La vie après 450 combats: Sébastien Laferrière entraîne son cerveau avec la poésie... et «ça marche»
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Un colosse et collectionneur de combats a trouvé refuge dans la poésie et l'entreprise familiale pour «entraîner son cerveau» après une longue carrière comme bagarreur dans le hockey semi-professionnel. «Et ça marche», assure-t-il.
Sébastien Laferrière a le physique de l'emploi. À 6 pi 2 po et un peu plus de 220 lb, il a livré près de 450 combats dans sa carrière. Il a notamment été l'un des protecteurs d'un certain Sidney Crosby avec l'Océanic de Rimouski en 2004-2005, surtout quand «le grand vétéran Eric Neilson avait eu une pneumonie».
Partout où il est passé, il a fait lever les foules avec des combats spectaculaires. Un «feeling impossible à avoir ailleurs», dit-il
Sébastien Laferrière se définit comme un gars «gentil, toujours prêt à aider les autres». Le genre de gars qui levait la main en premier dans la chambre quand il était temps de passer un message à l'autre équipe.
«C'était plus fort que moi, fallait que je le fasse.»
Mais ces émotions fortes sont venues avec un prix à payer : des commotions cérébrales.
«Je ne pourrais pas dire combien de commotions. Aucune idée», avance le costaud de 35 ans.
Mais quand il y réfléchit plus longuement, il se dit «que c'est certain que j'en ai eu plusieurs».
Pour aider
Conscient que les nombreux coups qu'il a reçus à la tête pourraient hypothéquer sa santé, Sébastien Laferrière s'est mis en quête «d'entraîner son cerveau», comme il le dit. Un grand défi pour celui qui est atteint de dyslexie.
«J'ai vu une orthophoniste qui m'a dit : ça ne se guérit pas, mais le cerveau, ça s'entraîne. Je sais que je me suis battu, j'essaie, même si j'ai de la misère à lire, je fais de la lecture.»
Puis, à l'invitation de son ami Joël Thériault, un autre bagarreur bien connu au Québec, il s'est initié à la poésie. «Il m'a dit que c'est important pour le langage, pour s'améliorer. Vu qu'on s'est battus, pour entraîner notre cerveau et améliorer le langage», se rappelle-t-il.
Peu avant la pandémie, les deux colosses s'étaient même rendus dans une soirée de poésie, dans une petite salle de spectacles de la Basse-Ville de Québec, pour y écouter des poèmes. Ils ont adoré leur soirée.
«J'ai trouvé ça intéressant. Je me suis acheté un petit livre de poèmes. Je le lis à haute voix chez moi.» Laferrière espère renouveler l'expérience.
Au travail aussi
Même si la flamme pour son rôle de protecteur brûle toujours, Laferrière préfère se concentrer sur la compagnie d'ébénisterie qu'il possède avec son père. C'est ce boulot qu'il le garde «actif» et l'aide, selon lui, à garder un esprit vif.
«Je pense que la compagnie m'a sauvé aussi. Développer l'entreprise fait travailler mon cerveau.»
Il espère qu'il pourra vieillir en santé et que toutes ces commotions n'auront pas un impact dans quelques années.
«J'essaie de ne pas y penser, mais, maintenant, chaque jour, je me demande si j'ai de quoi. Je me dis que je dois bien avoir de quoi. Cogner le cerveau aussi souvent, c'est pas normal.»
La carrière de Sébastien Laferrière en bref
- 2430 minutes de punition en 458 matchs (LNH, professionnel et senior)
- Un ancien protecteur de Sidney Crosby avec l'Océanic de Rimouski. Il estime avoir laissé tomber les gants près de 450 fois.
- Propriétaire depuis 2013 d'une compagnie d'ébénisterie à Québec avec son père