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Les perdants sous les feux des projecteurs

WE 0219 Entrevue David Foenkinos
Photo courtoisie

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C’est après être tombé sur une interview de la directrice de la distribution des films d’Harry Potter que l’écrivain français David Foenkinos a trouvé l’idée de Numéro deux, son tout nouveau roman.

En 1999, face à l’incroyable succès remporté par les premiers tomes de la série Harry Potter, il sera assez vite question d’une adaptation cinématographique. La seule condition imposée par l’auteure, J. K. Rowling ? Que l’ensemble des interprètes soient britanniques.

Cette année-là, des garçons de 10 ans issus de tous les milieux et de tous les coins de l’Angleterre se présenteront ainsi en audition dans l’espoir de décrocher le rôle-titre. Et après quantité de bouts d’essai, il ne restera plus que deux candidats potentiels.

Bon. Impossible de faire durer le suspense puisqu’on sait tous qui a été sélectionné. En revanche, on ne sait presque rien de l’autre gamin, celui qui, au tournant du troisième millénaire, a vraiment failli incarner le personnage d’Harry Potter.

« Des centaines d’acteurs ont été auditionnés et, à la fin, quand il a fallu trancher, c’est Daniel Radcliffe qui a été choisi parce qu’il avait ce petit quelque chose en plus, explique David Foenkinos, qu’on a pu joindre chez lui à Paris. Comment peut-on passer à côté d’une vie aussi riche pour si peu ? Tout de suite, j’ai eu de l’empathie pour le garçon qui n’avait pas été retenu et qui aurait pu devenir mondialement célèbre à la place de Daniel Radcliffe. »

C’est donc l’histoire fictive de ce second candidat qu’on va découvrir dans Numéro deux, le tout nouveau roman de David Foenkinos.

Le goût amer de l’échec

Parce qu’il a accompagné son père accessoiriste sur le plateau de Coup de foudre à Nothing Hill, le jeune Martin Hill, 10 ans, sera remarqué par David Heyman. Se cherchant activement un jeune Harry Potter pour produire la série éponyme, Heyman invitera donc Martin à venir auditionner. La suite, on la connaît.

WE 0219 Entrevue David Foenkinos
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« Un destin, ça se joue parfois vraiment à rien, et Numéro deux est un livre qui questionne sur l’échec et comment y survivre, précise David Foenkinos. C’est tout le sujet du roman. Martin va avoir un long chemin à faire pour apaiser cette souffrance-là, car en plus, il aura la réussite de l’autre sous les yeux en permanence, tout ce qu’il aurait pu vivre d’extraordinaire s’il avait été choisi. »

De fait, chaque fois que sortira un nouveau tome ou un nouveau film de la saga Potter, Martin ne pourra s’empêcher de ressasser sa rancœur et de se demander encore et encore pourquoi lui, pourquoi pas moi. Tellement qu’à peine entré dans l’adolescence, il aura déjà l’impression d’avoir complètement raté sa vie.

« À un moment ou à un autre, il y a toujours quelqu’un qui nous passe devant, ajoute David Foenkinos. On peut en éprouver de la jalousie ou de l’aigreur, mais ça peut aussi devenir un genre de moteur, quelque chose qui finira par nous faire avancer. »

Un roman ensorcelant

La première partie, qui raconte surtout l’histoire de J. K. Rowling, la genèse de sa célébrissime saga et le casting du premier film qui en a été tiré, se base beaucoup sur la réalité, sur des faits véridiques.

« Je connaissais assez peu la série Harry Potter et j’en ai découvert l’univers en écrivant mon livre, souligne David Foenkinos. J’ai aussi été émerveillé par le parcours de J. K. Rowling, qui ressemble à un conte de fées. Maintenant, j’ai des Wiki Harry qui ont adoubé mon livre. Mais en soi, ce n’est pas un livre pour les adeptes d’Harry Potter. »

Et pour cause, puisque Martin fera tout en son pouvoir pour échapper à ce jeune sorcier et à ses innombrables produits dérivés qui lui rappellent sans arrêt son échec ou la vie qu’il aurait pu avoir.

Cela dit, Martin n’est pas le seul à avoir été à un cheveu de connaître un fabuleux destin et, dans la troisième partie de Numéro deux, David Foenkinos fera la part belle à ces grands malchanceux. On pense évidemment à Pete Best, qui a été exclu des Beatles juste avant que le groupe ne devienne célèbre de par le monde, ou à tous ces finalistes de prestigieux prix littéraires qui n’ont finalement jamais rien remporté.

« J’avais peur que mon sujet, qui me paraissait très, très bon, soit plus fort que mon livre, confie David Foenkinos. L’écho qui revient le plus souvent est d’ailleurs que l’idée de base est géniale. Mon défi a donc été de rendre cette histoire vivante, de raconter celui qui a failli avoir une vie incroyable de façon intéressante. »

Eh oui, la magie opère.

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