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De la cocaïne coupée aux «sels de bain» circule partout à Montréal

Les consommateurs ont plus de difficulté à se contrôler qu’auparavant

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Jean-François Mary met en garde la population contre de la cocaïne contaminée qui a eu des effets inhabituels chez plusieurs consommateurs. Photo d'archives Agence QMI, Joël Lemay


De la cocaïne coupée aux «sels de bain» circule pour une première fois et d’une façon généralisée depuis quelques semaines à Montréal, ce qui inquiète la Santé publique et des intervenants du milieu.

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«Il y a des consommateurs de cocaïne qui contrôlent habituellement très bien leur quantité et la durée de leur usage, mais là, ils n’arrivent pas à s’arrêter. Ils consomment tout d’un coup», s’inquiète Jean-François Mary, directeur de Cactus, un organisme de réductions des méfaits.

Le laboratoire de Cactus, qui analyse la drogue d’usagers afin d’assurer une consommation sécuritaire, a remarqué depuis le début du mois d’avril une nouvelle substance dans la cocaïne: des cathinones, communément appelées «sels de bain».

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De la cocaïne qui cause bien des inquiétudes, analysée par le laboratoire de l’organisme Cactus. Photo courtoisie

Du jamais vu

Des 18 échantillons provenant de divers profils de consommateurs et différents quartiers de Montréal, 16 étaient coupés avec cette substance. L’organisme n’avait jamais vu ce phénomène auparavant.

«Ça nous dit qu’il y a quelque chose dans l’approvisionnement général qui est un enjeu, explique M. Mary. La cocaïne est la substance la plus consommée à Montréal.»

Des témoignages d’usagers dont la drogue était contaminée, recueillis par Cactus, inquiètent grandement l’organisme.

Ceux-ci ont été poussés à multiplier la fréquence de leur consommation et ont vu des effets inhabituels apparaître.

«Ça crée un manque de sommeil, des psychoses, le fait aussi de paniquer parce qu’on ne contrôle pas son usage», rapporte-t-il, en soulignant que de prendre beaucoup de cocaïne en peu de temps augmente le risque de surdose.

La Direction de santé publique de Montréal (DRSP) indique pour l’instant ne pas avoir observé de hausse de surdoses dans les dernières semaines.

«On va suivre ça de près et on va voir si oui ou non ça a un impact sur les surdoses qui nous sont signalées», explique la Dre Carole Morissette, responsable médicale de la réduction des méfaits à la DRSP.

Elle croit aussi qu’il s’agit d’un phénomène nouveau, car le laboratoire de santé publique du Canada n’a détecté des cathinones dans aucune substance dans la dernière année. 

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Risques multipliés

L’organisme GRIP, seul autre à pouvoir tester les drogues à Montréal, a noté la présence de cathinones à deux reprises depuis le mois de mars, mais dans de la MDMA. Il faut toutefois savoir que GRIP dépiste à moins grande échelle que Cactus.

Roxanne Hallal, coordonnatrice du service d’analyses de substances, rappelle qu’il y a « toujours des risques » à consommer, et que ceux-ci sont multipliés lorsque les substances sont mélangées, notamment sur le plan cardiaque et psychologique.

Que sont les «sels de bain»?   

  • Selon Santé Canada, les substances les plus courantes contenues dans les «sels de bain» sont des formes synthétiques de la cathinone des plantes.   
  • Cette drogue favorise la consommation excessive, peut notamment augmenter le risque de psychose et comporte plusieurs autres risques pour la santé.   
  • Elle a été interdite seulement en 2012 par le gouvernement fédéral, à une époque où elle était nouvelle sur le marché.  






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