Emmanuel Schwartz voit enfin la ligne d’arrivée
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Reportée l’hiver dernier en raison de la COVID-19, la pièce Quand nous nous serons suffisamment torturés, présentée au Théâtre Prospero, a failli connaître le même sort cette année, au grand dam du comédien Emmanuel Schwartz.
« Ne pas savoir s’il allait y avoir une cible à atteindre compliquait l’exercice de préparation, dit en entrevue téléphonique le comédien qui est la tête d’affiche du spectacle avec Céline Bonnier. On est des coureurs qui ignoraient s’il allait y avoir une course. »
Le metteur en scène Christian Lapointe, qui a traduit cette œuvre du Britannique Martin Crimp, a profité de la pandémie pour modifier sa proposition originale qui devait être présentée en mars 2021.
« Beaucoup de choses ont changé, remarque Emmanuel Schwartz. La pièce à six personnages devait se faire à deux l’an dernier. Ensuite, il a été décidé de la jouer à quatre. C’est mieux. Car sinon, en me ramassant à interpréter tous les autres personnages, cela surchargeait la métaphore. »
Affrontement
Monté pour la première fois en 2019 à Londres, ce texte s’inspire librement du roman du 18e siècle de Samuel Richardson, Pamela ou la vertu récompensée qui avait fait scandale lors de sa parution en 1740. Il raconte l’histoire d’un homme (Emmanuel Schwartz) qui séquestre une femme (Céline Bonnier). On aura donc droit à un face-à-face avec deux excellents artistes.
« On est dans une dynamique de deux êtres encagés ensemble, mentionne l’acteur. On est dans un affrontement qui peut être fatal. C’est un peu comme dans les Liaisons dangereuses. Ce n’est certainement pas une comédie romantique. »
Critique du patriarcat
Comme le titre de la production l’indique, ces deux protagonistes s’entredéchirent. Malgré la mainmise de l’homme, la femme ne donne pas sa place.
« La pièce est une charge contre le patriarcat occidental, le machisme et le pouvoir masculin, note le comédien. Mais le propos est extrêmement nuancé, parfois mystérieux. Ce n’est pas net. Dans toute son œuvre, Martin Crimp parle de la confusion entre fiction et réalité dans le monde contemporain, il aborde aussi beaucoup la cruauté, les caractéristiques liées à l’amour, à la citoyenneté et aux changements sociaux. »
« C’est assez dur le constat qu’il pose, ajoute-t-il. Mais ce sont surtout des questions et des explorations qui sont mises de l’avant, plutôt que des affirmations. »
Le Théâtre Prospero prévient d’ailleurs sur son site web que la pièce touche de « nombreux sujets qui pourraient être offensants ». Malgré cet avertissement, Emmanuel Schwartz se veut rassurant.
« Il n’y a pas de violence graphique, pas de stroboscope ou de coup de feu », fait-il valoir même s’il reconnaît que la présentation d’une femme séquestrée peut être perturbante.
Bonne chimie
L’acteur, qui est une des vedettes de la télésérie Hôtel, qui sera probablement présentée cet automne à TVA, évoluait pour la première fois avec Céline Bonnier. Il qualifie leur relation professionnelle d’« idyllique ».
« On travaille bien ensemble, dit-il. On a les deux envie de fouiller les personnages. On ne veut pas être dans des approximations parce qu’il est important que les tonalités soient justes pour faire entendre ce texte magnifique et compliqué. »
Emmanuel Schwartz compte prendre une petite pause après cette aventure avant de reprendre le tournage d’Hôtel, ainsi que de se produire dans le prochain film de Francis Leclerc. On pourra même admirer son premier long métrage au Festival international du film sur l’art en mars. Il a réalisé cette fiction avec des finissants en jeu du Collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse.
♦ Quand nous nous serons suffisamment torturés sera présentée dès le mardi 15 février au Théâtre Prospero.