Jean-Sébastien Girard et la proche aidance
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La définition de proche aidant est beaucoup plus large que celle qui nous vient d’abord à l’esprit. Toute personne qui prend soin d’un être cher en l’accompagnant dans diverses tâches porte aussi ce chapeau.
C’est le cas de Jean-Sébastien Girard, connu pour ses chroniques amusantes à «La soirée est (encore) jeune», qui vient de prendre fin après 10 ans sur ICI Première. Très proche de sa mère de 73 ans et vivant sur le même palier qu’elle, l’homme de 46 ans partage depuis longtemps de bons moments avec elle. Ils font aussi leur épicerie ensemble depuis le début de la pandémie et, parlant de la COVID-19, il l’a aidée à prendre ses rendez-vous pour la vaccination.
«La proche aidance commence comme ça et, souvent, les gens ne s’en rendent même pas compte», a dit Jean-Sébastien en entrevue avec l’Agence QMI.
Retraitée de l’enseignement, sa mère est autonome, conduit sa voiture et vit seule. Mais son fils est toujours là, qu’elle ait ou non besoin d'aide.
Plus de 1,5 million de Québécois, soit une personne sur quatre, sont des proches aidants avec une implication et une charge variant d’une maison à l’autre.
C’est quand on a approché Jean-Sébastien pour la narration du documentaire «Derrière la porte d'un proche aidant», produit par N12 productions, qu’il a réalisé être un soutien pour celle qui lui a donné la vie. «On a l’image du proche aidant qui fait manger et qui lave la personne aidée. Mais le spectre est beaucoup plus large. [...] Dans le documentaire, les cas que l’on voit c’est plus ce qu’on a en tête, justement. Ce sont plus des cas plus lourds.»
On présente ainsi des proches aidants surchargés, qui luttent pour obtenir des ressources – du répit notamment – et de la reconnaissance.
Maria Vilas, qui prend soin de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis des années, vit une montagne russe d’émotions, elle qui était amie avec sa mère. Elle aimerait que la société reconnaisse le rôle clé joué par les proches, l’hébergement en institution coûtant une fortune. On dit d’ailleurs que pour remplacer tous les proches aidants, le gouvernement devrait trouver 10 milliards $ par année...
On sent la charge de Mme Vilas, qui a fait des sacrifices au niveau professionnel et sentimental, et on ne peut faire autrement que de se projeter dans sa situation en se demandant ce qu’on ferait à sa place.
Dans le documentaire réalisé par Marie-Ève Potvin, on réalise qu’il faut tenir compte du souhait des malades et, aussi, ne pas oublier, pour les proches aidants, de respecter leurs limites avant de souffrir d’épuisement.
On voit aussi des gens issus d’autres cultures pour qui la question de la proche aidance ne se pose pas. On va même en Belgique pour voir comment les proches aidants et les soins à domicile s’articulent ailleurs.
Une société vieillissante
Francine Ducharme Ph.D., professeure honoraire et chercheuse associée à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal, dit que les soins à domicile doivent «absolument» être développés. Le Québec étant la troisième collectivité la plus âgée au monde, on comprend ce qui nous attend, avec tous les baby-boomers qui vont requérir des soins simultanément, dans un système déjà fragilisé et souffrant d’une pénurie de main-d’œuvre.
«Il va falloir amplifier nos actions, car je ne suis pas certaine que nos jeunes vont donner leur vie à leurs parents âgés à 100 %», laisse-t-elle tomber.
«Derrière la porte d’un proche aidant» est présenté ce samedi, à 22 h 30, sur ICI TÉLÉ.