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Ils se forgent une carrière loin de l’univers de la restauration

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Après avoir joué au yo-yo des ouvertures et des fermetures au rythme des annonces du gouvernement Legault ces deux dernières années, des dizaines de milliers de Québécois ont fini par tourner le dos à leur ancienne vie de serveur et de cuisinier dans l’espoir d’avoir une vie meilleure ailleurs qu’en restauration.

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Maintenant à la bonne place comme préposée aux bénéficiaires  

Après avoir passé plus de 30 ans de sa vie dans les bistros comme serveuse, Isabelle Cabana, a trouvé sa voie à 59 ans en devenant préposé aux bénéficiaires.

« Durant la première vague, j’ai attendu. Je suis retournée en juillet quand ç’a rouvert, et ç’a refermé en octobre. C’est là que je me suis dit : “Non” », confie Isabelle Cabana, de Saint-Hilaire, en Montérégie.

Du jour au lendemain, la serveuse d’expérience répond à l’appel du gouvernement Legault avec le programme Je contribue pour aller en hygiène et salubrité.

« Je me suis aperçue que j’adorais être avec les patients, alors je suis allée en septembre dernier suivre mon cours de préposée aux bénéficiaires », poursuit-elle.

« Je devais payer la maison. J’ai fait une formation de trois mois. J’ai eu une bourse de 9000 $. Les salaires sont bons et je vais aussi faire du temps supplémentaire », ajoute-t-elle.

Un retour aux sources

Pour celle qui avait commencé son cours de préposée aux bénéficiaires à l’âge de 25 ans et qui avait dû l’abandonner parce qu’elle était une jeune mère à l’époque, c’est en quelque sorte le retour du balancier. 

« Avoir su, j’aurais fait cela bien avant. J’en mange. J’aime ça. Je serais là 24 heures sur 24. J’adore ça », témoigne-t-elle.

Aujourd’hui, des semaines de 50 heures auprès des patients ne lui font pas peur. Au contraire, elle se sent à la bonne place.

« Ça vient me chercher. Je revis. Je suis tout le temps souriante. Je suis heureuse. C’est fini à jamais la restauration », conclut-elle.

Du service aux tables à l’ébénisterie  

Un serveur qui a commencé sa carrière dans le milieu hôtelier avant de bifurquer vers la restauration a lancé sa PME de restauration de meubles pour vivre de sa passion.

« J’ai commencé sans expérience. Je venais du milieu hôtelier. Je faisais de la maintenance dans un Sheraton du centre-ville », raconte Marc-Olivier Roux, 42 ans. 

« Je suis ensuite devenu, serveur et barman. J’ai été travailler dans une microbrasserie, puis une autre », ajoute-t-il.

Se tourner vers une vieille passion

Quand la pandémie a frappé, Marc-Olivier Roux n’a pas voulu quitter le navire tout de suite parce qu’il travaillait comme serveur dans une microbrasserie qui était une coopérative. 

Mais le yo-yo des fermetures a fait grandir sa passion pour les antiquités et les vieux meubles. « C’est comme une chasse au trésor », image l’homme.

Aujourd’hui, il cherche à amasser les fonds nécessaires pour se trouver un local pour développer sa PME et s’installer pour de bon.

« J’achète des trucs qui me plaisent. Je me consacre à ça. C’est une vraie passion. Quand je vois quelque chose qui m’intéresse, je le prends, je le renippe et je le revends », explique-t-il.

« Ma compagnie de restauration de meubles s’appelle Mémoire collective », conclut-il.

Des cuisines au courtage hypothécaire  

Après huit ans comme cuisinier, la pandémie a donné à Vincent Gagnon « le coup de pied » qu’il lui fallait pour quitter la restauration pour entreprendre une nouvelle carrière de courtier hypothécaire.

« La pandémie m’a donné le coup de pied dont j’avais besoin pour lâcher la restauration », raconte Vincent Gagnon, cuisinier Chez l’Artisan de Saint-Mathias.

« Ça m’a toujours intéressé le monde l’hypothèque, mais je n’avais pas le gutts de le faire », confie-t-il.

Priorité à la famille

Très attaché au couple de propriétaires du restaurant Chez l’Artisan où il travaillait comme cuisiner, Vincent Gagnon a voulu rester durant la tempête, mais les fermetures répétées ont fini par le convaincre de faire le saut.

« Ayant une famille, j’ai dû me prioriser là-dedans. Pour la conciliation travail-famille, ce n’est vraiment pas évident », souligne-t-il.

Même si l’esprit de camaraderie et sa proximité avec les propriétaires vont lui manquer, ses journées de 10 heures qui finissent à minuit ne lui manqueront pas, elles.

« Je fais mes examens à l’Autorité des marchés financiers le mois prochain si je réussis mes cours, mais à présent ça va super bien. Je n’ai aucune inquiétude », conclut-il.

Vers la gestion de cryptomonnaies  

Pour le restaurateur de père en fils Costa Anagnostopoulos, la pandémie aura été le coup de grâce qui l’a poussé à accrocher ses patins et à s’intéresser au monde des cryptomonnaies.

« Je me suis rendu au mois de novembre dernier avec 175 000 $ de dettes, alors qu’avant la pandémie, je n’en avais aucune », confie Costa Anagnostopoulos, 41 ans, ex-propriétaire du restaurant Coin du métro, à Montréal.

Pour lui, c’en était trop. Le stress financier était trop lourd à porter et ses travailleurs quittaient le bateau à mesure que l’eau montait dans la cale.

« J’ai trois serveuses qui sont parties dans d’autres domaines parce que ce n’était pas assez rentable pour elles », raconte l’homme d’affaires qui se versait un salaire de 50 000 $ par année avant la crise sanitaire.

Après des années fastes où des vedettes de la boxe comme Adonis Stevenson, Eleider Álvarez, Marie-Pier Houle fréquentaient son établissement, le vide laissé par les mesures sanitaires a eu l’effet d’une douche froide.

Saigné par l’endettement

« Après la première fermeture, ça allait bien avec la distanciation sociale. C’est vraiment le passeport vaccinal qui a tué le commerce et l’accumulation de dettes », regrette l’homme d’affaires.

Aujourd’hui, après avoir fait un premier coup d’argent dans le monde de la cryptomonnaie, il souhaite lancer un projet d’affaires dans cette industrie naissante.

« Je discute avec un ami pour lancer un site de NFT et de crypto », conclut le père d’un enfant de trois ans, qui a été sa source d’inspiration durant les mois difficiles.

Sa quête de stabilité le mène à l’enseignement  

Après avoir travaillé plus de 13 années comme serveur dans des microbrasseries, David Fiset, 39 ans, a voulu être professeur pour avoir plus de stabilité.

« La pandémie a été la dernière goutte, parce que j’avais entrepris la transition vers l’enseignement. Je travaillais alors une journée par semaine », explique calmement David Fiset.

Ces dix dernières années, l’homme adorait son métier de serveur, le côté social, mais quand son enfant s’est pointé le bout du nez, il a voulu tourner tranquillement le dos à son ancienne vie d’oiseau de nuit. 

Son salaire stagnait

Même s’il pouvait gagner parfois beaucoup d’argent, son salaire stagnait depuis une dizaine d’années et son pouvoir d’achat s’amenuisait avec l’inflation, dit-il.

« J’ai choisi le métier de professeur entre autres parce que j’approchais 40 ans et je n’avais toujours pas d’argent de côté. L’attrait d’un fonds de pension était quelque chose d’important », souligne-t-il sans détour.

Aujourd’hui, le finissant au baccalauréat en enseignement et réadaptation scolaire à l’Université de Montréal se dit prêt à aider les élèves en difficulté et ceux en situation de handicap physique et intellectuel.

« Être serveur, c’est être actif, être debout. C’est quelque chose de très humain, social. Je trouvais que ça avait beaucoup de liens avec l’enseignement », conclut-il.

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