L’essentiel, c’est d’être aimé
Guy Lafleur, qui a eu droit à un ultime hommage hier, aimait tout le monde et tout le monde l’aimait
Coup d'oeil sur cet article
Ginette Reno est encore venue nous chercher. Comme elle seule peut le faire. Quand elle chante L’essentiel, chanson qu’Aznavour a écrite pour elle, on croirait qu’elle est dédiée à Guy Lafleur.
• À lire aussi: Un «héros» national resté humble
• À lire aussi: «Guy! Guy! Guy!»
• À lire aussi: [VIDÉO] «Il a tout donné à sa famille»
• À lire aussi: [VIDÉO] Voyez la prestation de Ginette Reno aux funérailles de Guy Lafleur
Ginette l’avait interprétée pour l’une des premières fois devant public lors du dernier match de Guy dans la Ligue nationale de hockey.
C’était le 31 mars 1991 au Colisée de Québec.
Il était donc normal que Ginette l’interprète une dernière fois pour Guy.
Le troisième couplet dit :
« L’essentiel
C’est d’être aimé
Contrairement à tout ce qu’on peut raconter
Ce n’est pas la fortune ou la célébrité
Qui ne sont que du vent et ne font que passer ».
Ce fut le moment le plus émouvant de l’au revoir à Guy.
On avait le cœur gros, on avait le motton dans la gorge.
Unique au Québec
L’essentiel, c’est aussi l’histoire de Ginette, du Rocket, de Gilles Villeneuve, de René Lévesque, des Québécois plus grands que nature qu’on a toujours appelés par leur prénom parce qu’ils étaient comme nous, et comme Ginette l’est encore.
Quand le Québec tombe en amour avec l’un des siens, on le vénère. On est distincts à cet égard en Amérique.
Combien de fois voit-on des athlètes du Canada anglais ou des États-Unis faire l’objet de funérailles nationales ?
On est comme les gens des pays latins, pour qui les grandes figures sont des monstres sacrés.
Maurice Richard n’a jamais fait dans la politique. Il se décrivait comme un simple joueur de hockey.
Mais les Canadiens français, comme on nous appelait dans le temps, le percevaient comme leur porte-étendard, celui de qui Félix avait dit : « C’est tout le Québec debout qui fait peur et qui vit ».
Le défricheur de la LHJMQ
Le Québec avait perdu ses complexes quand Guy est arrivé. Comme le Rocket, Guy se tenait loin de l’arène politique. Mais il aimait montrer qu’au Québec, on pouvait être aussi bon que n’importe qui.
Il aurait pu aller jouer son junior dans la Ligue de l’Ontario, comme l’a fait Marcel Dionne. Le Canadien junior de Montréal, les Black Hawks de St.Catharines et les 67’s d’Ottawa lui couraient après.
Il a dit non.
Il a préféré Québec, qui en avait fait son fils adoptif lors de ses trois participations au Tournoi international pee-wee.
Quelques années plus tard, la nouvelle Ligue de hockey junior majeur du Québec avait le joueur qui la mettrait sur la carte.
Dès sa deuxième saison d’existence, la coupe Memorial aboutissait à Québec grâce à Guy et au fantastique club des Remparts.
L’équipe en premier
Pour Guy, c’était surtout et avant tout une victoire d’équipe. Il n’était pas le genre à s’approprier les honneurs, mais il rendait ses coéquipiers meilleurs.
« Il n’était pas plus gros que l’équipe, comme me l’a dit Serge Savard à la sortie de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde, hier.
« On savait qu’il était le meilleur, mais il était one of the boys. »
Il était Flower pour ses coéquipiers et Guy pour les amateurs, pour qui leur relation avec Lafleur aura été une histoire d’amour.
Redonner au suivant
Dauphin de son idole Jean Béliveau, Guy a passé sa vie à redonner au public.
Il a dû signer un million d’autographes et se faire photographier aussi souvent avec des hommes et des femmes qui le percevaient comme leur voisin d’à côté.
Combien de fois a-t-il rendu visite à des malades, dont certains étaient en fin de vie, sans qu’on le sache ?
Comme l’a dit sa mère, il était prêt à donner sa chemise pour faire plaisir.
Il aimait tout le monde et tout le monde l’aimait. Il n’a jamais déçu personne.
Merci pour tout, Guy.
En espérant te revoir dans une autre vie.