/news/politics

Trudeau veut moins polluer en pompant plus de pétrole

Accueil mitigé pour le premier plan de réduction des émissions du fédéral

Coup d'oeil sur cet article

OTTAWA | Le fédéral investira des milliards de dollars pour lutter contre la crise climatique, tout en permettant à l’industrie pétrolière et gazière de produire encore plus, et ce, en espérant qu’elle trouve des façons de moins polluer.

• À lire aussi: Changements climatiques: l’UMQ appelle les villes à s’impliquer

• À lire aussi: Budget Girard: plus pour la transition énergétique, moins pour l’achat d’un véhicule électrique

• À lire aussi: Un financement de 18 millions $ pour l’achat d’autobus électriques

Le gouvernement Trudeau a dévoilé, mardi, son tout premier plan de réduction des émissions comme l’y oblige la nouvelle Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité. 

Ce plan prévoit 9,1 milliards $ d’investissements notamment pour abaisser les coûts en énergie des maisons et des immeubles, subventionner l’achat de véhicules zéro émission et financer des bornes de recharge.

D’après le gouvernement, d’ici la fin de la décennie, tous les secteurs devraient pouvoir réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 37 % et 88 % par rapport à 2005, ce qui permettrait de respecter la cible nationale établie l’an dernier.

Mais le secteur pétrolier et gazier, lui, s’en tiendra à 31 % de réduction de ses émissions de 2005. (42 % par rapport à 2019) 

Pour la directrice générale de Nature Québec, Alice-Anne Simard, c’est un déplorable « passe-droit » à l’industrie la plus polluante du pays.

Plutôt que d’imposer la cible nationale aux producteurs d’hydrocarbures, le gouvernement entreprend des consultations afin de fixer un plafond sur leurs émissions.

Le pétrole produit par le Canada provient essentiellement des sables bitumineux bien présents dans les prairies canadiennes. On voit sur cette photo des rejets provoqués par l’exploitation de ses sables à Fort McMurray en Alberta.
Photo d’archives
Le pétrole produit par le Canada provient essentiellement des sables bitumineux bien présents dans les prairies canadiennes. On voit sur cette photo des rejets provoqués par l’exploitation de ses sables à Fort McMurray en Alberta.

Deux fois plus de brut

Pendant ce temps, on pompera de plus en plus de gaz et de pétrole : 5567 barils de pétrole brut par jour en 2030 contre 4185 en 2020 et 2841 en 2010.

Pourtant, pour respecter ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris sur le Climat, le Canada doit absolument plafonner sa production d’hydrocarbures, insiste le professeur Kevin Anderson du Tyndall Centre for Climate Change Research, de l’Université de Manchester, en Grande-Bretagne.

« Ce plafond doit voir le Canada réduire la production de pétrole et de gaz de presque trois quarts d’ici 2030 et éliminer complètement la production d’ici 2034 », a-t-il indiqué en comité parlementaire.

un rêve d’énergie fossile propre

Mais à l’heure où l’Europe cherche des solutions de rechange aux énergies fossiles russes, Ottawa veut plutôt « offrir au monde entier du pétrole et du gaz à faible teneur en carbone ».

Pour y parvenir, le gouvernement mise sur les technologies de captation et de stockage de carbone.

Or, ces technologies, qui laissent de nombreux écologistes et scientifiques perplexes, « sont loin d’être arrivées à maturité [et] elles ne permettent pour le moment que de minimes compensations des émissions », met en garde Mme Simard.

De l’argent pour réduire vos émissions

150 M$ pour abaisser les coûts en énergie des maisons et des immeubles

438 M$ de plus pour le programme de subvention canadienne pour les maisons plus vertes

1,7 G$ pour élargir le programme incitatif pour l’achat de véhicules électriques

900 M$ pour des bornes de recharges pour véhicules électriques

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.