/world/guerre-en-ukraine

L’horreur dans les rues de Boutcha

Des dizaines de cadavres jonchaient le sol après que la ville eut été libérée de l’occupation russe

Coup d'oeil sur cet article

AVERTISSEMENT: Cet article contient des photos bouleversantes qui pourraient ne pas convenir à certaines personnes.


Les images de cadavres ligotés et de civils abattus en pleine rue racontent l’horreur du passage russe dans la ville ukrainienne de Boutcha, récupérée samedi, et sont assimilables à des crimes de guerre selon des experts. 

• À lire aussi: Les dirigeants russes responsables de «meurtres» et de «tortures» à Boutcha

• À lire aussi: «Massacre» à Boutcha en Ukraine: ce que l'on sait

• À lire aussi: Zelensky accuse la Russie de commettre un «génocide» en Ukraine

«Il n’y a aucune raison de tuer une mamie de 80 ans, mais c’est ce qu’on voit dans les rues de Boutcha, a affirmé dimanche à LCN une journaliste de l’Ukraine Crisis Media Center, Tetyana Ogarkova. On ne pouvait pas imaginer ce niveau de cruauté et d’animalité de l’armée russe.»

Des cadavres au visage cireux, des corps de femmes violées, des dépouilles présentant de larges blessures: c’est dans ce contexte qu’ont été retrouvés une vingtaine de corps dans les rues de la ville située tout près de Kyïv, a relaté la journaliste. 

Des bénévoles s’affairent à ramasser les corps qui traînent dans les rues de Boutcha dimanche près du cadavre d’un homme qui transportait des pommes de terre avant d’être tué.
Photo AFP
Des bénévoles s’affairent à ramasser les corps qui traînent dans les rues de Boutcha dimanche près du cadavre d’un homme qui transportait des pommes de terre avant d’être tué.

Des gestes assimilables à des «crimes de guerre», a confirmé Human Rights Watch. 

  • Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec Yann Breault sur QUB radio :

Preuves tangibles

Un chien est étendu près du corps d’un cycliste, tué par des frappes russes.
Photo AFP
Un chien est étendu près du corps d’un cycliste, tué par des frappes russes.

Pour François Audet, directeur de l’Institut d’études internationales de Montréal à l’UQAM, ces meurtres «odieux, inhumains» démontrent «une volonté délibérée de tuer des civils».

«Ce sont des preuves tangibles [de crimes de guerre], dramatiques, qui vont changer le cours du conflit [...] Des images tellement puissantes qu’elles pourraient forcer des pays [alliés] comme la Chine à y voir plus clair dans leur position», croit-il. 

Car le droit de la guerre stipule que les civils ne peuvent pas être ciblés, attaqués et encore moins tués, a-t-il précisé.

«C’est soit une armée délinquante qui n’a pas le contrôle sur ses hommes, soit une hiérarchie militaire [...] qui s’est laissée aller dans les pires violences et qui n’en a rien à cirer de l’image et des meurtres probablement commis sans aucune culpabilité», a ajouté M. Audet, sans mâcher ses mots. 

Ces images «insoutenables», ce «coup de poing dans l’estomac», ont provoqué de vives réactions chez les dirigeants occidentaux. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a poussé plus loin en parlant de «génocide».   

  • Écoutez l'entrevue avec Tetyana Ogarkova, responsable du département international de l’ONG Ukraine Crisis Media Center sur QUB radio :    

Crime de guerre incontestable

Il serait difficile d’alléguer un dommage collatéral, a noté Frédéric Mégret, professeur titulaire à la Faculté de droit à McGill. 

«Qu’il y ait des civils morts de fait des combats, c’est une chose. Mais des exécutions, ça nous fait basculer dans une situation tout à fait différente», a-t-il indiqué. 

Ce geste «trahit [...] une certaine préméditation, a-t-il ajouté. Il faut établir qui est le responsable, mais on a déjà une preuve incontestable d’un crime de guerre.»

Les corps d’au moins 57 personnes reposaient dans une fosse commune de la cité. Selon les autorités ukrainiennes, au moins 410 civils ont été trouvés sans vie dans la région de Kyïv après le retrait russe.

«Nous avons trouvé des gens avec les mains et les jambes ligotées [...] avec des impacts de balles à l’arrière de la tête», a décrit pour la BBC le porte-parole du président ukrainien, Serguiï Nikiforovil.

Sans surprise, le ministère russe de la Défense a nié les exactions, affirmant qu’il s’agissait d’une «nouvelle production du régime de [Kyïv] pour les médias». 

– Avec l’AFP et l’Agence QMI

Le vrai visage de la guerre  

Ces photos que nous publions aujourd’hui sont particulièrement dures et difficiles à regarder. Nous en sommes bien conscients, mais nous avons décidé de les publier afin de montrer toute l’horreur et la violence d’une guerre. Nous considérons que c’est notre rôle de montrer la réalité que vit la population de l’Ukraine, même si elle est choquante. La très grande partie de nos lecteurs sont des adultes et sont bien informés. Nous recommandons tout de même aux parents de ne pas laisser leurs enfants les regarder seuls et sans explications.

- Dany Doucet Rédacteur en chef

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.