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Pas de solution claire pour écarter Ricova à Montréal

Ricova
Photo Pierre-Paul Poulin

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Montréal risque de devoir tolérer l'entreprise de recyclage qui l'a flouée d'au moins 1 M$, même si l’inspectrice générale demande de mettre fin aux contrats «dès que possible». 

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Mardi, le directeur de la gestion des matières résiduelles de la Ville de Montréal, Arnaud Budka, a affirmé qu’il «est fort peu probable qu’on soit en mesure d’octroyer un nouveau contrat» de gestion de centres de tri.

Il réagissait au rapport accablant publié lundi par l’inspectrice générale, qui révélait que le géant du recyclage Ricova avait trompé la Ville de Montréal dans le partage des revenus de la vente des matières recyclables.

Ricova opère les deux seuls centres de tri de la Ville et l’administration Plante n’a pour l’heure pas de solution établie pour remplacer l’entreprise.

Selon M. Budka, «toutes les options sont sur la table», y compris celle de faire appel aux employés municipaux.

Très court

Quant à l’option de retourner en appel d’offres, M. Budka a indiqué que «ça pourrait arriver, mais ce serait pour une très courte période».

En effet, les municipalités n’assumeront plus la gestion de la collecte et du tri des matières recyclables à partir de 2025. Le gouvernement du Québec a décrété l’an dernier que ce sont désormais les producteurs d’emballage qui devront en assumer les coûts. 

Ainsi, compte tenu des délais du processus d’appel d’offres, l’entreprise gagnante hériterait d’un contrat de très courte durée et de centres de tri peu performants. 

La mairesse Valérie Plante a assuré que «tout sera fait» pour respecter les recommandations de l’inspectrice générale, dont celle de bannir l’entreprise des contrats publics pour une durée de cinq ans.

Toutefois, ni elle ni M. Budka ne se sont avancés mardi pour dire si les nombreux contrats de collecte de déchets que détient Ricova à travers la ville seraient aussi résiliés. 

«On va s’assurer qu’il n’y ait pas de bris de service et que ça ne s’accumule pas dans certains arrondissements», a affirmé Mme Plante.

L’opposition inquiète

Le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Aref Salem s’est dit «extrêmement inquiet» par ce manque de solutions.

«On n’est pas en mesure de nous donner l’heure juste sur le plan A et le plan B. C’est très inquiétant de voir qu’on pourrait continuer de faire affaire avec une entreprise avec laquelle le lien de confiance est complètement brisé», a-t-il affirmé au Journal.

De nombreuses matières contaminées

Par ailleurs, les plus récentes données de la Ville sur la performance des centres de tri font état d’une contamination qui dépasse les standards nord-américains pour de nombreuses matières.

La situation du papier contaminé à Montréal était déjà connue. En 2020, notre Bureau d’enquête révélait que les ballots sortant du centre de Lachine contenaient 20% d’autres matières. C’est toujours le cas aujourd’hui. Le standard nord-américain de qualité est pourtant de 3%.

Mais il n’y a pas que le papier qui pose problème. Le carton comptait 16% d’autres matières en moyenne dans les 18 derniers mois à Saint-Michel, tandis que les normes maximales sont de 5%.

À Lachine, malgré des équipements neufs à la «fine pointe de la technologie», les ballots de plastiques numéro 1 et 2 ne sortaient pas au meilleur grade disponible sur le marché des plastiques recyclés.

Bien que la Ville reçoive ces données chaque mois, elles ne sont pas rendues publiques ou transmises aux élus montréalais, car Ricova ne le souhaite pas. 

«Ce sont des éléments qui sont jugés comme commerciaux par Ricova. Dans le cadre de notre contrat, ces rapports ne peuvent être transmis qu’avec l’accord de Ricova, qui ne nous a pas donné cet accord», a expliqué le directeur de la gestion des matières résiduelles, Arnaud Budka.

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