Zelensky accuse la Russie de commettre un «génocide» en Ukraine
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé dimanche la Russie de commettre un «génocide» en Ukraine pour éliminer «toute la nation», au lendemain de la découverte de nombreux corps dans les rues d'une ville près de KyÏv après le départ des forces russes.
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«Oui, c’est un génocide. L’élimination de toute la nation et des gens, nous sommes citoyens d’Ukraine. Nous avons plus de 100 nationalités. Il s’agit de la destruction et de l’extermination de toutes ces nationalités», a-t-il déclaré dans un entretien avec la chaîne américaine CBS.
«Et cela se passe dans l’Europe du XXIe siècle», a-t-il soupiré, dénonçant «la torture de toute la nation».
L’Ukraine avait déjà accusé l’armée russe d’avoir commis un «massacre délibéré» de civils à Boutcha, une ville au nord-ouest de Kiev, ainsi que d’autres «horreurs» dans les régions désormais «libérées de l’envahisseur», qui ont déclenché l’indignation des Occidentaux et des appels à des sanctions supplémentaires contre Moscou.
Alors que les Européens et les Américains ont affirmé que les auteurs d’atrocités devraient rendre des comptes, le président ukrainien a dit «croire en la justice», mais aussi qu’aucune peine ne suffirait à punir de tels actes.
«Je ne sais pas quelle loi ou quelle peine de prison serait adéquate pour cela. En tant que père de deux enfants et en tant que président, je pense que ces gens, s’ils vont derrière les barreaux, c’est trop peu pour ce qu’ils ont fait», a-t-il affirmé.
Pour autant, Volodymyr Zelensky a réitéré qu’il était prêt à dialoguer avec son homologue russe Vladimir Poutine.
«Après tout ce qui a été fait, il est difficile d’imaginer que nous pouvons encore avoir des négociations avec la Russie. Mais ça, c’est sur un plan personnel : en tant que président, j’ai le devoir de le faire», a-t-il expliqué.
«Il n’y a pas d’autre issue que le dialogue, si vous ne voulez pas des centaines de milliers et des millions de morts», a-t-il prévenu.
Mais il a estimé qu’un sommet avec le président Poutine ne pouvait intervenir qu’après un «cessez-le-feu». «Je ne peux même pas avoir une rencontre tant qu’ils bombardent», a-t-il martelé.
«Tous les deux, nous allons discuter. Quand la fin de la guerre arrivera, et ensuite nous discuterons ensemble des garanties de sécurité, et du statut de neutralité», tout «en préservant notre souveraineté et une armée puissante», a estimé Volodymyr Zelensky, énumérant les propositions ukrainiennes lors des pourparlers en cours avec Moscou.
«Et si cet accord est violé, nous devons avoir la possibilité de nous défendre», a-t-il prévenu.
«Une fois que nous aurons discuté de tout cela, toutes les troupes doivent être retirées» pour revenir «au moins» à la situation d’avant le 24 février, jour de l’invasion russe. «Et après leur retrait, on peut s’asseoir avec les pays qui serviront de garants de la sécurité», a-t-il ajouté.
Ces pourparlers entre Ukrainiens et Russes ont permis ces derniers jours d’esquisser les contours d’un possible accord sur une Ukraine neutre, mais Kiev réclame que plusieurs pays, dont les États-Unis, soient «garants» de sa sécurité à l’avenir.
«Les États-Unis ne nous ont pas fourni de garanties de sécurité», «nous n’en avons reçu de personne à ce stade, et nous devons en recevoir», a déclaré le président Zelensky sur CBS, réclamant un mécanisme qui puisse vraiment être appliqué et pas un simple «bout de papier».