Québec verse 3 millions $ à Pepsi au nom de l’autonomie alimentaire
Frito-Lay augmentera sa production de croustilles de maïs à son usine de Lévis
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Invoquant la nécessité d’accroître l’« autonomie alimentaire » du Québec, le ministère de l’Agriculture versera une subvention de 3 millions $ au géant américain PepsiCo pour une nouvelle ligne de production de croustilles de maïs à Lévis.
Frito-Lay, une filiale de PepsiCo, compte investir 90 millions $ pour installer cette nouvelle unité de production et 40 millions $ pour construire « un entrepôt de haute technologie », indique le gouvernement.
L’expansion doit permettre la création de 50 emplois, précise au Journal une porte-parole de PepsiCo, Sheri Morgan. Les travaux doivent débuter sous peu et se terminer d’ici la fin de 2025, ajoute-t-elle.
« Ce projet permettra de réduire les importations de croustilles de maïs en provenance des États-Unis », soutient Alexandra Houde, porte-parole du ministre de l’Agriculture, André Lamontagne.
La subvention de 3 millions $ provient d’une enveloppe de 157 millions $ annoncée à l’automne 2020 visant à « accroître l’autonomie alimentaire » du Québec.
Une approche qui soulève des questions selon Patrick Mundler, professeur au département d’économie agroalimentaire de l’Université Laval, quand on lui demande s’il est opportun d’inclure des croustilles dans une initiative sur l’autonomie alimentaire.
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Concept flou
« C’est sûr que quand on parle d’autonomie alimentaire du Québec, je pense d’abord au développement des fermes de proximité », note-t-il.
Contrairement aux concepts d’autosuffisance alimentaire (produire 100 % de ce que nous consommons) et de sécurité alimentaire (assurer un accès universel à une nourriture saine en comptant sur la production locale et les importations), celui d’autonomie alimentaire est moins clair, constate M. Mundler.
« L’autonomie alimentaire, ce serait augmenter la part de produits québécois dans l’assiette des Québécois, mais ça reste un peu flou », affirme-t-il.
Les croustilles au maïs, « ce n’est pas l’aliment le plus santé sur Terre », convient l’agronome Pascal Thériault, chargé de cours à l’Université McGill.
Valeur ajoutée
Le spécialiste voit néanmoins du bon dans les efforts de Québec. « On produit quand même beaucoup de denrées agricoles qu’on fait souvent transformer ailleurs et qui reviennent ensuite ici. Il y a donc une bonne partie de la valeur ajoutée qui quitte le Québec », souligne M. Thériault.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement vient en aide à une multinationale étrangère du secteur de l’alimentation. En novembre 2020, Québec a annoncé l’octroi d’un prêt de 2 millions $ à Kraft pour une ligne de production de ketchup à Mont-Royal.
En 2021, PepsiCo a engrangé des profits nets de 7,6 G$ US sur des revenus de 79,5 G$ US.
L’autonomie alimentaire selon Québec
« Accroître notre approvisionnement alimentaire au Québec pour réduire notre dépendance par rapport à l’approvisionnement extérieur, tout en offrant des produits diversifiés à prix concurrentiels. »
Source : MAPAQ