déclaré le premier ministre ontarien Doug Ford, vendredi. J’appelle ça un siège parce que c’est ce que c’est : une occupation illégale ».
Les contestataires qui participent au siège de la capitale fédérale et du pont Ambassador qui relie Windsor à Détroit aux États-Unis s’exposent désormais à des amendes pouvant aller jusqu’à 100 000 $ par individu et à des peines d’un an de prison.
Leur permis de conduire leur serait également saisi.
« Nous prendrons tous les moyens nécessaires pour nous assurer que la frontière soit rouverte », a prévenu M.Ford.
Mais le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’il n’était pas prêt à envoyer l’armée déloger les manifestants ni à Ottawa ni à Windsor.
Pas d’armée
« On ne veut jamais déployer l’armée contre des civils canadiens. C’est quelque chose à éviter à tout prix », a-t-il dit en soulignant qu’il s’agit d’une option de « dernier recours ».
Même si « toutes les options sont sur la table, a-t-il expliqué, il y a tellement d’autres étapes qu’on peut et qu’on est en train d’utiliser, qu’on n’est pas rendu là ».
Parallèlement, la Cour supérieure de l’Ontario a accordé vendredi après-midi une injonction réclamée par l’industrie automobile pour mettre fin au blocage à l’entrée du pont, à 19 h, sans effet notable sur le terrain.
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Routine à Ottawa
Dans les rues de la capitale fédérale, l’annonce de Doug Ford n’a rien changé à la routine des manifestants.
Les saucisses grillaient sur les barbecues, on dansait sur les succès de ABBA en agitant des drapeaux et on répartissait des bidons d’essence. En fin de soirée, un spectacle avait même lieu sur une scène devant le parlement.
Liam James, lui, jouait aux échecs en plein milieu de la rue, convaincu que les policiers n’appliqueront pas l’état d’urgence. Venu d’Algoma, en Ontario, il s’est dit persuadé qu’il s’agirait « d’arrestations illégales ».
Robert, lui, est venu de Toronto pour distribuer des centaines de tuques du Canada aux manifestants.
Il traîne ses cartons sur un chariot entre les camions.
Selon lui, pour chaque manifestant arrêté, dix autres seront mobilisés.
« Les gens ici iront en prison, car s’ils abandonnent maintenant, le Canada deviendra comme la Russie, dit-il. Bonne chance Doug Ford. »
Pas inquiétés par la police
Non loin de là, un escadron de policiers était repoussé par la foule au même moment.
Les agents avaient forcé le démantèlement d’un abri tempo en plein milieu de la rue Wellington, face au parlement.
La foule les a repoussés en chantant l’hymne national canadien puis en criant « Honte ! »
Quelques minutes plus tard, les manifestants avaient remonté leur abri un peu plus loin sans être inquiétés.
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