Nouvelle vague de sanctions des pays occidentaux à venir contre la Russie
Les sanctions que s’apprêtent à prendre les pays occidentaux contre la Russie « limiteront considérablement » son accès aux marchés européens et américain, a averti jeudi le ministre allemand de l’Économie et du Climat.
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- Écoutez la chronique de Chronique de Christian Rioux, correspondant à Paris pour le quotidien Le Devoir au micro de Patrick Déry sur QUB radio :
Ces mesures vont « découpler » l’économie russe de nombre d’activités industrielles, « geler les actifs financiers » du pays et enfin « limiter considérablement l’accès aux marchés européens et américains », a déclaré Robert Habeck lors d’une conférence de presse.
L’UE a déjà instauré une « restriction » des capacités de financement de l’État russe, de son gouvernement ainsi que de la Banque centrale.
En limitant « l’accès aux marchés financiers et de capitaux » européens, cette mesure pénalisera le refinancement de la dette russe.
Les Américains entendent eux à la fois ébranler à court terme la Russie, en forçant le pays dans une sorte d’autarcie financière, et saper les projets de diversification économique à long terme d’un pays ultra-dépendant de ses ventes d’hydrocarbures.
Berlin a déjà suspendu cette semaine la mise en service du nouveau gazoduc stratégique reliant la Russie à l’Allemagne en contournant l'Ukraine, Nord Stream II.
Nonobstant l’arrêt de ce projet, les approvisionnements en gaz, en charbon comme en pétrole de la Russie vers l’Allemagne « se poursuivent, à notre connaissance », a fait savoir M. Habeck.
L’Allemagne est aussi fortement dépendante du pétrole russe, qui compte pour 35 % de ses importations de cette matière fossile.
Mais il existe une « réserve nationale de pétrole » qui permet de se passer d’importations pendant 90 jours, de sorte nous « pouvons bien faire face à de longues chutes d’importation ou à des prix élevés », a-t-il assuré.
Vague de condamnations de la Russie par les Occidentaux
L'invasion de l'Ukraine déclenchée jeudi par le président russe Vladimir suscite une vague de condamnations, principalement chez les Occidentaux mais également de la Turquie et jusqu'au scepticisme de l'Iran, mais la compréhension de la Chine.
États-Unis
Le président Joe Biden a dénoncé «l’attaque injustifiée» contre l’Ukraine, reprochant à la Russie d’avoir déclenché une «guerre préméditée», dont elle sera seule «responsable».
ONU
«Au nom de l’humanité, ramenez vos troupes en Russie !», a demandé à Vladimir Poutine le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. «C’est le moment le plus triste de mon mandat» à la tête de l’ONU, a-t-il ajouté.
Union européenne
« Nous condamnons fermement l’attaque injustifiée de l’Ukraine par la Russie. En ces heures sombres, nos pensées vont à l’Ukraine et à ses femmes, hommes et enfants innocents qui font face à cette attaque non-provoquée et craignent pour leurs vies », ont déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel dans un texte commun.
Les Vingt-Sept préparent un nouveau train de sanctions, le «plus sévère jamais mis en oeuvre» contre la Russie, qui la contraindra «à un isolement sans précédent», a déclaré Josep Borrell, chef de la diplomatie de l'UE.
Chine
La Chine «comprend les préoccupations raisonnables de la Russie en matière de sécurité», a réagi le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi.
France
Vladimir Poutine «a décidé de porter l’atteinte la plus grave à la paix, à la stabilité dans notre Europe depuis des décennies», a déclaré le président Emmanuel Macron, assurant que la France et ses alliés seraient «sans faiblesse» en décidant jeudi soir de sanctions contre la Russie «à la hauteur de l’agression dont elle se rend coupable».
« La France est solidaire de l’Ukraine. Elle se tient aux côtés des Ukrainiens et agit avec ses partenaires et alliés pour que cesse la guerre », a ajouté le chef de l’État français dans deux tweets.
Allemagne
L'invasion russe est «une violation éclatante» du droit international qui «remet en cause la paix» en Europe et menace «la vie d'innombrables innocents», a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz, dont le pays dit être prêt à «aider massivement» ses voisins, en particulier la Pologne, en cas d'afflux de réfugiés ukrainiens.
Il a convoqué les députés pour dimanche.
Les sanctions contre la Russie «limiteront considérablement» son accès aux marchés internationaux, a par ailleurs averti Berlin.
Royaume-Uni
Le premier ministre Boris Johnson a condamné les «événements horribles en Ukraine», une «catastrophe pour le continent» européen. Qualifiant le président russe de «dictateur», M. Johnson a promis des sanctions occidentales «massives» pour faire échouer l’» entreprise atroce et barbare de Vladimir Poutine».
Qualifiant le président russe de «dictateur», M. Johnson a promis des sanctions occidentales «massives» pour faire échouer l'«entreprise atroce et barbare de Vladimir Poutine».
L’archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, le primat de l’Église anglicane, et l’archevêque d’York ont qualifié d’» acte maléfique» l’attaque «horrible et non provoquée contre l’Ukraine».
OTAN
Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg a condamné «fermement l'attaque téméraire et non provoquée de la Russie contre l'Ukraine».
Il a annoncé la tenue d'un sommet des dirigeants de l'Otan en visioconférence, vendredi, «pour analyser la marche à suivre» et l'activation des «plans de défense afin de pouvoir déployer la capacité de la force de réaction là où ce sera nécessaire».
Italie
L’attaque russe est «injustifiée et injustifiable», a jugé le Premier ministre Mario Draghi, qui a exhorté Moscou à «retirer sans conditions ses forces militaires» entrées en Ukraine.
Conseil de l’Europe
Le Conseil de l'Europe, une organisation intergouvernementale à laquelle adhère la Russie et qui avait pris des sanctions contre Moscou après l'annexion de la Crimée en 2014, a «fermement» condamné l'offensive russe.
Il l'a qualifiée de «violation flagrante» de son statut et a promis de «rapidement prendre les mesures» qui s'imposent, tout en appelant «les autorités russes à une cessation immédiate et inconditionnelle des hostilités».
Turquie
«Nous rejetons cette opération inacceptable», qui est «un coup dur porté à la paix et à la stabilité régionale», a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est membre de l’OTAN et riverain de la mer Noire, comme la Russie et l’Ukraine.
Iran
«Nous ne considérons pas la guerre comme une solution», a réagi le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, pour qui «la crise ukrainienne trouve ses racines dans les provocations de l’OTAN».
Japon
L’attaque russe en Ukraine «secoue les fondations de l’ordre international», a dénoncé le Premier ministre japonais Fumion Kishida.
Grèce
L’invasion russe est une «violation flagrante et non provoquée du droit international» et une tentative de «révision de l’Histoire par la force armée», a jugé le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.
Australie
Le Premier ministre a Scott Morrison a annoncé une «deuxième série» de sanctions contre des personnes civiles ou morales russes.
Espagne
Madrid «est solidaire du gouvernement et du peuple ukrainiens», a tweeté le chef du gouvernement Pedro Sanchez.
Pays nordiques
La Finlande et la Suède, non membres de l’OTAN, ont condamné l’attaque russe, déplorant séparément «une attaque contre l’ordre de sécurité européen».
De son côté, la Norvège, membre de l’Alliance atlantique, a dénoncé une «grave violation du droit international» et annoncé le déplacement de son ambassade de Kiev à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine. Le Danemark a qualifié le 24 février 2022 de «tache dans l’histoire de la Russie».
Afrique du Sud
«Consterné» par l'offensive russe, le ministère des Affaires étrangères a exhorté Moscou «à retirer immédiatement ses forces d'Ukraine».
Vatican
Le Saint-Siège a déploré que «les scénarios tragiques [redoutés deviennent] la réalité», mais juge qu'il y a «encore de l'espace pour des négociations».
Le chef de l’ONU implore Moscou de cesser son attaque contre l’Ukraine
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé mercredi soir un fervent appel au président russe Vladimir Poutine, l’adjurant de rappeler ses troupes et de «cesser» immédiatement l’attaque lancée contre l’Ukraine.
«Président Poutine, au nom de l’humanité, ramenez vos troupes en Russie!», a lancé le chef des Nations unies, visiblement éprouvé par l’annonce d’une opération militaire russe en Ukraine au beau milieu de la session d’urgence tenue par le Conseil de sécurité.
«C’est le moment le plus triste de mon mandat de secrétaire général des Nations unies», a-t-il ajouté.
«Au nom de l’humanité, ne permettons pas le déclenchement en Europe de ce qui pourrait être la pire guerre depuis le début du siècle», a insisté Antonio Guterres.
Plus tôt, alors que venait de s’ouvrir la réunion d’urgence du Conseil consacrée à la crise, le président russe avait annoncé lors d’un discours surprise à la télévision avoir «pris la décision d’une opération militaire» en Ukraine.
Selon Antonio Guterres, ce conflit pourrait avoir des conséquences “dévastatrices pour l’Ukraine, pour la Russie”, et imprévisibles pour l’économie mondiale déjà fortement atteinte par la pandémie de Covid-19.
Si le conflit «conduit à une guerre généralisée, il est difficile de prévoir à quel point ce sera dramatique, en termes de nombre de personnes qui mourront, de nombre de personnes qui seront déplacées, de nombre de personnes qui perdront espoir dans l’avenir», a fait valoir le secrétaire général de l’ONU.
Peu après le discours de M. Poutine, des explosions ont été entendues à Kiev, la capitale de l’Ukraine, et dans plusieurs autres villes.
Les semaines de pressions diplomatiques et de menaces de sanctions de la part des Occidentaux n’y ont rien fait: la Russie, qui avait massé de 150 000 à 200 000 militaires le long des frontières de l’Ukraine, a fini par lancer l’offensive.
Les Etats-Unis ont indiqué qu’ils allaient déposer jeudi un projet de résolution sur la table du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la Russie pour sa “guerre” en Ukraine, avec un vote attendu vendredi.
«Le Conseil devra agir», a lancé l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield.
La réunion d’urgence du Conseil de sécurité a été le théâtre d’un échange tendu entre les diplomates russe et ukrainien.
«Il n’y a pas de purgatoire pour les criminels de guerre. Ils vont directement en enfer, ambassadeur», a dit l’ambassadeur ukrainien à l’ONU, Sergiy Kyslytsya, à son homologue russe.
«Nous ne sommes pas agressifs envers le peuple ukrainien, mais envers la junte au pouvoir à Kiev», a répliqué Vassily Nebenzia.