Agression sexuelle: l’accusé a été atteint de sexomnie, selon un psychiatre
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Le photographe montréalais accusé d’avoir agressé sexuellement une amie après une soirée arrosée en 2018 était « probablement » atteint d’un épisode de sexomnie, selon un psychiatre légal.
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Gestes mécaniques pendant l’acte, absences de souvenirs, épisodes similaires par le passé : ce sont les principales raisons qui mènent le Dr Pierre Gagné à croire que Yannick Giguère n’était pas conscient des gestes qu’il posait, a défendu l’expert jeudi au palais de justice de Montréal.
Giguère est accusé d’avoir agressé une amie et ancienne fréquentation après une soirée dans un bar, en juillet 2018.
La plaignante, qui dormait chez lui, se serait réveillée en pleine nuit alors qu’il se trouvait sur elle. Il aurait tassé sa petite culotte pour la pénétrer après avoir mis un préservatif. Selon elle, les gestes étaient machinaux et sans tendresse.
Somnambule
La sexomnie, que le photographe soulève comme défense, est un trouble du sommeil connu surtout depuis 2013 pendant lequel une personne somnambule adopte des comportements sexuels, a précisé le Dr Gagné.
Pour en arriver à sa conclusion, le psychiatre s’est fié à la version de l’accusé, rencontré une fois lorsqu’il a sollicité son expertise après avoir été arrêté, ainsi qu’à celle d’une de ses ex. Il a aussi demandé l’avis d’un neurologue spécialiste en trouble du sommeil, qui a considéré que les critères diagnostiques étaient satisfaits, peut-on lire dans le rapport déposé en preuve.
L’ex-conjointe de l’homme de 45 ans, dont l’identité est protégée par la Cour, a d’ailleurs affirmé devant le Tribunal qu’elle avait vécu « autour de 15 à 20 » événements de somnambulisme sexuel lorsqu’elle était en couple avec lui.
« On en avait parlé ouvertement avant même d’être un couple. Ça n’a pas été une surprise de vivre ces épisodes-là, je savais que ça pouvait arriver. [...] Quand je n’avais pas envie, je le réveillais », a ajouté la femme de 32 ans.
Différent
Pendant ces épisodes, Giguère agissait différemment d’une relation sexuelle lors de laquelle il était éveillé, a-t-elle relaté.
« Il n’y avait pas de préliminaires, pas de discussions. Son regard n’était comme pas là, vitreux, confus. Ce que je connaissais de notre intimité n’était pas présent. »
En contre-interrogatoire, le psychiatre a aussi expliqué que la quantité d’alcool que l’accusé avait bu – environ trois pichets de sangria et des shooters – est l’un des facteurs qui pourraient déclencher un épisode de sexomnie, tout comme la fatigue et le stress.