/opinion/columnists
Navigation

L'homme est un loup pour l'homme

Coup d'oeil sur cet article

C’est chez le dramaturge romain Plaute, né au IIIe siècle av. J.-C., qu’on retrouve cette locution dans sa comédie Asinaria. Dans un essai paru en 1994, notre cher Serge Bouchard reprend le proverbe en y ajoutant de son cru : « ce qui, vous en conviendrez, n’est pas gentil pour le loup. »

Mon confrère Richard Martineau, dans sa chronique d’hier, citait la philosophe française Chantal Delsol qui, depuis des années, prévient l’Occident du piège dans lequel nous sommes tous pris en pratiquant une naïveté qui nous empêche de comprendre et d’agir devant un individu comme Poutine.

Le bien et le mal sont des mots maudits au Québec depuis que nous nous sommes purgés de la culture du péché mortel. L’obligation nous est faite de ne plus juger et surtout de nous incliner devant les nouveaux prophètes de la moralité woke.

  • Écoutez l'édito de Denise Bombardier à l'émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 8 h via QUB radio :

Culpabilité

En fait, nous nous sentons coupables de ne pas vouloir être culpabilisés et nous avons une tendance à nous leurrer, accentuée par la présence à la tête du gouvernement canadien du roi de l’esquive en la matière, Justin Trudeau.

Prenons l’exemple de la guerre qui a frappé l’Ukraine et qui va entraîner inévitablement la destruction physique du pays, l’exode définitif d’une partie de sa population et l’occupation russe. Il est insupportable d’entendre des commentateurs locaux, tel Luc Ferrandez, qui tentent de présenter leur vision des choses en cherchant à équilibrer les torts entre l’Ukraine et la Russie. Maudite soit en cette période de guerre la tentative hypocrite de présenter les « deux côtés de la médaille ».

Car il faut choisir son camp, alors que les villes d’Ukraine tombent les unes après les autres, que même des hôpitaux et des écoles sont bombardés et que des zones peuplées sont ciblées par des bombes à sous-munitions, armes interdites depuis des années par une convention internationale.

Hésitation

Pourquoi Justin Trudeau a-t-il besoin, par exemple, de « réfléchir » avant d’abolir la nécessité d’un visa pour les réfugiés de Kyïv et des villes bombardées, alors qu’il laisse entrer des demandeurs d’asile qui se présentent sans papiers sur le chemin Roxham ?

Trudeau voudrait sans doute être de nouveau en Inde à faire du tourisme plutôt qu’à Ottawa où il va retrouver bientôt ses « amis » truckers et autres copains de Poutine, qui se croient le nombril du monde malgré la guerre que le fils idéologique de Staline a déclenchée contre l’Occident.

Lorsque qu’on ignore l’histoire, la géopolitique, que l’on rejette l’idée du mal, que l’on préfère l’analyse de gourous autoproclamés, qui pratiquent le lavage des cerveaux, l’irrigation du côlon, la purification des corps de leur pollution nocturne ou matinale et qui enseignent l’humilité et la bonté universelle, on vit la guerre actuelle comme une fiction.

Nous avons failli à la tâche sacrée de préparer nos enfants à la dure réalité de la vie. L’homme n’est ni bon ni mauvais de nature. L’histoire est tragique. Le bonheur est un papillon, donc éphémère. Devant des énergumènes comme Poutine, à la fois terrifiés et fascinés par la mort, il faut opposer la rage de vivre. C’est la leçon que nous servent les Ukrainiens, jeunes et vieux, qui sont prêts de façon paradoxale à mourir pour la patrie.

Et leur président, héroïque, est à leur image. Quelle leçon pour nous !

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.