Canicule précoce: le temps presse pour adapter nos villes
Plusieurs villes ont ouvert les jeux d’eau pour permettre aux citoyens de supporter les 30 degrés prévus
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À l’approche d’une canicule dans le sud-ouest du Québec, des experts préviennent que le temps presse pour adapter nos villes alors que les vagues de chaleur s’annoncent de plus en plus précoces et fréquentes.
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«Dans les prochaines années, les villes devront être proactives, parce que ce sont elles qui sont en première ligne du combat contre le changement climatique», explique le météorologue Gilles Brien.
Les citadins qui habitent au cœur d’îlots de chaleur sont les premières victimes des vagues de chaleur extrêmes, comme celle qui touche actuellement le sud-ouest du Québec, soutient M. Brien.
«Jeudi, vendredi, samedi, Environnement Canada prévoit trois jours de soleil sans précipitation avec de hautes températures [au-dessus de 30 degrés] alors ça n’en prend pas plus pour dire que c’est une canicule», ajoute le météorologue.
Historiquement, il faut remonter à 2020 pour voir ce genre de phénomène en mai.
«Normalement, on a une journée de 30 degrés aux trois ans [en mai]. Alors là, on se retrouve avec trois jours de suite avec 30, on n’est pas dans les normales. On est vraiment dans une situation exceptionnelle», indique-t-il.
Aujourd'hui, au moins sept minicipalités du Québec ont battu un record de chaleur pour un 11 mai, dont Maniwaki où il a fait 30,3 °C, selon MétéoMédia.
- Écoutez l'entrevue avec Patrick de Bellefeuille, présentateur météo chez MétéoMédia et expert en changements climatiques sur QUB radio :
Ça va arriver plus souvent
Avec le réchauffement de la planète, il faut d’ailleurs s’attendre à ce que ces canicules et périodes de fortes chaleurs deviennent de plus en plus fréquentes dans les prochaines années.
«Il va faire plus chaud plus tôt et plus tard, en plus de faire plus chaud l’été», affirme Philippe Gachon, chercheur et professeur au Département de géographie de l’Université du Québec à Montréal. «On a besoin de développer nos capacités d’adaptation face à des changements qu’on n’avait jamais vus dans le passé.»
Déjà, des villes comme Montréal et Laval ouvriront cette année leurs jeux d’eau plus tôt que prévu pour aider leurs citoyens à supporter la chaleur.
Plus d’actions
Mais il faudra voir au-delà de ces actions ponctuelles, ajoute Alain Bourque, président d’Ouranos, un consortium qui étudie l’adaptation aux changements climatiques.
«Le problème se situe surtout autour de l’aménagement et du cadre bâti», croit-il.
Comme plusieurs, il préconise le verdissement des quartiers, les toits d’immeuble blancs et la création d’îlots de fraîcheur pour mitiger les effets des canicules à la source.
Toutefois, il faut s’attendre à ce que ces changements prennent des décennies à être implantés.
D’autres villes croient que la solution passe par la climatisation mécanique des bâtiments.
« Sauf que si on utilise tous des climatiseurs, non seulement ça augmente les problèmes de changements climatiques, mais en plus ça réchauffe la ville», s’exclame Joanna Eyquem, directrice pour le Québec du Centre Intact d’adaptation au climat.
Dans tous les cas, elle rappelle l’importance de prendre soin les uns des autres pendant les chaleurs intenses, notamment en s’informant de l'état de santé de ses proches.
«Ce n’est pas seulement la ville qui doit protéger les citoyens, on a tous un rôle à jouer.», ajoute-t-elle.