Le même bon gars
Au premier rang mondial, Scottie Scheffler ne s’enfle pas la tête
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AUGUSTA | Scottie Scheffler a tout récemment atteint le premier rang mondial. Et puis ? Rien. Il est resté le même bon gars, simple, qui ne veut surtout pas se casser la tête.
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En ayant remporté trois des six tournois à l’horaire sur le circuit de la PGA, à 25 ans, le golfeur pourrait bien s’enfler la tête. Ce n’est pas le cas. Dans ses sorties, il préfère passer sous le radar sans attirer l’attention.
Sans se projeter dans l’avenir, il souhaite ardemment rester dans le moment présent.
Pour ce faire, il profite des occasions pour s’amuser. Cette semaine, dans ce premier championnat majeur où il occupe le premier rang mondial, l’Américain garde sa même attitude décontractée. Il plaisante avec ses copains, dont Sam Burns.
Recette
Dans ce moment de grande pression lors duquel les regards sont évidemment tournés vers lui quand ils ne sont pas rivés sur Tiger Woods, Scheffler garde la recette qui l’a fait gagner depuis le début de février.
« J’essaie de conserver un profil bas. Je suis un gars qui aime rire et avoir du plaisir. C’est important de ne pas se prendre trop au sérieux. Je suis peut-être parfois niaiseux, mais je suis un gars simple », a expliqué celui qui sait s’amuser autant sur les parcours qu’à la maison en jouant à des jeux de société.
Il le faisait avant de remporter son premier titre en carrière, à l’Omnium de Phoenix en février, et il continue à le faire présentement à Augusta, où il figure parmi les favoris du Tournoi des Maîtres.
Pas intéressé
Voilà une façon de déconnecter de la routine quotidienne d’un golfeur qui domine les classements professionnels. Même qu’il ne les consulte pas, selon ses propos. Il se prépare pour chaque tournoi et espère être en mesure de se placer dans la course. Il carbure à cette compétition. La dernière fois qu’il a consulté le classement mondial, il figurait au-delà du 50e rang, une barre donnant accès aux plus grands tournois.
Depuis, on l’informe de son rang.
« C’est important de pouvoir rire, savoir rire de soi et décompresser, car il y a beaucoup plus de mauvaises journées que de bonnes journées sur le circuit de la PGA. Le golf est un sport exigeant et difficile, a-t-il souligné. Nous perdons plus que nous gagnons. Donc, en ne se prenant pas trop au sérieux, on vit mieux avec les insuccès et les échecs.
« J’ai en effet gagné trois des six derniers tournois, a-t-il poursuivi. On pourrait croire que c’est à peu près aussi bien qu’on peut faire en ce moment et je n’ai gagné que la moitié des tournois. »
Changement bénéfique
Cette excellente séquence n’est pas étrangère à un important changement qu’il a effectué l’automne dernier.
Un mois après son inspirante performance à la coupe Ryder et qui lui a insufflé une grande confiance, Scheffler a engagé un nouveau cadet. Devenu « agent libre » après sa séparation avec Bubba Watson, Ted Scott a saisi son sac après une période de réflexion à la suite de la demande du golfeur.
Âgé de 48 ans, Scott avait fait une croix sur le métier lorsqu’il avait quitté Bubba. Mais il a décidé de revenir après avoir prié et demandé l’accord de sa famille. Oui, prié, car les Scott sont pratiquants.
Ainsi, le cadet qui était aux côtés du gaucher lors de ses deux conquêtes à Augusta (2012 et 2014) aide le jeune golfeur de 25 ans. En plus de ses connaissances, son patron compte sur deux bonnes performances au Tournoi des Maîtres. Celui-ci a expliqué avoir appris de ses deux uniques présences en jouant avec Phil Mickelson et Tiger Woods.
En confiance, roulant sur une excellente séquence et en restant le même bon gars décontracté, il est dangereux sur les allées. Le voilà déjà au tableau principal à l’issue de la première ronde.
Augusta express
Il y a longtemps qu’on n’avait pas aperçu un Canadien dans le haut du tableau principal à l’issue de la première ronde. Avec son score de 70 (-2), Corey Conners apparaît au septième rang. En 2019, ce même pointage lui avait valu le 11e échelon. Tout a cliqué pour l’Ontarien. Il a su bien évaluer les vents dominants qui furent constants, selon ses propos. À l’exception en fait de son coup de départ sur la normale 3 du 16e. Dès qu’il a touché la balle, il savait qu’elle ne toucherait jamais la surface du vert alors qu’elle a fendu le vent. Celle-ci a renversé un spectateur placé derrière le vert. Heureusement, plus de peur que de mal, mais une bière en moins ! Quant à Hughes, un « shank » au 15e a surpris bon nombre de « patrons ». Il figure au 31e rang, à +1.
Les puissants orages des deux derniers jours et les pluies diluviennes ont laissé des traces sur l’Augusta National. Tout d’abord, pour s’y aventurer à travers la boue, il ne faut surtout pas oublier ses souliers de golf munis de bons crampons. Mais surtout, la pluie et les vents ont modifié le pittoresque paysage du Amen Corner. Secouées dans tous les sens aux passages des tempêtes, les azalées ont perdu leurs couleurs vives derrière le vert du magnifique 12e trou, « Golden Bell ». Et tout au long de la normale 5 du 13e, longue de 510 verges, les quelque 1600 plants d’azalées, aussi appelées rhododendrons, ont perdu des pétales. Toutefois, celles placées autour des grosses fosses protégeant le vert semblent avoir résisté aux intempéries.
Justement, les quelque 80 millimètres de pluie déversés sur le parcours ont forcé les systèmes d’aération sous la surface du sol à travailler constamment et plus fort. Ils ajustent la température et l’humidité des sols. Jeudi, il n’était pas rare d’observer des geysers d’eau surgir des grillages d’aération placés à différents endroits sur le parcours. Une surprise assez impressionnante lorsqu’on s’y trouve à proximité. L’Anglais Paul Casey n’a pas pris le départ du tournoi, jeudi, en raison d’une blessure au dos qu’il traîne depuis le Championnat par trous Dell, il y a deux semaines. À ses 15 départs au Masters, il compte 5 tops 10.