Les petits Débrouillards ont 40 ans
Le mouvement scientifique éveille désormais les jeunes jusqu’en Europe et en Afrique
Le mouvement scientifique Les Débrouillards, né au Québec il y a 40 ans cette année, a donné la piqûre de la science à des milliers de jeunes dans une dizaine de pays.
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« Les Débrouillards, c’est un trésor national », soutient le doyen de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, Frédéric Bouchard, qui doit à ce mouvement ses premières émotions scientifiques à l’âge de 11 ans.
Le mouvement, qui célèbre ses 40 ans en 2022, réunit aujourd’hui au Québec 55 000 jeunes par an dans les écoles, les camps de jour et autres centres de loisirs, en plus d’informer sur les enjeux scientifiques dans divers ouvrages.
Avec ses amis, M. Bouchard était allé frapper à la porte du bureau de rédaction où la petite équipe de rédaction du magazine concoctait des expériences avant de les mettre en page.
« J’ai toujours ma carte de membre », dit celui qui est devenu philosophe des sciences. À son avis, ce mouvement a permis à des générations de jeunes de découvrir la science par la voie de l’émerveillement. « C’est inestimable », lance-t-il.
Professeur de didactique des sciences à l’UQAM, Patrice Potvin a connu des émotions similaires. « J’avais reçu le livre en cadeau. C’était fascinant d’assister à des réactions chimiques sous nos yeux », dit-il.
Aujourd’hui, il forme des enseignants et met en application plusieurs idées apprises dès ses premières années de Débrouillard.
Pitonne, zigonne
Les Débrouillards, c’était aussi une émission de télévision prisée par de nombreux jeunes.
« On pitonne, on zigonne, on patente, on invente », chantent l’animateur Gregory Charles et ses amis dans la chanson thème de l’émission qui a attiré jusqu’à 500 000 téléspectateurs par semaine à Radio-Canada dans les années 1990 et au début 2000.
Même si l’aventure télévisuelle a pris fin il y a 20 ans, elle a marqué les esprits. « On m’en parle encore », dit le comédien et réalisateur Yan England, qui a littéralement grandi avec les Débrouillards. À huit ans, il enchaînait les expériences salissantes à la maison familiale, et à 19 ans, il coanimait l’émission.
Ce qu’il doit aux Débrouillards ? « Mon éveil scientifique et une initiation professionnelle », dit celui qui animera par la suite plusieurs émissions et enchaînera les rôles à la télé et sur le grand écran.
Du Québec en Afrique
« Je pense que la science doit être mieux comprise par la population. C’était vrai il y a 40 ans et c’est encore vrai aujourd’hui », lance Félix Maltais, celui qui a lancé le mouvement il y a quatre décennies. Ce projet fait des petits dans une dizaine de pays francophones en Europe et en Afrique depuis.
Embauchée pour diriger le magazine Curium en 2014, Noémie Larouche a pris la relève de Félix Maltais depuis quelques mois. « Je crois beaucoup en notre mission qui consiste à permettre aux jeunes de s’approprier la science par le plaisir », résume l’éditrice.
La pandémie a rendu la culture scientifique plus nécessaire que jamais, souligne-t-elle, et les Débrouillards ont encore beaucoup à donner.
Un engouement plus gros que prévu
La popularité du mouvement créé au Québec il y a 40 ans a été au-delà des espérances du créateur.
« On ne croyait pas que ça se rendrait jusque-là », lance modestement l’initiateur du mouvement des Débrouillards, Félix Maltais.
Aujourd’hui en semi-retraite à Saint-Zénon, dans Lanaudière, le sociologue de 75 ans a dirigé l’Agence science-presse dans ses premières années. C’est là qu’il a l’idée de consacrer une page par semaine à de courts articles destinés aux enfants.
Ces nouvelles qui proposent des expériences faciles à réaliser dans une cuisine sont les plus populaires de toute la production de l’agence ; les journaux régionaux les reproduisent chaque semaine.
Devant ce succès, M. Maltais rassemble les plus intéressantes dans un recueil, intitulé Le petit débrouillard, illustré bénévolement par un géologue qui s’ennuie à Calgary, Jacques Goldstyn.
« Je ne me voyais pas toute ma vie sur des plateformes de forage ; les Débrouillards m’ont permis de dessiner pour vivre », dit l’artiste qui a créé la bande de jeunes qui deviendront des vedettes du magazine (Caro, Robert, etc.) et l’ineffable grenouille Beppo.
Succès immédiat
Naît aussi l’éminence grise du mouvement, le Professeur Scientifix, qu’on ne voit jamais, mais qui est présent dans tous les magazines (son nom figure encore au cartouche).
Le livre, qui présente quelques expériences, obtient un succès immédiat et l’éditeur, Jean-Marc Gagnon, doit le réimprimer sans cesse. « C’est là-dessus que nous avons construit », résume M. Maltais.
Un mouvement « multimédia »
◆ Les Débrouillards ce sont Trois revues (1,3 million d’exemplaires)
- Les Explorateurs (6-10 ans)
- Les Débrouillards (10-14 ans)
- Curium (14-17 ans)
◆ Un énorme succès
- Plus de 70 livres chez différents éditeurs
- Des séries télé de 1990-2004 (Les débrouillards) et de 2016-2017 (Science ou magie) à Radio-Canada, Canal Famille, Télé-Québec, TV5, VRAQ ou TFO
- Des activités d’animation scientifique
- Écoles, camps de jour, centres de loisirs, fêtes d’enfants
- En France, Belgique, République tchèque, Maroc, Tunisie, Algérie