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«Massacre» à Boutcha en Ukraine: ce que l'on sait

«Massacre» à Boutcha en Ukraine: ce que l'on sait
AFP


L’Ukraine a accusé dimanche l’armée russe d’avoir commis un «massacre» à Boutcha, une petite ville au nord-ouest de Kyïv récemment reprise par les troupes ukrainiennes, où de nombreux cadavres de civils étaient visibles dans les rues. 

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Voici ce que l’on sait pour le moment sur ces événements, qui suscitaient dimanche l’indignation des pays occidentaux pour lesquels il s’agit d’«un terrible crime de guerre».

Une ville dévastée

Boutcha, une ville d’environ 37 000 habitants (avant la guerre) à 30 km de la capitale, ainsi que celle voisine d’Irpin, a été le théâtre de combats parmi les plus féroces depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février.

Boutcha a été occupée par l’armée russe dès le 27 février, restant inaccessible pendant plus d’un mois. Les bombardements y ont cessé jeudi et les forces ukrainiennes n’ont pu complètement y pénétrer qu’il y a quelques jours.

Des journalistes de l’AFP se sont rendus samedi dans cette localité et ont pu voir des trous béants provoqués par des obus dans des immeubles d’habitation, de nombreuses carcasses de voitures et des rues jonchées de débris ou de lignes électriques abattues.

Ceux de ses habitants restés sur place, pris au piège par les tirs incessants, étaient privés d’eau et d’électricité par des températures très basses.

Des témoins rencontrés par l’AFP ont affirmé avoir vu des combattants tchétchènes parmi les militaires russes.

Une vingtaine de corps éparpillés

L’AFP a vu samedi les cadavres d’au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues à Boutcha. L’un était couché près d’un vélo, d’autres avaient à côté d’eux des sacs à provisions. 

Un cadavre avait les mains liées dans le dos et la plupart des corps étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres dans une même rue. Un autre se trouvait près de la gare, sous une couverture.

On ne pouvait pas dans l’immédiat déterminer la cause de la mort de ces personnes, mais au moins deux d’entre elles présentaient de larges blessures à la tête. 

La peau des visages avait un aspect cireux, laissant penser que les cadavres étaient là depuis au moins plusieurs jours.

Selon le maire de Boutcha, Anatoli Fedorouk, ces personnes ont été tuées par les soldats russes d’«une balle dans la nuque».

Fosses communes

Les cadavres de 57 personnes ont été retrouvés dans une fosse commune, a déclaré dimanche le chef des secours locaux, Serhiï Kaplytchny, en montrant à une équipe de l’AFP ce site.

Une dizaine de cadavres étaient visibles, certains seulement partiellement inhumés, derrière une église du centre de la ville. Plusieurs d’entre eux étaient dans des sacs mortuaires noirs et ceux que l’on pouvait voir portaient des vêtements civils.

Samedi, M. Fedorouk avait affirmé que «280 personnes» avaient été enterrées «dans des fosses communes», car elles ne pouvaient être inhumées dans les cimetières de Boutcha, tous à portée des tirs russes pendant les combats.

«Nous avons trouvé des fosses communes. Nous avons trouvé des gens avec les mains et les jambes ligotées [...] avec des impacts de balles à l’arrière de la tête», a de son côté déclaré à la BBC le porte-parole du président ukrainien, Serguiï Nikiforovil, affirmant qu’il s’agissait «clairement de civils». 

Quel bilan ?

Le nombre exact des victimes n’est pas encore connu, a déclaré à l’AFP le maire de Kyïv, Vitali Klitschko, qui s’est rendu dimanche à Boutcha: «Nous pensons que plus de 300 civils sont morts». 

Le président français Emmanuel Macron a pour sa part fait état de «centaines de civils lâchement assassinés» dans cette ville, ajoutant que «les autorités russes devront répondre de ces crimes».

Tollé à l’étranger

Les images et informations en provenance de Boutcha ont provoqué un tollé international.

Elles sont «un coup de poing à l’estomac», a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. Il s’agit d’actes «horribles» et «absolument inacceptables», a jugé l’OTAN.

La Grande-Bretagne a demandé une «enquête pour crimes de guerre» et le président du Conseil européen, Charles Michel, a annoncé que l’UE allait «aider l’Ukraine et des ONG à rassembler les preuves nécessaires pour des poursuites devant les cours internationales».

«Plus de sanctions et d’aide de l’UE sont en chemin», a-t-il ajouté.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a accusé dimanche la Russie de commettre un «génocide» en Ukraine pour éliminer «toute la nation» ukrainienne.

La Russie a quant à elle démenti avoir tué des civils à Boutcha, assurant que «pendant la période au cours de laquelle cette localité était sous le contrôle des forces armées russes, pas un seul de ses habitants n’a souffert d’actions violentes».







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