Moins de cours «incomplets» au cégep
Le nombre a baissé drastiquement à l’automne 2021 après une hausse spectaculaire en 2020
Coup d'oeil sur cet article
Le nombre de cégépiens qui ont demandé un « incomplet » pour abandonner tardivement un cours était en forte baisse l’automne dernier, ce qui laisse croire que les étudiants n’ont pas abusé des assouplissements liés à la COVID-19.
• À lire aussi: La moitié des cégeps de la province débordent
• À lire aussi: Des profs de cégep non qualifiés pour enseigner au secondaire
« On sentait qu’il y avait un réel plaisir de retourner en présence », dit Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants du Québec, à propos de la dernière session d’automne.
Il y a un an, Le Journal publiait un article sur la hausse spectaculaire du nombre d’incomplets dans les cégeps.
L’« incomplet » est un recours qui permet à un étudiant d’abandonner un ou plusieurs cours après la date limite pour une raison hors de son contrôle, ce qui lui évite d’avoir un échec et d’affecter sa cote R.
Le Journal a refait l’exercice avec les données de l’automne 2021 en contactant une trentaine de cégeps. Le nombre d’incomplets a fortement chuté dans 24 des 26 établissements qui nous ont répondu.
Par exemple, au cégep de Lévis, on est pratiquement revenu à un niveau pré-pandémique, avec un total de 258 « incomplets permanents » à l’automne 2021, alors qu’on en comptait pas moins de 1041 à l’automne 2020.
Pas un « cadeau »
Avant la pandémie, il fallait des pièces justificatives pour s’en prévaloir. Mais avec tous les imprévus causés par la crise, le ministère de l’Enseignement supérieur a assoupli ses critères.
« Certains étudiants n’avaient qu’un téléphone cellulaire pour étudier » alors que la plupart des cours se donnaient à distance en 2020, rappelle Bernard Tremblay, président de la Fédération des cégeps.
Certains ont donc craint que le recours aux incomplets devienne un « bar ouvert », une porte de sortie pour les étudiants à risque d’échouer.
Or, la baisse drastique en 2021 vient montrer que les étudiants n’en ont pas abusé et que ceux qui avaient utilisé ce recours l’année précédente en avaient vraiment besoin, selon plusieurs intervenants.
« L’incomplet, ce n’est pas un cadeau qu’on fait aux étudiants, puisqu’il sont obligés de reprendre le cours », explique M. Tremblay.
Vaccinés
La baisse des incomplets peut notamment s’expliquer par le retour en présentiel sur les campus, mais aussi par le moins grand nombre de cas positifs à la COVID-19 et le fait que la population étudiante était fortement vaccinée, explique Samuel Vaillancourt, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec.
À cela vient s’ajouter un petit resserrement imposé par le ministère : les étudiants avaient jusqu’au 1er décembre pour se prévaloir d’un incomplet à l’automne 2021, alors que cette date limite n’existait pas à l’automne 2020.
Ces chiffres, qui brossent le portrait d’une session beaucoup plus près de la normale que ceux de 2020, cachent peut-être une réalité moins rose.
Quand le nombre d’incomplets a explosé en 2020, le taux d’échec a baissé et le taux de réussite a augmenté, rappelle M. Tremblay. Il se pourrait donc qu’il y ait eu plus d’échecs l’automne dernier.
« Ce n’est pas vrai que tout va bien », dit Lucie Piché, qui a entendu beaucoup de collègues se plaindre des retards dans les apprentissages des étudiants. « Il y a des profs qui s’arrachaient les cheveux en corrigeant. »
EXEMPLES DE BAISSES DRASTIQUES
Nombre d’étudiants avec un ou plusieurs « incomplets »
Nombre de mentions « incomplet »